Dossier technique

Semis précoces et choix variétaux peuvent aider

Depuis plus de dix ans, les agriculteurs s'adaptent aux défis posés par le changement climatique, notamment en avançant la date des semis de maïs. Michel Moquet souligne l'importance de choisir des variétés adaptées et de prendre des précautions lors de la préparation du sol et du semis.

Plants de maïs jeunes avec terre humide - Illustration Semis précoces  et choix variétaux peuvent aider
Plante en C4, le maïs offre une meilleure valorisation de l'eau que les plantes en C3 comme les céréales à paille.
 | © Paysan Breton

« L’adaptation au changement climatique sur la culture du maïs est en cours. Elle passe notamment par un avancement du début des semis. Cette année par exemple dans le sud Ille-et-Vilaine, nous avons pu observer des semis avant le 15 avril », évoque Michel Moquet, conseiller agronomie à la Chambre d’agriculture de Bretagne. « Des dates de semis précoces réclament par contre des précautions sur le choix des variétés avec une bonne vigueur au départ et l’apport d’engrais starter. »

Ajuster sa conduite par rapport au climat

Alors que toutes les projections sur le climat prévoient une répartition différente des précipitations, avec davantage de pluie sur la saison hivernale et moins l’été, ainsi que des températures en hausse engendrant davantage d’évapotranspiration, « avancer la date de semis est un levier pour essayer d’esquiver le risque de stress hydrique autour de la floraison, qui se produit généralement entre le 20 juillet et le 10 août. »

Conserver le potentiel hydrique du sol

La période de plus grande sensibilité de la plante s’étend « de 2 semaines avant la floraison à 3 semaines après. Sur cette période, les besoins en eau de la plante doivent être satisfaits. En amont, des précautions sont à prendre au moment de la préparation du sol : avoir une terre ressuyée notamment pour éviter les lissages et tassements qui réduisent la réserve en eau accessible aux racines. »

La génétique, un levier pertinent

Autre levier, la génétique avance sur l’adaptation au stress hydrique. « Les semenciers testent et proposent des variétés tout terrain, plus régulières, réagissant mieux aux années difficiles. Même si leur potentiel est un peu plus faible, elles conservent de la production en conditions non optimales. »

Avec des semis avancés, certains agriculteurs peuvent être tentés d’implanter des variétés un peu plus tardives pouvant potentiellement fournir davantage de rendement. « Mais le cumul de pluie estival sera de plus en plus aléatoire. Il faudra plutôt choisir des variétés précoces à la floraison. Un compromis entre rendement et précaution. »

Ne pas réduire la densité de semis ou l’écartement

Sur la densité de semis, Michel Moquet invite à ne pas s’écarter des préconisations (en choisissant la fourchette basse conseillée en zone plus séchante). « En réduisant la densité, on se prive d’un bon rendement lorsqu’il n’y a pas de stress hydrique. L’économie sur les semences (entre 20 et 50 €/ha) est faible par rapport aux bénéfices sur le rendement en cas de bonnes conditions. »

Par ailleurs, avoir une densité adaptée au potentiel moyen de son sol n’aura pas de conséquence négative sur le rendement en cas de manque d’eau. De la même manière, une réduction de l’écartement entre rangs n’a pas de bénéfice direct par rapport au changement climatique. « Mais c’est une technique intéressante par ailleurs, notamment pour accélérer la couverture de l’interrang. »

Comme les campagnes sont différentes, l’adaptation concerne aussi la date de récolte, qui a pu varier de plus de 2 mois sur une même zone ces dernières années. Le cumul des degrés-jours (dj) en base 6-30 depuis la floraison femelle, et l’observation de la maturité des grains sur la couronne centrale 3 à 4 semaines après la floraison, sont des techniques qui permettent d’estimer assez précisément la date de récolte d’une parcelle.

« Le maïs reste une plante intéressante en Bretagne qui, même en cas de sécheresse, génère au moins 7-8 t MS/ha. » Comme toutes les plantes en C4, elle se caractérise par un très bon rendement photosynthétique (transformation du CO2 en biomasse) et une meilleure valorisation de l’eau que les plantes en C3 comme les céréales à paille par exemple. Dans les secteurs les moins arrosés, « un recours à l’irrigation pourra être envisagé, avec une bonne réponse, de l’ordre de 400 kg MS/ha pour 10 mm d’eau. »

Agnès Cussonneau

Être acteur de son choix variétal

Créé en 2022 par le Geves, Arvalis et l’UFS (Union française des semenciers), Varmaïs peut aider les agriculteurs et les techniciens à choisir des variétés de maïs fourrage ou grain adaptées. Cet outil internet est gratuit et en libre accès. Les références sont neutres et robustes, issues des essais pour l’inscription des variétés en France et du réseau de post-inscription. L’utilisateur peut s’informer sur une variété ou la comparer à d’autres. Il peut entrer des critères pour sélectionner et choisir ses variétés : précocité récolte, vigueur au départ, stabilité du rendement, précocité à la floraison, valeur alimentaire, teneur en fibres et en amidon, tolérance à la verse, résistance au charbon commun ou à l’helminthosporiose… « Mieux connaître les variétés va permettre aux agriculteurs d’introduire un dialogue technique avec les vendeurs de semences », souligne Michel Moquet.


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