Lait : Croiser c’est gagner

Une étude réalisée à partir des bases de données nationales confirme l’intérêt du croisement en vaches laitières. L’hétérosis apporte des gains de performances en toutes conditions. Le métissage a de l’avenir. Plus robustes, plus productives, plus fertiles, les vaches issues de croisement de races ont un plus indéniable qui se traduit par un meilleur revenu pour l’éleveur. Pas seulement en système herbager. Charlotte Dezetter a réalisé une thèse sur ce thème au sein d’Oniris, présentée au Space. Elle a exploité les données de plus d’un millier de troupeaux au contrôle laitier ayant quelques croisées Holstein x montbéliardes. Le croisement, dans des troupeaux à 8 000 litres de moyenne, avec des performances de santé et de reproduction correctes, représente un gain de 3-4 % de marge brute. « Les croisées ont un même niveau de production que les Holstein pures, de meilleurs taux et une meilleure valorisation bouchère. Leurs charges de santé-reproduction sont moindres ». Dans les troupeaux à 9 000 litres, la marge brute dégagée par les croisées n’augmente que de 1 %. « La production des croisées est, dans ce cas, un peu moindre, mais, au final, la marge est quand même légèrement supérieure ». C’est surtout dans les troupeaux où les performances de santé sont faibles que le gain du croisement est le plus important. 4 à 5 % de marge brute en plus. « Dans ces troupeaux, à 8 500 litres de moyenne, les croisées sont plus rentables grâce à leurs performances de santé-reproduction, malgré une production légèrement inférieure aux Holstein pures ». Le gain, lié à l’hétérosis, semble croître avec les années. « Il est compris entre 20 € et 90 € par vache et par an, selon les scénarios ». Trois voies L’effet d’hétérosis est maximal en première génération mais chute en seconde génération si on revient sur l’une des deux races parentales. Il est donc intéressant d’entretenir cet hétérosis en utilisant une troisième race. C’est ce qu’Hervé Léal réalise depuis 2009, sur son troupeau de 70 vaches à Saint-Divy (29). Sur la moitié des animaux, au démarrage. Les Holstein du départ ont été croisées avec des Rouges suédoises puis avec des Montbéliardes en seconde génération. Chez lui, le système est herbager ; la production par vache est de 5 800 litres par an, avec un coût alimentaire de 40 €/ 1 000 litres. Dans ce système extensif, les résultats du croisement sont les mêmes que dans les troupeaux plus productifs. « Je suis satisfait du croisement à trois voies. Les performances des croisées sont meilleures, notamment en cellules. Les vêlages sont plus faciles ; les vaches sont plus dynamiques. En plus, j’ai l’impression de me réapproprier la sélection du troupeau, ce qui n’était plus vraiment le cas en pure race, avec la génomique ». 10 % de croisées aux USA L’éleveur fait partie d’un groupe de 27 éleveurs herbagers, bios et conventionnels, qui pratiquent le croisement à 3 voies. Beaucoup utilisent la Holstein avec la Rouge suédoise et la Jersiaise pour avoir une petite vache gourmande au pâturage, championne de la matière utile. D’autres privilégient les grandes vaches robustes et productives avec un croisement Holstein x Montbéliarde x Rouge suédoise. La Normande et la Brune trouvent leur place dans ce schéma, dans bien des cas. Tous ces troupeaux bénéficient d’un effet d’hétérosis élevé à chaque génération. En Nouvelle-Zélande, le croisement est pratiqué sur 46 % des animaux, aux USA sur 10 % et aux Pays-Bas sur 12 %. Ces trois pays ont un système d’indexation des animaux croisés.

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