17470.hr - Illustration ‘‘Bien vivre de notre passion à un endroit qui nous plait !’’
Tous deux ex-salariés, Philippe et Emilien élèvent des Bretonnes Pie Noir, transforment leur lait et gardent cette valeur ajoutée sur le territoire en vendant tout localement. « Mis à part l’astreinte d’un weekend sur deux, on n’a pas l’impression de travailler plus qu’avant !».

‘‘Bien vivre de notre passion à un endroit qui nous plait !’’

Être agriculteurs indépendants et le vivre sans plus de pression qu’un salarié : c’est la voie choisie par Émilien Mondher et Philippe Marchand. Ils ont su unir compétences et savoir-faire pour démarrer un petit élevage laitier bio aux portes de Rennes avec transformation intégrale de la production.

« On fonctionne sur le principe d’une ferme collective : chacun est libre de venir ou de partir dans la mesure où personne n’y est pieds et poings liés financièrement parlant ! Sans la pression de l’endettement, Philippe comme moi, avons pu garder « l’esprit salarié » : celui qui fait ses horaires, prend ses congés et peut quitter l’entreprise quand il le souhaite ».

Rassurez-vous, vous n’êtes pas dans « Oui-Oui découvre la ferme du bonheur » mais bien à l’élevage laitier et fromager du Gros Chêne à Betton. Depuis mars 2020, Philippe Marchand et Émilien Mondher y transforment en tommes et autres yaourts quelque 55 000 litres de lait produits par leurs Bretonnes Pie Noir. Une histoire qui montre qu’avec de l’envie, du savoir-faire et en prenant soin de cocher les bonnes cases, un petit élevage laitier basé sur une forte valorisation de la production peut très bien tirer son épingle du jeu.

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Gwell et tommes fromagères font partie de la gamme maison, présentés ici par Émilien Mondher et Yoann Le Strat, journalier qui s’installera bientôt en Bretonne Pie Noir à Planguenoual.

Conjonction

Tous deux fils d’agriculteurs, Émilien, 32 ans, et Philippe de vingt ans son aîné, ont travaillé respectivement en conseil juridique sur la transmission de ferme (Cogedis) et comme marchand de bêtes (groupe Innoval). Tous deux ont également suivi des études agricoles, couvant chacun de son côté un projet d’installation : Philippe en élevage laitier, Émilien en transformation. 

« On se croisait de temps en temps dans le cadre professionnel, se souvient Émilien. Moi, je parlais ouvertement de mon projet à qui voulait l’entendre. C’est venu aux oreilles de Philippe… Lui, s’orientant vers un élevage en allaitante, s’intéressait déjà à une ferme aux portes de Rennes dont il avait négocié le troupeau ». Ferme idéale pour y installer le projet issu de leur rencontre. Philippe et Émilien fusionnent leur idée d’installation : l’un produira du lait, l’autre le transformera. Ils rendent visite à l’exploitante (qui a abandonné l’élevage laitier) et lui proposent de louer ses bâtiments ainsi que la moitié des terres. Elle accepte et devient associée non-exploitante au sein de leur SCEA.

Coordination et communication

Dès lors tout s’enchaîne : « On a annoncé notre départ à nos employeurs et quitté notre poste le même jour ! Quelques mois au chômage nous ont permis de constituer le troupeau et d’aménager le laboratoire, des bureaux… ». Dans le même temps, Émilien suit sa formation fromagère.

Fin d’hiver 2020, les premiers vêlages commencent à peine quand survient le confinement : « Il n’est pas tombé si mal. Les gens ont eu tout le temps pour nous découvrir. Quelques flyers dans les boîtes aux lettres, un peu de bouche-à-oreille et un site Internet adapté… avec 400 000 habitants à notre porte, la communication a fait mouche. La plupart des clients sont venus rapidement vers nous, y compris restaurants, Amap ou fromageries… ». Et l’impact de la crise du bio ? « Le bio n’est pas notre premier argument commercial. On est d’abord identifiés comme producteurs locaux en races locales et on vend toujours l’intégralité de la production ».

Pierre-Yves Jouyaux

Copier-coller Bretonne Pie Noir

Passionné de races locales, Philippe Marchand s’intéresse d’entrée à la Bretonne Pie Noir, race parfaitement adaptée à leur système 100 % herbager.

« C’est une vache rustique avec une bonne fécondité, peu de problèmes de pattes ou de mammites… et puis je la trouve très belle ! ». Tellement belle que Philippe est aujourd’hui co-président de l’Union Bretonne Pie Noir.

Préparant leur installation, les deux hommes ont visité d’autres fermes de ce réseau et calé leur modèle sur ce qu’ils y ont vu bien fonctionner : « Tant sur la manière de conduire le troupeau que de concevoir notre laboratoire ».

Côté main-d’œuvre, ils préfèrent ne pas tout faire seuls : « Les semis sont confiés à une ETA et du matériel est loué à la Cuma de Betton. Par ailleurs, on accueille régulièrement un apprenti en CAP fromager et parfois un journalier. L’idée étant d’être, la plupart du temps, à trois sur l’exploitation ».

Et Émilien de conclure : « On est fiers de la cohérence de notre système comme de l’autonomie qu’on a pu apporter à l’entreprise ».


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