Dossier technique

Du solaire pour apporter de la résilience à l’exploitation

SARL des Mimosas, à Saint-Barnabé (22) - De la rencontre des acteurs de la filière solaire et de l’Apepha au Space jusqu’au suivi d’une formation, en passant par la rénovation de sa toiture, Ludovic Beurel s’est investi du début à la fin dans son projet de centrale photovoltaïque. 

Un homme devant un champ de panneaux solaires en toiture - Illustration Du solaire pour apporter de la résilience à l’exploitation
Ludovic Beurel devant le champ solaire de sa centrale. | © Paysan Breton - T. Dagorn

« Le conflit entre l’Ukraine et la Russie a pesé dans ma réflexion. La question énergétique est revenue sur le devant de la scène pointant notre dépendance aux énergies fossiles. La France devait saisir l’opportunité de produire davantage d’électricité », démarre Ludovic Beurel installé en grandes cultures à Saint-Barnabé (22). Ce dernier s’est dit qu’il pouvait aussi faire sa part en installant une centrale solaire sur deux bâtiments existants. « En septembre 2022, j’ai profité du Space pour rencontrer des acteurs du photovoltaïque qui m’avaient été conseillés par l’Apepha. Grâce à cette association qui accompagne les agriculteurs, j’ai gagné du temps et de la compétence pour mener à bien mon projet en évitant des erreurs qui auraient pu me coûter cher. » Il a passé ensuite l’automne à creuser le sujet avant de signer les devis en décembre.

Un an de travaux

L’année suivante a été consacrée à déposer les plaques de fibrociment amianté et reposer une couverture en bac acier pour recevoir les panneaux solaires. Ludovic Beurel a réalisé les travaux : « Entre les chantiers de culture, j’ai du temps. J’aime changer de tâches dans mon quotidien et gagner en compétences en faisant de nouvelles activités. » Puis l’installateur a posé les panneaux durant l’hiver 2023 – 2024. Une fois les validations techniques et réglementaires effectuées, la centrale de 300 kWc (1 500 m2 de toiture) a démarré en mai 2024. « 18 à 24 mois, c’est le temps nécessaire pour mener un projet en s’impliquant », estime-t-il avec le recul.

18 à 24 mois pour mener un projet en s’impliquant

Le mois suivant le lancement, lors d’une belle journée, la centrale a disjoncté trois fois. « J’ai fait réaliser en urgence l’expertise prévue quelques jours plus tard. Cap Ouest Drone, entreprise spécialisée, a tout vérifié. » Le prestataire a inspecté les tableaux électriques à la caméra thermique. « Il a détecté un point de chauffe : une cosse n’avait pas été suffisamment serrée par l’électricien. » Au drone, le champ solaire a également été inspecté. « Là, deux panneaux présentant des points de chauffe ont été identifiés. Le rapport a été transféré à l’installateur qui a pris ses dispositions pour les remplacer. »

Contrôle à la caméra thermique au démarrage

Aujourd’hui administrateur de l’Apepha, Ludovic Beurel rappelle une recommandation importante de l’association : pour démarrer sereinement une installation solaire, un passage de caméra thermique est essentiel. « Cela permet de s’assurer que tout fonctionne parfaitement mais aussi de créer un point 0 à comparer aux examens suivants », explique l’agriculteur qui précise que son contrat d’assurance Groupama présente des exigences sur l’entretien et le contrôle réguliers de la centrale. Au passage, il souligne l’importance d’échanger avec l’assureur dès l’étape de réflexion et de valider le projet avec un préventeur pour ne pas avoir de mauvaise surprise sur l’assurabilité du projet et éviter toute mesure compensatoire onéreuse dans certains cas.

« Pour ma part, j’envisage de faire contrôler ma centrale tous les deux ans pour m’assurer qu’elle reste pleinement fonctionnelle dans le temps et s’amortit normalement. L’enjeu financier est conséquent. » Signé à un tarif de rachat de 0,13 €/kWh, le projet doit s’amortir sur 12 ans. « Cet investissement pour préparer la retraite apporte une certaine résilience à mon activité principale de grandes cultures très exposée aux aléas du climat et aux variations de coûts des intrants et de prix de vente », précise l’agriculteur qui surveille quotidiennement sur l’application gratuite Fusion Solar « le productible » de sa centrale. Et un second projet est déjà dans les tuyaux : « J’ai déposé un T0 en octobre 2024 pour une centrale sur un bâtiment neuf qui viendra augmenter mes capacités de stockage de grain sur l’exploitation. »

Toma Dagorn

Se former pour affiner ses stratégies

En janvier 2025, Ludovic Beurel a suivi une formation de la Chambre d’agriculture – Bretagne sur l’entretien et la maintenance des centrales solaires. « Comme en grandes cultures, je me donne du temps pour capter de l’information afin d’avoir les bonnes pratiques et stratégies d’entretien pour anticiper et limiter les risques de problème. » Le Breton n’a pas été déçu par cette journée investie. « La partie sur les rongeurs qui peuvent faire de gros dégâts m’a marqué par exemple. Il est indispensable de bien colmater les gaines pour éviter toute intrusion. Mieux que la mousse polyuréthane, le plâtre s’avère très efficace. » Autre astuce glanée : les jours de gel, on peut détecter un point de chauffe en observant son champ solaire car c’est l’endroit qui dégèle en premier.


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