« Le parage est presque devenu un plaisir »

La cage de retournement hydraulique nouvellement investie a permis de parer deux fois plus souvent la troupe ovine, sans pénibilité.

Un homme et une femme font le parage d'une brebis avec une cage à retournement hydraulique - Illustration « Le parage est presque devenu un plaisir »
Fin février sonne la fin des agnelages. Anne-Marie et Jean-François Allée pratiquent les derniers parages de la saison sur le lot d’agnelles. | © Paysan Breton

Développée par des ergonomes pour limiter la pénibilité du travail en élevage ovin, la cage de retournement PM 400 de chez Marechalle a « de l’avenir devant elle », évoque Jean-François Allée qui vient d’investir dans l’outil. À la tête d’un troupeau de 500 brebis Lacaune en agriculture biologique, à Saint-Jean-sur-Couesnon (35), ce dernier cite les deux corvées annuelles : la tonte et le parage. S’il sous-traite la première, la seconde était jusqu’à présent réalisée une fois par an avec une cage Batmann posée sur l’aire paillée, au fonctionnement mécanique « et fonctionnant donc à l’huile de coude… ». Et les animaux y entraient difficilement, malgré l’achat de barrières pleines. « Mais une fois qu’elles y étaient, c’était facile de parer alors que les brebis étaient sur le dos. »

Un outil qui pense au bien-être animal et de l’éleveur

Sans effort physique

Depuis cet été, le parage est presque devenu un plaisir. Il a testé un prototype avant d’investir. « Je voulais être sûr que les animaux entraient bien dans la cage ». Mais le plaisir vient surtout du fonctionnement hydraulique de l’outil, « où tout fonctionne sans effort physique, sans solliciter les épaules déjà bien usées par la traite. » Seul défaut : la machine a été conçue pour les droitiers. Mais qu’à cela ne tienne. Gaucher, il a « ainsi pu déléguer la tâche », dit-il avec humour. Et c’est sa femme Anne-Marie, salariée sur l’élevage, qu’on retrouve en effet autour des manettes de fonctionnement. « Je me sens forte et puissante, plaisante-t-elle. J’arrive à retourner seule une brebis jusqu’à 100 kg. Enfin un outil qui pense au bien-être animal et de l’éleveur… ». Mais le chantier se déroule néanmoins à deux, là où ils étaient trois auparavant.

Une femme en train de parer une brebis dans une cage de parage
Bien installé, l’animal ne bouge pas pendant le soin.

Deux parages par an

Fini le parage sur le fumier. La cage a été installée en poste fixe dans un coin bétonné. « C’est beaucoup plus facile de travailler sur une surface dure. Mais on n’y avait pas pensé avant. » Les brebis transitent par la salle de traite pour y parvenir, sur un chemin parallèle à celui qu’elles utilisent après la traite. « J’y mets de la sciure. Cela nous permet de parer par lots de 24, alors que le reste du troupeau n’est pas contentionné », décrit l’éleveur. Les animaux rentrent facilement dans la cage. « Je ferme la grille sur l’arrière-train en premier puis j’actionne les palettes en dessous du ventre, avant de lever l’animal », décrit-elle. L’animal ne bouge pas pendant le soin. Si besoin, le siège est réglable en hauteur selon le gabarit de l’animal. Les éleveurs utilisent des sécateurs de vigne Infaco, équipés d’une lame droite. Ils parent près de 30 animaux par heure. Les onglons sur le béton sont récupérés et brûlés.

Avec moins de pénibilité, les animaux sont au final parés deux fois l’an : une fois l’été (en milieu de gestation) et une autre fois au printemps avant le pâturage. « Pendant l’agnelage, avec 350 mises bas en octobre, et les retours et les 100 agnelles en février, nous n’avons pas le temps. »

Carole David

Les pattes, un levier de progrès

Pas de piétin dans l’élevage mais toujours des boiteries (échauffements, cerises…) qui deviennent problématiques avant l’agnelage quand la brebis ne peut plus se lever (brebis lourde). D’où l’intérêt de parer aussi en août. Un animal qui se déplace bien se remet plus vite des agnelages et produit plus de lait, attestent les deux éleveurs. C’est donc un levier de progrès.« Les animaux qui sont restés dehors jusqu’en décembre présentent moins de soucis de pattes. Celles qui restent plus longtemps sur l’aire paillée présentent de longs onglons et souvent des traces d’échauffement », note Anne-Marie Allée, qui, avec l’arrivée de la nouvelle cage de retournement, s’est mise à inscrire sur papier les animaux soignés. « Le but est de voir dans le temps si l’animal guérit bien ou, si le problème est chronique, de réformer. » Les onglons s’usent régulièrement sur les terrains caillouteux. Par contre, le pâturage lors de la dernière exploitation des luzernières et les châtaignes (dont les brebis raffolent) agressent aussi les pattes. Après chaque parage, les brebis passent (pendant plusieurs jours) dans un pédiluve en sortie de salle de traite : « J’ai enlevé les tapis spongieux pour installer 2 bacs plastique : un d’eau qui nettoie les onglons et l’autre, rempli d’un mélange de sulfate de zinc et de cuivre, qui assèche les lésions tout en durcissant la corne ».


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