semis-sous-couvert - Illustration Le semis direct favorise la biodiversité

Le semis direct favorise la biodiversité

L’absence de labour contribue à la préservation de la biodiversité sur et dans le sol. C’est ce qu’assurent les tenants du semis direct sous couvert.

« Il est désormais possible de passer, sans transition, du labour au semis direct, compte tenu des connaissances et de l’expérience acquises ces dernières années ». Les propos d’Erwan Caradec, éleveur laitier à Douarnenez (29), sur une exploitation de 160 hectares de SAU, ont suscité quelques réserves, lors de l’assemblée générale de Sols d’Armorique, de la part de ses collègues, tenants, comme lui, d’une agriculture soucieuse de la préservation des sols et de la biodiversité. Certains considèrent qu’il faut quelques années, le temps de maîtriser la technique de semis sous couverts.

Qu’importe. Tous ces passionnés d’agronomie se rejoignaient sur l’intérêt pour les agriculteurs de s’engager dans cette voie. Intérêt économique à l’échelle de la ferme (baisse des charges opérationnelles et de structure, gain de temps) mais aussi intérêt sociétal car la technique limite, selon eux, la pollution et l’érosion des sols. Comme ses collègues présents dans la salle, Erwan Caradec a essuyé quelques plâtres. Il lui a fallu quelques années et bien des tâtonnements avant de maîtriser le procédé.

Strip-till

« J’ai progressivement abandonné le labour après 1998, ne constatant aucune différence de rendement entre les parcelles labourées et celles conduites en technique simplifiée. En 2004, j’ai acheté un semoir Rapid de Väderstad pour les semis de blé et de maïs en double rang. En 2010, je suis passé en semis direct sous couvert ». Aujourd’hui, les 60 hectares de maïs sont semés selon la technique du Strip-till. La bande travaillée l’est sur 10 cm de largeur et 8 cm de profondeur. « La ligne de semis se réchauffe plus vite (gain de 2°C en 24 heures) ; la levée est plus rapide ». Le semoir est un JD Max Emerge monograine. Les effluents sont préalablement épandus en février-mars. Sans enfouissement. La perte d’azote, liée à la volatilisation, est acceptée.

Méteil dans une luzernière de 9 ans

L’éleveur implante 35 hectares de 3 différents types de méteil. Le premier, dans une luzernière qui entame sa neuvième année. « Le méteil est semé en automne, tous les ans, et évite le salissement hivernal de la luzerne. Il est fauché vers le 15 mai. Cette fauche rapporte 8 à 9 tonnes de MS à 16-18 % de matière azotée totale (MAT). Elle est suivie de 3 fauches de luzerne, à 9-10 tonnes de MS au total (20 % de MAT sur les 2 premières et 28 % sur la troisième) ». Le second type de méteil, riche en féverole, est suivi d’une culture de maïs. Le 3e type est implanté avant une culture de haricots.

Ce méteil, plus riche en céréales, est récolté en juin à l’état pâteux des grains. Il contient, en moyenne, 14 à 16 % de MAT pour 15 à 16 tonnes de MS. Entre deux maïs – récoltes en ensilage plante entière, épis et grain – l’éleveur implante une féverole. Ces fourrages permettent d’augmenter l’autonomie en protéines de l’élevage laitier. Depuis 3 ans, il réalise un essai de rotation avec 3 récoltes sur une année glissante : un ensilage d’herbe à l’automne, suivie d’un méteil (semis direct après traitement au glyphosate, dosé pour préserver le trèfle), suivi d’un maïs (traitement préalable à 0,5 litre /ha de glyphosate- seul traitement de la culture de maïs) puis d’une céréale.

5,4 % de matière organique dans le sol

Depuis 15 ans, le taux de matière organique dans les parcelles de la ferme a progressé de 2 à 3 points pour atteindre 5,4 %. « Ces 5 dernières années, l’augmentation est d’1,2 point. Le paramètre le plus spectaculaire, c’est la portance des sols ». Avec la Chambre d’agriculture, l’éleveur a procédé à un comptage de la vie dans le sol. Dans la luzernière, 400 vers de terre ont été dénombrés au m2. Sur un hectare, cela correspond au poids de 6 à 8 UGB. Dans des parcelles labourées du même secteur géographique, le nombre est de 40, soit 10 fois moins. Aucun anti-limaces n’est utilisé sur les cultures (hormis sur certaines variétés de maïs, ponctuellement). La couverture permanente des sols bénéficie, en outre, à la biodiversité au-dessus du sol (insectes, pollinisateurs, gibiers, oiseaux…) et limite l’érosion. De quoi réconcilier économie et environnement…

40 agriculteurs sèment en direct dans du trèfle blanc

Le couvert végétal est le point clé du système de semis direct. Il a évolué ces dernières années. Du couvert avant maïs, on est passé au couvert entre 2 céréales, on y a inclus des légumineuses et, désormais, le couvert peut être permanent, avec du trèfle blanc ou de la luzerne. Une quarantaine d’agriculteurs du Finistère sèment désormais directement sous couvert permanent. Le trèfle blanc pousse à la chaleur et en pleine lumière. Il végète sous la culture et reprend après récolte en inter-culture. Il ne gêne en rien les récoltes. Ces couverts permettent une explosion de l’activité biologique des sols. À titre d’exemple, le nombre de carabes (prédateurs des limaces) est multiplié par cinq, et surtout, on dénombre beaucoup plus d’espèces différentes que dans les sols classiquement cultivés. Jean-Philippe Turlin, Chambre d’agriculture


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article