td_croisement_piel-4 - Illustration [Stratégie] Le croisement en viande bovine, indispensable

[Stratégie] Le croisement en viande bovine, indispensable

Pour Laëtitia et Patrick Piel, du Gaec des Marguerites au Val d’Izé (35), les croisés Blanc Bleu sont précieux. Ils font partie intégrante de la stratégie de sélection.

« Cela fait environ 15 ans que nous pratiquons le croisement industriel sur les souches qui ne nous intéressent pas. Comme tout le monde, nous avons essayé le Charolais mais les vêlages étaient difficiles, le Limousin dont les croisés étaient mal valorisés… », racontent Laëtitia et Patrice Piel, installés à Val-d’Izé (35). Puis, dès que de la semence de race Blanc Bleu a été disponible, « nous avons essayé et cela a été le déclic… »

[caption id=”attachment_22954″ align=”aligncenter” width=”800″]Quand un veau ne boit pas assez, ou un problème de pattes comme celui-ci, il est complémenté au biberon. Quand un veau ne boit pas assez, ou un problème de pattes comme celui-ci, il est complémenté au biberon.[/caption]

Seulement 20 % de femelles en Prim’Holstein

À l’époque, au Gaec, le croisement est assez confidentiel, réservé à la queue de troupeau. « Pendant 3 ans, nous avons eu un gros problème de sexe-ratio : nous n’obtenions que 20 % de femelles en Prim’Holstein. Nous étions obligés d’acheter des génisses car nous avions du tri à faire dans le troupeau pour des problèmes de pattes ou de cellules… » Sans oublier que le couple s’est installé sur ce site en reprenant un cheptel à 45 % constitué de Monbéliardes. « Comme nous ne voulions pas de troupeau mixte, il fallait aussi remplacer ces animaux-là. »

Le bout du tunnel a été entrevu grâce à la semence sexée. « Depuis 4 ans, nous en utilisons sur toutes les génisses, et les résultats sont bons. Mais aussi sur une dizaine de bonnes vaches : même si le taux de réussite à l’IA première de 40 % n’est pas satisfaisant, au moins, à l’arrivée nous obtenons des femelles. » Au total, environ 70 génisses Prim’Holstein naissent par an pour un troupeau de 120 laitières.

Surtout, cette assurance sur le renouvellement a donné de la place au croisement industriel. « Nous posons de la semence Blanc Bleu sur toutes les Montbéliardes pures ou croisées et sur les vaches mal conformées, aux membres trop fragiles… » Désormais, plus de 90 mises bas par an concernent des veaux croisés.

Taureau choisi en fonction de l’âge de la vache

Au Gaec, la stratégie est bien rodée pour choisir les taureaux dans le catalogue Gènes Diffusion : Opalin, remarquable pour sa facilité de naissance, sur les primipares ; Adelin, dont les veaux sont un peu plus conformés sur les vaches en 2e veau ; Ours et Manitou (un taureau confirmé) qui donnent des croisés très conformés sur les plus âgées. « Aujourd’hui, les vêlages difficiles, où il faut intervenir, sont rares. Les nouveaux-nés croisés Blanc Bleu ont l’avantage d’avoir les os plus souples par rapport aux Prim’Holstein ou Charolais dont les gros spécimens sont durs à sortir. En plus, ce sont des animaux agréables à élever, robustes et faciles à faire boire. »

Pas moins de trois semaines d’élevage

« Ensuite, pour obtenir un bon Bleu, il faut compter trois semaines, pas moins. Surtout si le père choisi présentait beaucoup de facilité de naissance, le veau n’est pas développé au départ. » Au début, Laëtitia et Patrice Piel ont élevé leurs petits croisés au seau. « Mais finalement, nous avons opté pour les vaches nourrices. Cela simplifie beaucoup le travail car il arrive que nous ayons 15 croisés au même moment. Ensuite, élevés au champ ou en case collective, les croisés peuvent bouger : cet exercice favorise leur développement. »

[caption id=”attachment_22953″ align=”aligncenter” width=”800″]Au Gaec des Marguerites, à la belle saison, les veaux croisés sont élevés dehors sous des vaches nourrices. Au Gaec des Marguerites, à la belle saison, les veaux croisés sont élevés dehors sous des vaches nourrices.[/caption]

Les nourrices sont des animaux à problèmes de locomotion ou de cellules, des vaches vides proches de la réforme… « Quand je n’en ai pas à disposition, je choisis des fins de lactation à 3 semaines du tarissement : quand le veau part, l’animal est tari. » Certaines adoptent facilement, d’autres n’acceptent qu’un seul veau. Les petits, eux, « goulus de nature », n’ont aucun mal à s’adapter. « Parfois, il faut compléter au biberon si on constate qu’un croisé ne boit pas assez. » Cette phase d’élevage est cruciale. « En une vingtaine de jours, c’est impressionnant comme ces veaux se développent. Mais attention, entre un croisé nourri au seau qui serait vendu à 15 jours et un autre bien éclaté musculairement à 3 semaines, à l’arrivée il y a 100 € de différence », insiste l’éleveur.

En 2015, au Gaec des Marguerites, « femelles et mâles, croisés ou Prim’Holstein confondus », les veaux se sont vendus à une moyenne de 333 €.  Et l’agricultrice, lucide, d’enfoncer le clou : « Actuellement, ce n’est ni le lait, ni les céréales qui paient les annuités… Ce sont les veaux croisés. »

Jusqu’à 450€ le mâle

Fin septembre, le Gaec vendait ses croisés de trois semaines 320 € la femelle et de 400 à 450 € le mâle. « En une semaine, ces veaux ont perdu 50 €. Début octobre, c’est 280 € la femelle et 380 € le mâle. À comparer aux 80 € actuels pour un Prim’Holstein bien conformé… » Mais l’opération reste intéressante alors que la mise en place, dose comprise, est facturée 30 €.


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