Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Anthony Kervorgant a une connaissance approfondie de l’environnement dans lequel il évolue. La présidence de la Cuma locale de matériel, d’une quinzaine d’adhérents, lui donne une bonne vision des problèmes rencontrés par ses collègues et voisins agriculteurs, renforcée par sa participation, depuis plusieurs années, aux groupes Rés’Agri. « C’est grâce à ce réseau que j’ai suivi des formations à l’embauche, il y a quelques années. Elles m’ont permis de savoir comment travailler avec un salarié, comment le motiver et le fidéliser ».
Du lait sous marque Breizh Positive
Depuis 15 ans, son premier salarié, embauché au préalable comme apprenti, l’épaule au niveau technique. « Il y a 3 ans, j’ai eu l’opportunité de reprendre une surface importante de foncier. Il a accepté de prendre en charge l’atelier cultures de 130 hectares. Il en assume la responsabilité, des achats de semences à la gestion du matériel. C’est une manière de l’impliquer et de le motiver ». L’agrandissement de la ferme a permis l’embauche d’un second salarié. « Cela fait beaucoup de main-d’œuvre pour une telle exploitation mais je gagne en sérénité. Je peux me libérer plus souvent et participer à des groupes de réflexion et d’échanges qui permettent de progresser ».
Le projet Dairy 4 Future, de l’Arc Atlantique
Avec quelques collègues du territoire, il a contribué à créer, en 2020, l’association des éleveurs laitiers du Pays de Lorient pour valoriser, en local, une partie de leur production, vendue sous la marque Breizh positive. Depuis 10 ans, l’éleveur fait partie du réseau Inosys (Idèle), au niveau national ; un référentiel de données techniques et économiques. « L’analyse des données de l’élevage permet d’optimiser la conduite et les charges ». Il participe également au projet Dairy 4 Future qui entend diffuser les innovations pour un élevage plus résilient dans l’arc Atlantique. « Nous analysons, par exemple, les spécificités de chaque région, de l’Irlande au Portugal, en essayant de dégager les atouts et les faiblesses de chacune d’entre elles ». Ces analyses de rentabilité lui permettent d’avoir une vue globale de la filière européenne.
Des conseils via l’observatoire de la pousse de l’herbe
Son implication dans ClieNFarms, un projet européen qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’a incité à réaliser un bilan carbone de sa ferme. « Cela m’a permis de mieux prendre conscience de l’importance des haies, de l’intérêt de faire vieillir les prairies, d’optimiser les inter-cultures… ». Grâce à sa collaboration avec l’observatoire de la pousse de l’herbe, il bénéficie des conseils d’un technicien qui fait régulièrement le tour de ses pâtures. « Cela me permet vraiment d’optimiser le pâturage. Pour la première fois, j’ai même réalisé un peu de topping l’an dernier ». Le système est herbager, grâce aux 40 hectares accessibles aux laitières. Les vaches sortent tous les jours de l’année ; le silo de maïs est fermé pendant un mois (deux mois en 2024).
Bernard Laurent
Une bonne maîtrise des charges opérationnelles
Anthony Kervorgant se libère facilement dans la semaine. « Ma compagne travaille le weekend, donc moi aussi. Par contre je ne travaille pas le vendredi ». Il assure la traite du matin ; l’un des salariés celle du soir. « Les salariés sont autonomes et cela me rassure », confie l’éleveur qui les incite à suivre des formations continues, via le réseau Rés’Agri.L’EARL de Nocunolé se distingue par la maîtrise des charges d’alimentation. Le système, basé sur l’herbe, permet de limiter le coût des concentrés à 47 €/ 1 000 litres (74 €/1 000 L en moyenne du réseau Inosys), en 2024. Le coût alimentaire des laitières est de 78 €/ 1 000 L (107 €/ 1 000 L en moyenne réseau). La production par vache est de 7 115 litres, livrés à la laiterie. Une trentaine de veaux croisés sont vendus en local à une boucherie de Pont-Scorff, chaque année.