Depuis novembre dernier, une partie des serres de la station de recherche du Caté de Saint-Pol-de-Léon (29) s’est parée d’outils qui à l’œil paraissent multicolores. Ces cellules photovoltaïques de la société Voltiris, basée en Suisse, ont été placées au-dessus d’une culture de tomate sous abri.
Chaque panneau reçoit un rayonnement concentré
L’installation est une première en France ; « une parabole réfléchit la lumière, elle suit de façon autonome la course du soleil. Mais cette parabole renvoie uniquement la longueur d’onde verte, qui n’est pas utilisée par les plantes lors de la photosynthèse », explique Glynis Bentoumi, ingénieure d’expérimentation sous abris pour le Caté. Au bout d’une perche intégrée dans cette parabole, un panneau solaire reçoit ce rayonnement concentré. « Un panneau installé équivaut à 4 panneaux en lumière directe ». Gros autre avantage de la technique, celui de ne pas mobiliser de foncier supplémentaire.

Laisser le soleil aux plantes
Ces panneaux laissent donc passer les autres longueurs d’onde qui composent la lumière, sans pénaliser le rendement des tomates en grappe en dessous. Aussi, le Caté va regarder le comportement des plantes, les éventuelles attaques de ravageurs. Des essais menés par des fabricants de Led ont montré que les insectes peinent à se déplacer quand la lumière est pauvre en ultraviolet ; à l’inverse la longueur d’onde jaune-verte est importante pour que les aleurodes puissent détecter le plant de tomate. Est-ce que le fait de diminuer une partie de ces ondes vertes, en la concentrant sur les panneaux, influerait sur le comportement de ces petites mouches blanches ? Les premiers travaux conduits en Suisse « n’ont rien constaté sur ce sujet. Cette entreprise de 2022 n’en est qu’au stade recherche et développement ». La serre saint-politaine où se situe l’essai est à moitié couverte de ces panneaux. « Selon les résultats, le procédé pourra être déployé chez des producteurs », conclut l’ingénieure.
Fanch Paranthoën
Deux années d’essai
La station va observer la production d’électricité de ces panneaux durant 2 ans, et l’éventuelle autonomie énergétique pour la structure qui pourrait en découler. En été, la production non-consommée pourrait être revendue.