Les barrières autour de la porte intelligente qui gérait au départ l’accès des animaux aux robots de traite ont été retirées. En circulation libre, la fréquentation des automates a augmenté et la pression sur les vaches dominées a baissé. - Illustration Stabilité retrouvée après une transition compliquée
Les barrières autour de la porte intelligente qui gérait au départ l’accès des animaux aux robots de traite ont été retirées. En circulation libre, la fréquentation des automates a augmenté et la pression sur les vaches dominées a baissé.

Stabilité retrouvée après une transition compliquée

Changement de stabulation, agrandissement du troupeau, arrivée des robots… En 2014 – 2015, les animaux du Gaec Pasdelou, à Irodouër (35), ont connu des changements profonds. Les pattes en ont fait les frais. Mais, peu à peu, les choses rentrent dans l’ordre.

Historiquement, le troupeau de Clément Pasdelou, conduit sur aire paillée, produisait 500 000 L de lait par an. En 2014, sa compagne Florence Chouin le rejoint. L’installation s’accompagne de volumes attribués et de la reprise d’une exploitation pour atteindre une référence laitière d’1,2 million.

Des bétons agressifs pour la corne tendre

« Le cheptel a doublé. Nous avons acheté 30 vaches de plusieurs troupeaux. » Le couple opte aussi pour le robot de traite « pour éviter les gestes répétitifs » usants sur une carrière.  En juin 2015, le troupeau élargi entre dans une nouvelle stabulation en logettes lisier et bascule en traite automatisée. Dans la conception de ce bâtiment, des choix jouent plutôt en faveur de l’hygiène des sabots. Le raclage automatique est programmé toutes les 4 heures. L’aire devant les deux stalles robotisées, non raclée, est sur caillebotis pour que les pieds des animaux demeurent propres et secs.

Pour cette première année, il est recommandé aux éleveurs de ne pas sortir leurs animaux pour que ces derniers prennent bien le pli du système robot. « Nous avons donc gardé nos vaches en bâtiment de l’inauguration de l’étable à la mise à l’herbe suivante en avril 2016 », raconte Clément Pasdelou. Cependant, l’impact des boiteries s’est peu à peu fait sentir. « Les nouveaux bétons des sols sont naturellement acides et abrasifs. Ils ont rapidement abîmé la corne tendre des sabots. » Après quelques mois, les pieds d’une partie du cheptel souffrent « de cerises, de bleimes, d’abcès… ». Rapidement, le couple constate que « les boiteuses vont moins au robot ». Elles ont tendance à maigrir et il faut les faire lever des logettes et les pousser vers la zone traite, se rappelle Florence Chouin.

Sols et couchages plus secs après révision de la ventilation

En 2016, un technicien du GDS Bretagne est intervenu sur l’élevage, appelé à la rescousse suite à des problèmes de cellules. « Dans le cadre de ce bilan “mammites”, la ventilation a été revue. » Des ouvertures de 50 cm au-dessus des filets brise-vent (nettoyés au surpresseur une fois par an) ont été générées pour améliorer le renouvellement de l’air. « Cela a joué en faveur de l’assèchement du couchage, mais aussi des sols et donc de l’hygiène des pieds des animaux. » Le réglage des logettes a aussi été revu. À l’arrivée, la qualité du lait s’est améliorée : « Le taux cellulaire se maintient désormais sous la barre des 100 000 cellules », apprécient les éleveurs.

Pousser les vaches dans le pédiluve

La dermatite digitée apparaît également. « J’avais essayé de regarder les pieds des animaux que nous avons achetés en 2014. Mais parfois, des vaches sont porteuses de pathogènes sans que des lésions soient vraiment visibles. Nous avons certainement acheté la maladie… Nous l’avons vue émerger et avons tenté de traiter aussitôt. »

Un protocole de pédiluve est mis en place. « Nous placions trois bacs successifs dans le couloir de la porte intelligente, passage obligé entre la zone couchage / alimentation et la zone traite. » Le premier était rempli d’eau pour nettoyer les sabots. Les deux suivants contenaient une solution désinfectante. Le traitement avait lieu trois jours successifs par mois. « Il fallait une heure pour faire passer tout le troupeau par la case pédiluve », précise Clément Pasdelou. Ensuite, les trois bassins étaient tout de suite vidés pour que les animaux ne reposent pas les pieds dans une solution souillée. « Grâce à ce traitement, il y a eu du mieux. Une bonne partie des lésions de dermatite ont semblé sécher, elles n’étaient plus rouges. »

Apport de biotine et parages en routine

Face aux problèmes de pattes, les associés intègrent aussi de la biotine dans la formule du minéral. « Cette vitamine joue notamment en faveur de la qualité de la corne. Mais il faut être patient. L’effet n’est attendu qu’après six mois de supplémentation. » Par l’intermédiaire d’Eilyps (contrôle laitier), ils font appel aux services de Mathieu Beaucé, un pédicure bovin (« Auparavant, il n’y avait aucun parage sur litière accumulée »). Depuis, deux parages préventifs par an sont réalisés en routine : « Toutes vaches en production, taries et génisses prêtes à vêler sont remises d’aplomb : le spécialiste refait le creux axial des sabots, soigne les lésions… »

[caption id=”attachment_38994″ align=”aligncenter” width=”720″]Clément Pasdelou, installé en Gaec à Irodouër (35) Clément Pasdelou, installé en Gaec à Irodouër (35)[/caption]

La circulation libre au robot soulage les pattes

La circulation des animaux dans le bâtiment est identifiée comme un autre point sensible. En système de pré-sélection, les vaches doivent passer par une porte de tri qui les oriente (ou pas) vers un parc d’attente clos devant les deux robots en bout de stabulation. « De là, elles ne peuvent sortir vers la table d’alimentation qu’une fois traites. » La zone s’avère à l’usage être un piège pour certains animaux. « Toujours les mêmes : les primipares, les vaches affaiblies… Les dominantes, même arrivées les dernières, passent en priorité au robot. Les dominées stagnent, piétinent, se fatiguent les pattes, arrivent à l’auge beaucoup plus tard quand les autres ont mangé le meilleur… », précise Florence Chouin.

À force de voir ces animaux faibles « pris dans ce cercle vicieux », Clément Pasdelou « se fâche » un matin d’octobre 2016 et enlève toutes les barrières avant de partir pour un chantier d’ensilage. Rapidement, le comportement global du cheptel s’améliore. « L’effet du système libre a été fulgurant sur la fréquentation des stalles : en un mois, nous sommes passés de 2,2 à 2,55 traites par vache par jour. » Au fil du temps, certains problèmes de pattes ont également diminué. « Moins de dermatite, de limaces. » Le pédicure qui avait recouru à beaucoup de pansements et de talonnettes au départ, enlève aujourd’hui moins de corne.

Approche protocolaire

Après un an d’utilisation, les bacs de pédiluve, « malgré leur efficacité », ont été rangés au placard. « Pourtant, c’est l’idéal », consent Clément Pasdelou. « Mais c’était trop lourd en termes de travail. » Un autre protocole de traitement a pris le relais. « Tous les lundis matin, les vaches sont bloquées au cornadis. Je pulvérise le désinfectant sur les pieds. Les animaux ne sont pas stressés, occupés à avaler la ration fraîchement distribuée. » L’éleveur pense tout de même que la pulvérisation est moins efficace qu’un pied qui trempe entièrement dans le bain d’un pédiluve. « Alors, depuis peu, après un regain de dermatite, on veille à pulvériser aussi l’avant du sabot. »

Pour contrôler les boiteries, les éleveurs insistent sur l’importance de se fixer un protocole et de le suivre. « Être rigoureux. Et toujours agir vite. Au robot, on le voit bien. Si une vache n’est pas venue à la traite, il y a un souci. Peut-être une boiterie. » Une cage de contention est alors accessible pour « soigner une urgence ».

Une farine de paille plus grossière

Depuis l’entrée dans le nouveau bâtiment, de la farine de paille est apportée sur les matelas des logettes. Au départ, les associés utilisaient un produit du commerce. « Mais les brins étaient trop courts. » Avec l’humidité des déjections, ils avaient tendance à créer une croûte autour des sabots. Un macérât probablement propice au développement de pathologies infectieuses comme la dermatite digitée. Depuis deux ans, l’entrepreneur de travaux agricoles effectue le broyage des pailles stockées en vrac pour l’année. « Le produit est plus grossier. Et en plus, le coût est 2 ou 3 fois moins élevé », confie Clément Pasdelou.


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