La race et le niveau de production sont les deux critères qui influencent le plus les performances en reproduction des troupeaux laitiers.
Critère le plus important à regarder quand on parle de reproduction, l’IVV (intervalle vêlage-vêlage) est de 406 jours en moyenne sur les troupeaux pris en compte dans l’analyse des bilans reproduction par BCEL Ouest (Bretagne Conseil Elevage), soit près de 3 000 élevages sur la dernière campagne (2017/18). Des différences existent selon les races, avec des élevages affichant un IVV de 391 jours en Montbéliarde et de 398 jours en Normande contre 406 jours en Prim’Holstein. « Avoir un veau par vache et par an n’est pas un objectif, toutefois réduire l’IVV en s’orientant vers 390 jours peut permettre de gagner entre 3 et 4 €/j/VL », fait observer Yannick Saillard, vétérinaire conseil BCEL Ouest.
Sélection plus marquée sur la reproduction
Après une dégradation jusqu’en 2012, l’IVV s’améliore en Prim’Holstein, alors que sur les 5 dernières années, il stagne en Normande et Montbéliarde. « Ce progrès est tout particulièrement dû à la sélection génétique. Les éleveurs ont clairement sélectionné en faveur de la reproduction ces dernières années, peut-être un peu moins sur la production qui est un critère antagoniste. La vache de demain est celle qui fait de la production, maigrit peu en début de lactation et affiche de bonnes performances en reproduction. »
S’agissant de l’intervalle vêlage-IA fécondante (IV-IAF), la moyenne s’établit à 123 jours (103 en Montbéliarde, 111 en Normande et 124 en Prim’Holstein, soit un cycle d’écart avec la Montbéliarde). La réussite en 1re IA est de 47,7 %, avec 12 points d’écart entre la Montbéliarde (59 %) et la Prim’Holstein (47 %) et 55 % en Normande. Ce critère est toutefois en hausse sur les trois races sur 5 ans.
Autre critère de poids jouant sur la reproduction : le niveau de production des vaches. « Quelle que soit la race, plus il est élevé, moins la performance est bonne en reproduction : l’IVV grandit de 4-5 jours entre des troupeaux inférieurs à 9 000 kg et des troupeaux supérieurs à 10 000 kg. Le pourcentage de réussite en 1re IA descend de 9 points entre les moins de 7 500 kg et les plus de 10 000 kg. »
Plus de réussite en génisse
Sans surprise, les génisses affichent de meilleurs résultats que leurs aînées. Là encore, la Montbéliarde est en tête pour la réussite en 1re IA avec 66 % contre 63 % en Normande et 62 % en Prim’Holstein. « Cette dernière race a un peu baissé sur ce critère en 5 ans, ce qui est lié notamment à l’utilisation plus importante de semence sexée. » Et la Prim’Holstein est par ailleurs plus en avance sur l’âge de mise à la reproduction : à 18 mois contre 20,5 pour les deux autres races. « Un mois d’âge au vêlage en moins représente à l’arrivée une économie de 40 €/génisse et une meilleure production par jour de vie ensuite », souligne Yannick Saillard.
La fécondité avant la fertilité
Comment réagir ?
Plusieurs « rendez-vous repères » sont à connaître pour ne pas trop tarder pour la mise à la reproduction. « L’éleveur peut commencer à s’alerter quand une vache n’a pas été vue en chaleur à partir de 50 jours après vêlage en Prim’Holstein. A partir de 80 – 90 jours, si aucune IA n’a été réalisée, on peut demander un diagnostic ovarien. La vache peut être en anoestrus, avoir des problèmes de cyclicité, des chaleurs très peu marquées… C’est important de comprendre ce qui se passe. » Autre repère : on peut tabler sur un IV-IAF de 110 – 120 jours. Pour aider les éleveurs, Innoval (partenariat entre BCEL Ouest, Evolution et GDS Bretagne) va proposer prochainement une nouvelle version des bilans reproduction où les chiffres de l’élevage seront analysés en détail avec des repères visuels.