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La désherbeuse urbaine écologique séduit

Inventée et brevetée à Ploemeur (56), la Stabnet désherbe et nivelle les terrains stabilisés, les voies vertes ou les cimetières. Son efficacité séduit de plus en plus de collectivités à l’heure du zéro pesticides.

Présentée au dernier salon de l’Agriculture à Paris, la désherbeuse écologique semble promise à un bel avenir. L’invention de Pierre Avril, directeur d’une entreprise de matériel « espaces verts » à Ploemeur, à déjà fait ses preuves dans de nombreuses villes de France, en attendant de passer les frontières. « Tout est parti d’une demande de la ville de Quimper, il y a quelques années », explique le concepteur. « Les 17 terrains de foot stabilisés souffraient d’un mauvais entretien. Ils m’ont fixé un cahier des charges. La machine qu’ils souhaitaient devait, dans l’idéal, désherber, herser, niveler, rouler, et andainer les herbes arrachées ». Il a fallu 1 an et demi à l’entreprise morbihannaise pour mettre au point l’outil rêvé, de 1,60 mètre de largeur, capable de travailler une profondeur de 4 à 80 mm.

Elle y a ajouté quelques options. « Elle peut travailler en position inclinée. Elle est conçue pour redresser les chemins et elle peut ramasser les feuilles mortes. Elle fonctionne en marche avant et aussi en marche arrière ». Le tout, sans prise de force. Insuffisant pour la ville de Concarneau qui, au vu des performances sur terrains ou chemins stabilisés, a souhaité l’utiliser dans les allées étroites des cimetières. « L’engin était trop large », s’amuse Pierre Avril. « La ville a voté, en 2010, un budget  recherche et développement pour concevoir un modèle plus petit à mettre devant un porte outil ». La machine initiale s’est transformée, en quelques mois de recherche, en un nouveau modèle : moins large, de forme différente et doté de pare-chocs sur les côtés pour ne pas endommager les pierres tombales. Elle a gardé son efficacité.

Taillée pour l’export

« Actuellement, nous traitons un terrain de foot en une heure et demie, avec une personne. Il fallait l’équivalent d’un jour et demi auparavant pour un même résultat ». Le Conseil général des Côtes d’Armor s’est laissé séduire par la Stabnet pour entretenir la voie verte de Saint-Méen le Grand à Carhaix. « Les pièces d’usure de la machine coûtent 18 €/kilomètre et par an. La chimie leur coûtait 120 €/km/an auparavant ». Pour quel investissement ? « De 3 900 €, pour la plus petite des machines à 14 000 € pour la plus large ». La petite invention qui s’est fait connaître via des revues spécialisées, des salons nationaux et des démonstrations est désormais référencée à l’Agence de l’eau. Un tremplin pour convaincre des villes comme Lyon (24 hectares travaillés) ou Grenoble (5 machines achetées). La ville de Lorient adapte ses nouvelles allées au passage de l’engin. La Stabnet entretient les allées des châteaux de Versailles et de Chambord, du parc de Bagatelle à Boulogne et de Vincennes.  En attendant les marchés prometteurs d’Allemagne et de Suisse. « Nous avons fait des démonstrations à Fribourg, cet hiver, grâce à l’association Bretagne Internationale, chargée de promouvoir le savoir-faire régional à l’export. Ils n’ont pas ce genre d’outil ».

Du tracteur au cheval

Présentée au salon Terre de Lorient en 2010, la Stabnet a séduit la directrice des Haras d’Hennebont : pas de prise de force, le matériel peut donc s’atteler au cheval ! « Nous n’y avions pas pensé mais nous avons relevé le défi », plaisante Pierre Avril. « Il a fallu adapter l’outil au cheval. L’inverse de ce qui a été fait il y a quelques décennies ». 250 villes françaises effectuent des travaux ou du transport avec des chevaux. De quoi allécher le chef d’entreprise. Cinq nouveaux projets sont déjà sur les rails, aidés par la Région. Les villes de Carhaix et de Villeneuve/Lot ont profité de l’opportunité pour en demander un peu plus à leur cheval. Trois kilomètres en une heure avec l’outil de 1,20 mètre, l’Equi-Stabnet entend creuser son sillon. En parallèle, l’entrepreneur souhaite développer un modèle électrique. Efficace, rentable, écologique et silencieux ; l’outil est dans l’air du temps. Bernard Laurent

L’avis de Yann Hubert, Responsable des espaces verts de Concarneau

Actuellement nous avons deux outils, l’un tracté derrière tracteur, d’une largeur de 1,20 mètre. L’autre derrière motoculteur, conçu pour passer dans les allées des cimetières. L’objectif est de limiter voire de supprimer les traitements chimiques pour anticiper la règlementation. Ces outils donnent entière satisfaction sur l’efficacité. Les terrains de foot stabilisés sont bien nivelés, plus souples et plus agréables pour les joueurs. Les repousses sont moins rapides qu’avec les méthodes précédemment utilisées. Les coûts de fonctionnement sont sans comparaison (énergie et main-d’œuvre). Nous avons tout essayé pour nos 3 cimetières : désherbage à l’eau chaude (40 à 50 litres de fuel par jour) ; thermique (1 bouteille de gaz par jour) ;  binettes manuelles ; quand un cimetière est fini, il est temps de recommencer. Les opérateurs n’en pouvaient plus. Le motoculteur consomme seulement 2 litres d’essence par jour de travail, au maximum. Attention, les outils sont très efficaces sur sols sablés mais ils nécessitent de bons réglages et doit être confiés à des opérateurs soigneux. Ils ne peuvent pas travailler sur sols détrempés.


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