Dossier technique

Des truies choyées pour de beaux porcelets

SCEA Jean-Marc Chaussy, à Lennon (29) - Jean-Marc Chaussy est très attentionné avec son troupeau de truies. Tout au long de leur cycle elles sont allotées par rang de portée en fonction de leur gabarit et de leur état pour les alimenter au plus près de leurs besoins. Les résultats s’en ressentent, les pertes sur nés vivants ne sont que de 6,9 %.

Des porcelets - Illustration Des truies choyées pour de beaux porcelets
Le soin apporté aux truies se ressent sur les résultats techniques, avec très peu de mort-nés et 16,22 nés vivants. | © Paysan Breton – F. Paranthoën

Qui dit beaux cochons dit bon aliment. Jean-Marc Chaussy ajouterait à cette maxime « à bon aliment, belles cultures ». Sur son exploitation de 200 truies naisseur-engraisseur (génétique Topigs Norsvin), 111 ha sont dédiés aux cultures de maïs, de blé et d’orge. Cette dernière céréale sert à l’alimentation des truies. « Je sais comment ces céréales ont été conduites, je les récolte moi-même. C’est la base pour ne pas stocker de l’orge humide et pour se préserver de l’entrée de mycotoxines ». Les silos à céréales sont balayés et aspirés, puis désinfectés en préparation du stockage de la nouvelle récolte. Les silos d’aliment finis sont régulièrement balayés pour éviter la formation de mousse à l’intérieur. Pour finir, un coup de nettoyeur haute pression est passé une fois par jour dans la soupière.

Il faut avoir pour objectif des porcelets de 1,3 à 1,4 kg à leur naissance

L’éleveur de Lennon (29) et son salarié Rémy Trubuil sont aux petits soins avec l’ensemble des animaux de l’exploitation, peut-être encore un peu plus avec les truies. Ces dernières ne reçoivent plus dans leur ration de maïs inerté, « c’est trop risqué d’un point de vue qualitatif (mycotoxine) ». Dans la même veine et pour ne pas faire varier la qualité de l’eau d’abreuvement et de préparation de la soupe, le forage a été laissé de côté car beaucoup trop riche en fer et en manganèse ; l’eau du réseau a été préférée. Elle est analysée une fois par an au minimum. « On écarte ainsi des problèmes ».

Un allotement par caractéristiques communes

Le site dispose de 2 quarantaines qui accueillent 9 cochettes toutes les 6 semaines. Lors de cette première étape, les cartons placés autour de la truie à la mise bas pour le confort des porcelets nouvellement nés leur sont envoyés afin que ces nouvelles entrantes s’imprègnent du microbisme de l’élevage, afin de les immuniser. Après ce passage sur paille, elles rejoignent une autre salle sur caillebottis et sont toujours en liberté avec un réfectoire, pour s’habituer aux futures conditions de manutention durant leur vie à l’élevage. Douze semaines après leur arrivée, les chaleurs sont synchronisées (utilisation de Regumate) en verraterie. Les truies sont allotées avec des caractéristiques communes, « elles ont le même gabarit, des rangs de portées proches, ce qui diminue la compétition à l’auge ». En verraterie, la paille d’orge saine au sol est sélectionnée. « Si une truie a des soucis d’aplomb, elle peut si besoin rester un mois sur paille en liberté pour régler le problème ». L’été à la moisson, le Finistérien s’oblige à ramasser de la paille sèche. « En cas de doute sur sa qualité, je ne la ramasse pas ».

Des cochons sur paille
La paille est saine et de qualité.

Un flushing alimentaire est effectué au sevrage, jusque 3,2 kg d’aliment gestante selon le gabarit des truies, ce qui fait partie de la préparation à une bonne venue en chaleur (qualité et quantité des ovocytes). Le verrat commence à passer le vendredi pour stimuler les chaleurs des femelles. La période du samedi jusqu’au mercredi est choisie pour les jours d’insémination. Les truies sont inséminées seulement une fois par jour, le matin. Quand elle n’est pas en chaleur le jour J, « nous n’insistons pas, je préfère revenir le lendemain plutôt que de déranger le groupe en revenant l’après-midi ». En moyenne, 2,5 inséminations sont réalisées. Pour stimuler les femelles avant insémination, le verrat utilisé « est toujours acheté, nous n’utilisons plus de mâle issu de l’élevage ». L’éleveur fait attention à la marche en avant des animaux dans les locaux, « tout ce qui avance dans l’élevage ne revient pas en arrière ».

Au niveau luminosité, des leds orientables sont installées au mur « au niveau des yeux des truies. Ce sont des animaux saisonniers, pour compenser la baisse de luminosité au moment des jours les plus courts, il leur faut 16 heures de jour pour 8 heures de nuit, avec une intensité de cet éclairage comprise entre 250 et 300 lux », chiffre Wilfried Bouquet, responsable technique chez Porélia. Aussi, grâce aux barrières ajourées, « tout le monde se voit, animaux et personnes », le troupeau est plus calme.

9 courbes d’alimentation

Les gestantes sont nourries en se basant sur 9 courbes d’alimentation. Selon l’œil de l’éleveur et de son salarié, le troupeau est classé en 3 catégories (maigre, moyenne ou lourde) et par groupe de rangs de portées. De 8 kg d’aliment allaitante en maternité, la ration redescend à 3,2 kg de gestante pour le flushing au sevrage et à 2,5 kg au moment des inséminations. « Il faut viser un poids de l’animal entre 165 et 170 kg à l’insémination », conseille Lise Lacambra, technicienne en élevage porcin pour la coopérative Porélia. Le repas est distribué le matin, en deux distributions successives. « Nous apportons en premier 60 % de la ration. Les plus gloutonnes et/ou dominantes se calent, puis les 40 % restantes ont accès à l’auge plus facilement ».

Chaque case recueille 7 à 8 truies. « Entre J28 et J86 de gestation, la truie utilise l’alimentation pour ses besoins. Le dernier mois, elle le réserve à sa portée. Si la ration est trop faible à ce moment de la gestation, les porcelets ne seront pas homogènes. Il faut avoir pour objectif des porcelets de 1,3 à 1,4 kg à leur naissance ». Dans ce bâtiment gestante, le système de ventilation aspire l’air au ras du sol, « ce qui permet de l’assécher. Avant d’utiliser ce procédé, les sols étaient glissants, les animaux pouvaient avoir des problèmes d’aplomb », signale l’éleveur.

Avant le passage en maternité, les truies sont douchées, avec une application de Neopredinol au canon à mousse, le rinçage se fait à l’eau tiède. « C’est une bonne façon de se prémunir des bactéries comme les streptocoques, l’Escherichia coli et les staphylocoques qui sont transmises aux porcelets à la mise-bas. Les truies arrivent propres en maternité », juge Lise Lacambra. Toujours dans un souci de propreté, tous les intervenants de l’élevage portent des bottes à semelle lisse, « ce qui évite de faire rentrer des saletés ».

Une bonne prise de colostrum

Toutes ces précautions portent leur fruit dans la conduite globale de l’élevage, et se ressentent sur les résultats techniques : pour 16,22 nés vivants, seulement 6,9 % de pertes ; le taux de mort-nés n’est ici que de 0,97. Dès leur naissance, les porcelets peuvent se réchauffer avec les 2 lampes installées de part et d’autre de leur mère. Des tapis en caoutchouc lavés et désinfectés sont à disposition. La portée est laissée sous leur mère pendant 24 heures (temps de prise du colostrum) ; si cette portée est importante avec une vingtaine de porcelets, les plus gros sujets sont déposés dans des caisses pour laisser les plus petits prendre leur tétée de colostrum (tétées alternées). Certains de ces nouveau-nés sont, si besoin, élevés par des truies normalement destinées à la réforme pour des portées adoptives. Du côté de l’alimentation, le jour de la mise bas, les mères de rang 1 reçoivent 2,5 kg d’aliment péri-mise bas, 3 kg pour les rangs 2 et 3,5 kg pour les rangs 3. Les rangs 1 et 2 passent à l’aliment allaitant 4 jours après mise bas, les autres rangs 2 jours après les naissances. « Il faut bien gérer l’augmentation de ration et le niveau de protéines de l’aliment pour ne pas risquer une trop forte montée en lait et que les porcelets partent en diarrhée », conclut la technicienne.

Fanch Paranthoën

Repères : Conduite en 7 bandes; Sevrage à 28 jours ; 16,22 nés vifs en moyenne, 15,11 porcelets sevrés ; 36,06 porcelets sevrés/truie productive par an ; Rang de portée moyen : 3,7 ; 25 ha d’orge ; 46 ha de blé ; 42 ha de maïs ; 1 salarié.


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