Evelyne Le Normand, agricultrice, René Louail, représentant du monde associatif et Xavier Hamon, cuisinier (Slow food), lors d'un débat « Fermes d'avenir » la semaine dernière à Questembert. - Illustration Construire du lien entre la société et les agriculteurs
Evelyne Le Normand, agricultrice, René Louail, représentant du monde associatif et Xavier Hamon, cuisinier (Slow food), lors d'un débat « Fermes d'avenir » la semaine dernière à Questembert.

Construire du lien entre la société et les agriculteurs

Une production agricole de qualité, soutenue par des aides Pac réorientées. C’est le souhait des intervenants à un débat organisé à Questembert, lors du Tour de France des fermes d’avenir.

Maraîchère, Évelyne Le Normand (co)gère le magasin Halle Terre Native de Questembert, où une trentaine de producteurs bio livrent leurs produits. « Nous avons une clientèle qui, de plus en plus, cherche à s’informer sur ce qu’ils con- somment. Le budget qu’ils allouent à l’alimentation augmente », assure-t-elle. Xavier Hamon, cuisinier et membre du mouvement Slow food, veut promouvoir une alimentation de qualité. « Nous voulons créer, à Quimper, un lieu d’accueil où les 20 % de consommateurs convaincus de la nécessité de manger des bons produits pourraient échanger avec les 80 % qui accordent peu d’importance à ce qu’ils consomment ».

Le cuisinier invite ses collègues à s’intéresser à l’agriculture biologique. « Les agriculteurs vertueux sont trop souvent en situation de précarité. Nous devons les aider en prenant notre part de responsabilité ». La restauration collective doit s’investir, selon lui. « Une augmentation significative de la demande de produits bio permettrait de rouvrir l’abattoir de proximité de Pont-Croix (29). Ce genre d’outil a un impact fort sur le type d’agriculture d’un territoire ».

Services non marchands

Pour René Louail, de la Confédération paysanne, le fossé se creuse entre la société et les agriculteurs. « Chaque citoyen verse 140 € pour la politique agricole commune. Il doit avoir un droit de regard sur l’utilisation de cet argent. Une partie des aides sont toxiques ; elles contribuent à l’agrandissement des fermes et à l’augmentation des inégalités dans le monde agricole ». Pour le syndicaliste, une partie du budget devrait être orientée vers la consommation collective « un soutien à une alimentation saine et de qualité », vers les services non marchands rendus par l’agriculture « préservation de la biodiversité, lutte contre le réchauffement climatique ».

Plus ambitieux, il préconise de prélever 10 % des aides attribuées à l’armement au niveau mondial pour les consacrer à l’alimentation. « Il faudra nourrir 10 milliards d’habitants dans un monde où la température aura augmenté de 3°C, avec un accueil de migrants inévitable ». Dans l’immédiat, il préconise, à l’échelle des territoires, une multiplication des échanges entre une population agricole qui se réduit (3,5 % de la population active) et les consommateurs contribuables. Des citoyens qu’il voudrait allier dans la lutte pour la préservation d’une agriculture respectueuse de l’environnement. 


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