« La gestion de l’herbe est le cœur du système »

Installé depuis 2023, Yoann Quiniou est en train de bâtir un système laitier fondé sur l’autonomie et le pâturage intégral. Avec des vêlages groupés de printemps et un troupeau adapté à l’herbe, il cherche à concilier efficacité technique et sobriété économique.

Un couple d'agriculteurs dans une prarie - Illustration « La gestion de l’herbe  est le cœur du système »
Yoann Quiniou et sa compagne Jeanne.

Avant de s’installer, Yoann Quiniou avait une idée très précise du système qu’il voulait mettre en place : un modèle herbager, pâturant, avec des vêlages groupés au printemps. Il jette finalement son dévolu sur une ferme située dans l’Orne (Juvigny Val d’Andaine) et s’installe en janvier 2023. « Dans le Grand Ouest, le contexte pédoclimatique est idéal pour la pousse de l’herbe et donc pour sortir les vaches presque toute l’année. », annonce l’agriculteur lors d’une porte-ouverte organisée par l’Idèle. « J’ai une surface de 68 ha, tout en herbe, avec un parcellaire groupé. » De plus, la ferme reprise avait un faible capital, évitant ainsi « d’être pris à la gorge tout de suite. » Les investissements étaient eux aussi limités. « La salle de traite a demandé un réaménagement pour moins de 10 000 € », raconte l’éleveur. « Sinon, tous les investissements sont faits pour optimiser le pâturage : clôtures, chemins, abreuvoirs… »

Des petites vaches

Le système est centré sur l’autonomie : pas d’achat de concentrés, peu de matériel, et peu de consommation de fuel. Ces décisions financières ont notamment permis à Yoann Quiniou de passer en monotraite dès sa deuxième année d’activité.

Les Kiwis sont adaptées au pâturage

Le troupeau compte aujourd’hui 50 vaches traites. Le cheptel est bigarré : des Normandes, puis des croisées Frisonnes, Jersiaises et Kiwis. L’objectif de l’éleveur est d’atteindre 70 vaches à la traite et de développer les petits gabarits. « Les Kiwis sont très adaptées au pâturage, valorisent bien le fourrage et ont une très bonne efficacité alimentaire », explique-t-il. En 2025, les bovins ont produit 180 000 litres de lait livrés à Biolait (environ 530 €/1000 L). Les taux (40 de TP et 47 de TB en moyenne) sont bien valorisés : +6,6 € du point de TP à partir de 32, et +5 € du point de TB à partir de 38.

Bien gérer l’herbe

L’objectif de l’éleveur est de produire 85 % de lait par le pâturage uniquement. Lorsque l’herbe ne suffit plus, les animaux sont nourris avec de l’enrubannage et du foin. Selon les années, l’agriculteur prévoit aussi des stocks d’herbe sur pied sur ses parcelles à sol profond, « sur lesquelles le couvert ne va pas brûler tout de suite lors de fortes chaleurs. » Toutes les semaines, Yoann Quiniou réalise un tour de plaine pour suivre au mieux la pousse de l’herbe. « Aujourd’hui, toutes les prairies sont naturelles. Je prévois d’en renouveler certaines au printemps prochain pour augmenter leur productivité. Les espèces principales seront la fétuque, le RGA et le trèfle blanc. »

Grouper les vêlages

« Le principe du vêlage groupé de printemps est de faire correspondre les besoins des animaux avec la pousse de l’herbe », lance Yoann Quiniou. « Ce système permet aussi de simplifier l’organisation du travail, et de fermer la salle de traite en hiver. » Les vaches vêlent entre février et avril, et les veaux sont élevés pas des vaches nourrices. L’insémination se déroule quant à elle sur 9 semaines : insémination artificielle d’abord, puis rattrapage avec un taureau laitier, puis un taureau typé viande.

Alexis Jamet

Un système en transition

En 2024, la Ferme du Bois présentait des critères économiques supérieurs à la moyenne du groupe herbager animé par l’Idèle et composé de 10 fermes du Grand Ouest. Cela s’explique notamment par une diminution des charges opérationnelles (109 €/ha contre 295 €/ha), de structure (740 €/ha contre 1 085 €/ha) ou de mécanisation (259 €/ha contre 439 €/ha).Le coût alimentaire aux 1 000 L était quant à lui de 53 €. À titre de comparaison, il est de 132 € dans un système conventionnel avec plus de 30 % de maïs dans la SFP. Concernant le revenu, les résultats sont encore très variables d’une année à l’autre compte tenu de la transition du système initiée par Yoann Quiniou. En 2023, l’EBE/UMO était de 82 540 €, et de 27 940 € en 2024. « Le système n’est pas encore en rythme de croisière », affirme l’agriculteur. « En 2026, ma compagne Jeanne qui est aujourd’hui salariée va s’installer. Nous allons ainsi passer en Gaec au micro BA. »


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