Viande bovine : Hégémonie brésilienne

Sur 2024, le Brésil renforce sa place de 1er exportateur mondial, commercialisant viande bovine et bovins vifs dans le monde entier. La production croissante du pays ces dernières années booste aussi sa consommation intérieure.

bovins du Brésil dans l'herbe - Illustration Viande bovine : Hégémonie brésilienne
« Les fermes brésiliennes sont plutôt extensives, à l’herbe, même si la part des feed-lots augmente », souligne Ilona Blanquet. | © Linecker - stock.adobe.com

L’année 2024 a été marquée par la forte hausse de la production mondiale de viande bovine, liée surtout au Brésil et au grand retour de l’Australie. « Ces deux pays se sont positionnés en haut de leur pic de cheptel et production, cyclique du fait des sécheresses », a cadré Caroline Monniot, responsable du service économie des filières à l’Idele, lors de la journée Marchés mondiaux du lait et de la viande 2025.

Demande du Moyen-Orient et du bassin méditerranéen en hausse

L’économiste a rappelé la part importante des volumes exportés sur la production mondiale de viande bovine, à 18 % l’an passé (contre 13 % pour les fromages et 9 % pour le porc par exemple). « En 2024, les exportations ont été en forte hausse grâce aux disponibilités accrues au Brésil et en Australie. Les États-Unis et le Moyen-Orient ont acheté davantage de viande bovine pour répondre à la forte demande de leurs marchés. »

Des prix sud-américains en baisse

Par ailleurs, le Moyen-Orient a importé beaucoup plus de bovins vivants l’an passé, venant principalement d’Amérique du Sud, pour plusieurs raisons : ces pays du bassin méditerranéen « apprécient la viande fraîche, sont attachés à faire vivre leurs acteurs locaux de l’engraissement, et s’assurent ainsi d’un abattage rituel. »

L’Amérique du Sud reste la zone majeure de production mondiale. « Les volumes des cinq exportateurs du sous-continent (Brésil, Argentine, Colombie, Paraguay, Uruguay) progressent encore, à 15,8 millions de téc (+9 %/2023). » Alors que les cours des bovins finis européens et américains se sont envolés sous l’effet d’une demande dynamique et d’une offre limitée, « les prix sud-américains (et australiens) étaient en baisse du fait de la hausse de leur offre », note Ilona Blanquet, du service Économie des filières de l’Idele.

Le Brésil reste le poids lourd de la zone, expédiant 64 % des 5,3 millions de téc de viande bovine exportées par les 5 pays vers le monde entier. Au Brésil, entre 2018 et 2023, le cheptel a gagné 8 millions de têtes, alimentant une progression des abattages de 14 % sur 2024 (+ 37 % en 3 ans). Boostées par un real en baisse, les exportations brésiliennes ont progressé de 26 % à un niveau jamais atteint, de 3,4 millions de téc. « Le Brésil fournit tous les pays qui ont besoin de viande, y compris l’Union européenne, l’Italie en particulier. » Si les envois vers la Chine ont continué à progresser, de 10 %, ils ont explosé vers l’Amérique du Nord, en manque de viande.

Échanges perturbés à venir

La demande du Moyen-Orient et du pourtour méditerranéen a également fait bondir les exportations de vif brésiliennes, en particulier vers l’Irak, l’Égypte, le Liban et le Maroc. Les Brésiliens, déjà fortement amateurs de viande bovine, ont aussi accru leur consommation, de 9 %, du fait de la hausse des disponibilités et de l’amélioration de leur situation économique. C’est aussi le cas en Uruguay (+ 5 %). Ce pays qui produit une viande plus chère, sans hormones, a réduit ses exportations vers la Chine du fait de la concurrence brésilienne sur cette destination. « L’Uruguay s’est recentré sur des marchés plus rémunérateurs : Amérique du Nord (+ 48 %), UE (+ 15 %) et Israël pour de la viande casher. » En Argentine, « les exportations font un bond suite à l’élection de l’ultra-libéral Javier Milei, au détriment de la consommation. »

« En 2025, les abattages brésiliens et de la zone Mercosur devraient se stabiliser. Les exports progresseraient encore du fait de la forte demande mondiale, et la consommation serait en repli au Brésil. Par ailleurs, les échanges mondiaux vont être perturbés par la guerre des droits de douane lancée par les USA et les enquêtes de la Chine pour vérifier les pratiques de ses différents fournisseurs. » À l’avenir, les flux pourraient aussi être remis en cause par davantage de normes sur le transport des bovins vivants ou l’empreinte carbone.

Agnès Cussonneau

Demande croissante

Caroline Monniot – Responsable de service – Idele

Le marché mondial de la viande bovine s’est détendu en 2023-2024, en lien avec l’accroissement de l’offre du Brésil et de l’Australie et le ralentissement de la croissance économique chinoise et coréenne. Cette année, le marché se tend à nouveau avec le plafonnement des cheptels et de la production. Sur le moyen terme, la demande pour la viande bovine va continuer à croître dans les pays émergents, notamment en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie. Les bovins en vif vont continuer à être demandés dans le pourtour méditerranéen et au Moyen-Orient. Le Mercosur a-t-il les moyens de répondre à ces demandes ?


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