Dossier technique

Un bâtiment monopente équipé de logettes innovantes

Gaec de Crampoisic, Saint-Mayeux (22) - Le point de départ était le bâtiment qui devait être monopente pour recevoir une installation photovoltaïque de 250 kWc. Les éleveurs ont ensuite privilégié le confort des vaches avec des logettes sans barres au garrot ni séparateurs verticaux. Ils ont aussi mis un point d’honneur à travailler la ventilation naturelle grâce à des rideaux roulants de chaque côté qui créent une veine d’air.

Un bâtiment d'élevage de vaches laitières en monopente - Illustration Un bâtiment monopente équipé de logettes innovantes
Le bâtiment monopente est équipé d'une installation photovoltaïque de 250 kWc.

Louis Hellard s’est installé en mai 2024 en rejoignant son père Marc et son oncle Gilles sur l’exploitation laitière située à Saint-Mayeux (22). La SAU était de 160 ha avec une production laitière de 420 000 litres, un atelier volaille de chair de 1 500 m2 et un troupeau de 50 mères allaitantes en Blonde d’Aquitaine. « J’ai basé mon projet d’installation sur la construction d’un bâtiment neuf afin d’augmenter la production laitière. Nous avons commencé par réduire notre troupeau allaitant à 25 mères. Nous sommes convaincus par la production d’électricité photovoltaïque en le développant sur les toitures des bâtiments. Les premiers investissements datent de 2022, aujourd’hui nous avons 600 kWc de puissance sur 2 bâtiments de stockage, la moitié de la toiture du poulailler et la stabulation neuve. On voulait que la stabulation neuve soit en monopente pour pouvoir l’orienter au mieux pour la production solaire et y installer 250 kWc de photovoltaïque afin de saturer le transformateur. »

Les vaches se couchent sans gêne

La stabulation mesure 82 m de longueur sur 22 m de largeur. « On est partis du bâtiment et on a adapté l’aménagement intérieur. Nous avons installé deux robots de traite, deux aspirateurs à lisier et un robot repousse-fourrage. Notre choix s’est porté sur des logettes en système tout lisier car l’ancien bâtiment était déjà équipé en logettes. L’investissement dans le bâtiment et le matériel d’élevage s’élève à 1,7 million d’euros. Nous avons eu un cofinancement de l’Union européenne et de la Région Bretagne via Agri Invest », décrit Louis Hellard.

Les éleveurs voulaient installer des logettes différentes car les anciennes avec des barres au garrot créaient une bosse derrière la tête des vaches car elles étaient prostrées. La découverte du nouveau système de stabulation libre Dreamstall de chez Cow House a convaincu les 3 associés du Gaec. Il offre aux vaches une liberté totale, debout ou allongées. Il se distingue par l’absence de barre au garrot et de séparateurs verticaux (bat-flanc). La barre au garrot est remplacée par deux corps sphériques espacés de 40 cm, permettant à la vache de se positionner naturellement et de garder la tête haute sans restriction. Les séparateurs verticaux sont remplacés par des cadres de guidage horizontaux espacés de 90 cm, assurant un bon positionnement tout en laissant à la vache la possibilité de se coucher dans toutes les positions naturelles sans gêne. Grâce à cette conception, la largeur peut être augmentée sans compromettre la propreté, ici les éleveurs ont opté pour une largeur de logette de 130 cm.

Une vaches au robot de traite
Le bâtiment est équipé de 2 robots de traite.

Au revoir les jarrets sans poils et gonflés

Louis Hellard est allé découvrir le système aux Pays-Bas sur une ferme équipée de différents modèles de logettes. « Sur l’élevage, c’était flagrant les vaches se bousculaient pour occuper les logettes Cow House sans barres au garrot. Après les avoir installées sur notre exploitation, nous constatons que les vaches rentrent tout droit dans les logettes. Comme il n’y a pas de bat-flanc, elles se couchent très facilement et peuvent s’étaler dans la position qui leur convient le mieux. On observe des vaches qui étendent leurs pattes dans les couloirs, d’autres dorment en mettant la tête par-dessus l’épaule, ce que l’on ne voyait pas en logettes traditionnelles. Nous n’avons plus de phénomènes de jarrets sans poils et gonflés. On sent que les laitières sont sereines. » Le jeune éleveur indique que ce type de logettes est de l’ordre de 20 % plus cher que d’autres modèles traditionnels. Mais le prix n’était pas le premier critère car l’objectif était d’apporter un maximum de confort puisque les animaux ne sortent plus du bâtiment.

La production laitière passe à 1,6 million de litres

La mise en route du bâtiment a permis d’augmenter la production laitière qui est aujourd’hui de 1,6 million de litres avec un troupeau de 150 vaches dont 125 en production. « On était en dessous de 28 litres de production par vache et nous sommes actuellement à plus de 38 litres avec 60 % de primipares puisque nous avons acheté des génisses pour agrandir le troupeau rapidement. On avait pour objectif d’atteindre 36 kg de lait au bout d’un an et 40 kg en 4 ans, une production qui sera certainement atteinte dès l’année prochaine rien que par le vieillissement du troupeau. »

36 °C dehors et 26 °C dans le bâtiment

La question de la ventilation de la stabulation était aussi un sujet prioritaire. Avec un poulailler sur l’exploitation, les éleveurs sont sensibilisés à l’importance d’un bon circuit d’air pour garantir une ventilation optimale. « J’ai visité des stabulations équipées avec des ventilateurs qui ne font que brasser de l’air chaud et je n’en voulais pas. » Le choix s’est porté sur des rideaux ou filets roulants. Sur le côté nord, le filet roulant de 4 m est positionné en partie haute. Une ouverture est aussi faite sur le muret en partie basse car, ce côté étant toujours à l’ombre en été, cela permet de faire rentrer de l’air frais dans le bâtiment. Sur ce côté, le rideau en partie haute est toujours grand ouvert sauf l’hiver où il n’est ouvert que sur 50 cm pour l’extraction de l’air vicié. Sur le côté sud, le rideau fait toute la hauteur du bâtiment, soit 4 m. En hiver, il est ouvert sur 50 cm en partie haute pour assurer la ventilation sans envoyer du froid sur les vaches. À mi-saison, il est grand ouvert et en été il est ouvert un peu en haut et un peu en bas pour faire de l’ombre aux vaches. « La société REA Agrouest propose ce système d’ouverture d’un côté et de l’autre qui permet de créer une veine d’air naturelle qui assure la bonne ventilation de la stabulation. En été, nous avons relevé une température de 36 °C devant le bâtiment quand dans le même temps le thermomètre affichait 26 °C à la sortie des robots de traite. » Pour limiter l’augmentation de la température dans le bâtiment en été, Louis Hellard conseille de ne pas installer de translucides en toiture. « L’idéal est d’opter pour des panneaux photovoltaïques pour produire de l’énergie mais aussi parce qu’ils isolent de la chaleur, renvoient une partie du rayonnement solaire et la veine d’air qui se situe entre les panneaux et la toiture crée aussi un isolant naturel. »

Nicolas Goualan

Un pédiluve dans un bâtiment d'élevage de vaches laitières
Le mercredi les vaches passent obligatoirement par le pédiluve grâce à la porte de tri en sortie de robot de traite.

Le mercredi, c’est passage au pédiluve

Le mercredi, c’est passage obligatoire pour toutes les vaches dans le pédiluve pour limiter l’impact de la dermatite. La porte de tri en sortie des robots de traite permet d’envoyer les vaches vers le pédiluve avant qu’elles ne retrouvent les logettes. « Nous lavons le pédiluve le mardi soir. Ensuite, durant la journée du mercredi il va se laver automatiquement au bout de 120 passages et se recharger seul en produit. Nous pouvons programmer ce lavage automatique. Pour le moment, nous restons sur 120 passages car cela fonctionne bien mais cela pourra évoluer dans un sens ou dans l’autre », précise l’éleveur.


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