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Ils tentent de limiter la souffrance dans le milieu agricole

Difficulté économique, problème de santé, isolement. L’agriculteur, plus que d’autres, peut rapidement se trouver en rupture avec son environnement. Des structures de soutien existent pour endiguer la souffrance.

Dans les dernières études publiées sur le suicide en France, la Bretagne ressort en tête du classement avec des chiffres supérieurs à la moyenne nationale. En milieu rural, la souffrance se fait ressentir davantage encore : zones déficitaires en médecine générale, isolement social… La prévention du suicide, qui fait partie des priorités du Programme régional de santé (PRS), reste un domaine complexe à aborder pour les partenaires, les bénévoles et les professionnels. Des structures ou des personnes référentes s’activent sur le terrain, dans le milieu agricole, pour prendre en charge la souffrance.

Problèmes économiques en augmentation

Claude Le Goff, conciliateur à la Chambre d’agriculture du Morbihan, intervient dans les situations économiques dégradées. « Je vois désormais 120 nouveaux cas, chaque année, sur le département. Des petites exploitations individuelles aux grosses structures avec plusieurs associés ». Si le conciliateur travaille les aspects économiques avec les partenaires (banques, fournisseurs, coopératives, MSA…) dans le cadre de procédures administratives ou judiciaires, il fait appel, dans certains cas, aux travailleurs sociaux pour un accompagnement de la personne. « L’objectif premier est d’aider l’exploitant à prendre une décision qui lui soit la plus favorable possible au niveau humain et professionnel ». Dans 15 à 20 % des cas, la conciliation débouche sur une cessation d’activité. « En 20 ans, il y a eu une évolution à ce niveau. La réaction est moins vive quand on évoque un arrêt et une vente de la ferme. Les agriculteurs ont compris qu’ils ne sont pas obligés de faire le même métier toute leur vie ». Un sentiment partagé par Patrick Guillerme, éleveur à Theix et bénévole à l’association Solidarité Paysans. « Une réorientation est plus facile à envisager pour les jeunes. Ils sont moins attachés au patrimoine, peuvent reprendre une formation, sont épaulés par leur conjoint. Mais ce n’est pas une généralité. Le souhait est généralement de rester agriculteur. Nous encourageons les procédures judiciaires (Redressement judiciaire ou règlement amiable) qui autorisent des périodes de redressement plus longues et qui redonnent souvent des perspectives ».

Une session « continuer ou se reconvertir ? »

Une session de trois jours sur le thème : « continuer ou se reconvertir ? », coorganisée par la MSA des Portes de Bretagne et la Chambre d’agriculture, permet aux agriculteurs de réfléchir à leur avenir. « Les participants, 12 à 15 par session, ne sont pas tous en difficulté financière. Certains se posent des questions face à des investissements de mise aux normes, à des dommages subis sur leur exploitation. D’autres ont des problèmes de santé, se sont séparés de leur conjoint ou veulent quitter une société (Gaec, EARL) », explique Claudette Auffret, de la MSA. Les participants restent trois jours sur les lieux de la session, sans rentrer chez eux, pour favoriser les échanges et créer une dynamique. Les frais de session et de remplacement sur la ferme sont pris en charge par des fonds de formation. La session est animée par deux travailleurs sociaux et un conseiller de la Chambre. Parmi les intervenants extérieurs, des agriculteurs ayant participé à des stages précédents ou reconvertis témoignent de leur expérience, en soirée. Ils ont réussi à surmonter leurs difficultés. Bernard Laurent

L’avis de Nathalie Petit, Élue à Moustoir-Ac

Lors de la fermeture de l’usine Doux à Locminé, nous nous sommes demandé ce que la mairie pouvait faire pour les 25 salariés licenciés, dont deux couples, qui résident sur la commune. Nous les avons, très rapidement, invités à une réunion. Ils sont tous venus. En parallèle de la cellule de reclassement (qui avait été mise en place pour tous les salariés de l’entreprise), nous avons mis en place un dispositif : une réunion tous les lundis avec les 25 licenciés. Si l’un d’entre eux était absent, ou donnait des signes d’inquiétude, nous l’appelions au téléphone ou allions le visiter dans la semaine. Le message était le suivant : vous comptez pour nous ! 20 d’entre eux ont retrouvé un emploi ; 5 ont bénéficié d’une décharge de recherche de travail en raison de leur âge. Tous nous ont dit qu’ils s’étaient sentis soutenus. C’est très important qu’ils conservent « l’estime de soi ». L’accompagnement de la commune était un des moyens de prévention de la dépression et du suicide.


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