À la Ferme de Moguel, les futures laitières apprennent tôt à vivre dehors. Dès les premiers jours, elles prennent le rythme du troupeau… sans jamais retourner en bâtiment jusqu’au vêlage, à 24 mois.
Première étape, sur cette ferme qui pratique le vêlage groupé : les veaux restent quelques jours avec leur mère, puis apprennent à boire au milk-bar dans une case collective. « On leur donne 600 litres de lait en trois mois et demi. Dès la fin mars, après un apprentissage du fil en bâtiment, les femelles sont dehors une bonne partie de la journée », décrit Aurélie Cheveau.
Peu à peu, les sorties s’allongent jusqu’à inclure la nuit. Le lait distribué en un repas par jour est apporté au tracteur ; l’herbe complète la ration. Le sevrage intervient mi-juillet, sur une herbe de qualité, pour limiter le stress et préserver l’immunité.
Zéro grattage, zéro parasitisme
Une règle d’or guide les éleveurs : ne pas faire ‘gratter’ les génisses pour éviter les parasites. « On les fait tourner sur des paddocks avec un retour toutes les huit semaines au minimum. L’an dernier, on n’a pas eu besoin de traiter », indique Madeg Join-Lambert. Résultat : des antiparasitaires utilisés au cas par cas uniquement. « Au maximum, une génisse est traitée par an. Les génisses changent de paddock tous les 3 à 7 jours, avec toujours un fil arrière ».
À partir de mi-avril, les génisses de 13-14 mois rejoignent les vaches laitières pour y être inséminées à 15 mois. « Elles apprennent à se déplacer sur les chemins, à entrer en salle de traite… Ce compagnonnage rend les premières traites plus faciles », observent les éleveurs. Elles bénéficient aussi de la bonne ration des laitières qui leur assure une très forte croissance. Mi-juillet, les génisses sont échographiées et sortent du troupeau des vaches.
Herbe toute l’année
Pendant toute la phase d’élevage, les génisses ne reçoivent ni foin, ni concentré. Elles valorisent les stocks sur pied dans les paddocks non accessibles. « La première distribution de foin n’intervient qu’à l’approche du vêlage, lorsqu’elles rejoignent les vaches taries sur des parcelles de bale grazing », précisent-ils. Leur bon état général, sans creux de croissance, tient selon eux à cette continuité alimentaire. « Même si l’herbe n’est pas toujours tendre, elle est constante et abondante. Et, entre les pluies, elles profitent de tous les rayons de soleil de l’hiver », note Aurélie Cheveau.
Civam 29 : 02 98 81 43 94
Repères : SAU : 85 ha en bio (100 % herbe) ; Stock foin 2025 : 266 rounds sur 19 ha (5 t/ha) ; 72 VL à la traite ; Monotraite – salle de traite fermée 3 mois ; Production actuelle : 15,8 à TB 44 et TP 33 ; Vêlage groupé en mars (90 %) ; 50 % du lait produit sur 3 mois ; 86 IA en 2025 par l’éleveur en 3 semaines (70 % de réussite en 1re IA en moyenne) ; Coût élevage génisses : 800 € ; Vêlage 24 mois.
Zone séchante
Maxime Daguin – Gaec Maxsopolo – Rannée (35)
Il fait sec. C’est la première année que je fais du stock sur pied. J’avais prévu de faire 8 ha en foin mais je vais plutôt le garder au cas où. Je commence déjà à taper dedans. L’herbe est un peu dure mais au moins, j’ai ce qu’il faut pour pâturer 1 mois s’il ne pleut pas assez. J’ai gardé 30 femelles et mes derniers chevreaux sont partis à l’abattoir : une vingtaine au total, par groupe de 5 à 8, de 2,5 à 3,5 mois. Je soutraite la découpe et je les vends en direct sur le marché (côtelette, saucisse, mergez, chorizo). Cela se vend bien et à un bon prix. Les clients en consommaient avant aiment bien en retrouver. Et le format saucisse fonctionne aussi pour les gens qui veulent découvrir.
Adage : 02 99 77 09 56
Zone séchante
Jean-François Bréhaut – Nostang (56)
Ce mois-ci, c’est le 4e tour de pâturage. Le lait est à 19 kg/j/VL (TP : 43 ; TB : 33 g/kg). Le 15 mai, j’ai fauché tous les paddocks sortants pour enlever les refus épiés et plantes invasives et salissantes (chardon, rumex) afin de préparer une belle repousse feuillue pour les prochains tours mais la pousse a ralenti, due à un vent séchant. J’ai complémenté 8 jours en foin en bâtiment après la traite et au champ avec des râteliers de foin et d’enrubannage et repris le 100 % herbe, l’objectif est de le rester jusqu’à mi-juillet. Je fais un pâturage au fil avant pour éviter le gaspillage. Parallèlement, ces dernières semaines, on a fait les foins sur 25 ha.
Civam AD 56 : 06 83 60 88 61
Zone intermédiaire
Coralie Gallais – Merléac (22)
Les vaches commencent le 4e tour de pâturage. Les 6 hectares de l’accessible fauchés en enrubannage le mois dernier vont réintégrer le tour, cela permettra d’allonger le temps de retour qui est de 37 jours en ce moment. La ration est de 100 % pâturage pour une production de lait de 17 L/VL/jour avec 41 de TB et 32,5 de TP. Nous avons eu 30-35 mm de pluie depuis mi-mai, il nous en faut d’autre ! Côté stocks, on est sereins pour faire face à un été séchant, mais on préfèrerait que les vaches soient au pâturage, c’est quand même plus simple côté travail. En cas de canicule, les vaches ne sortiront que la nuit.
Cédapa : 02 96 74 75 50
Faire des foins de qualité pour les chèvres
« Toutes mes parcelles peuvent servir au pâturage et à la fauche. J’essaie de faire au moins une fauche de début de lactation (avril) dans celles avec un peu de luzerne en mélange : environ 20 round-ballers. Et le reste du foin est stocké en vrac », explique Maxime Daguin, à Rannée (35). Les coupes sont à privilégier sur les parcelles non accessibles au troupeau. « Mes derniers foins remontent à 1 mois. J’essaie de faire une coupe au plus rapide (12 juin) pour avoir une autre coupe à faire début août. » Le fait d’avoir des animaux aux besoins différents lui permet de faire des choix techniques. « Dans mon cas, le moins bon va aux vaches allaitantes et le meilleur aux chèvres car elles sont très sensibles à la qualité du fourrage. L’idéal c’est un foin riche mais assez rugueux et assez dur pour la panse. Il y a des refus si le foin n’est pas de bonne qualité. Je leur laisse plusieurs jours devant le nez et elles finissent par le manger ! »