Porter des gants, tirer les premiers jets… Des habitudes simples mais efficaces dans la gestion des mammites, problème majeur en production laitière. - Illustration Maladies banales mais coûteuses
Porter des gants, tirer les premiers jets… Des habitudes simples mais efficaces dans la gestion des mammites, problème majeur en production laitière.

Maladies banales mais coûteuses

Mammites, boiterie, métrites… S’appuyant sur une base de données de plus en plus large, BCEL Ouest fait le point sur l’impact de ces maladies pas encore assez maîtrisées.

Les équipes de BCEL Ouest compilent aujourd’hui 120 000 évènements de santé par an provenant des 4 500 élevages adhérents où les cahiers sanitaires sont suffisamment bien renseignés pour être exploités pleinement. « À ce titre, les mammites restent sans conteste le problème majeur en exploitation laitière puisqu’elles concentrent autour de 80 % de ces signalements », rapporte Yannick Saillard, vétérinaire conseil. « Sans surprise, nos analyses montrent que la période hivernale demeure le passage délicat en termes de santé de la mamelle. »

Au moins une mammite par an pour 32 % des vaches

Sur les trois départements bretons (Finistère, Côtes d’Armor et Morbihan) couverts par l’entreprise, « on dénombre en moyenne 55 mammites déclarées par an pour 100 vaches. Ce chiffre inclut les récidives. A l’arrivée, on observe que 32 % des vaches ont fait au moins une mammite dans l’année. On peut aussi dire qu’une “vache à mammite” fait autour d’1,5 infection dans sa lactation. » C’est au-delà des repères couramment admis dans le grand Ouest depuis le début des années 2000.

La récente bonne nouvelle vient du niveau cellulaire des laits de mélange. « Dans les tanks, de manière significative, les résultats de mesures de leucocytes s’améliorent enfin depuis 2015 après des années d’effritement », note l’observateur. « Cette tendance positive s’observe dans toutes les régions laitières françaises. Peut-être que les agrandissements de structure commencent à être absorbés en termes d’organisation de la main-d’œuvre et de conduite de troupeau en se rapprochant d’une gestion plus “grand troupeau”, plus protocolaire… »

200 à 250 €, coût d’une boiterie clinique

Reste que la question sanitaire demeure un véritable levier d’action pour les producteurs de lait bretons. Il y a de la marge si on croit les chiffres présentés par l’entreprise de conseil. Et donc de l’intérêt à s’y pencher. « Coût direct et pertes induites, nous considérons qu’un cas de mammite coûte 150 €, une boiterie clinique 200 à 250 €… », rappelle Yannick Saillard. « Selon nos analyses, actuellement, les maladies d’élevage courantes –mammites, boiteries, acétonémie, fièvres de lait, métrite et non-délivrance- coûtent ainsi 8 000 € au total pour un troupeau moyen breton de 65 vaches. » Sachant que, par exemple, les taux de boiteries retenus sont probablement sous-évalués sur le terrain. « Et encore, dans cette facture, on ne parle même pas des maladies sur les jeunes animaux où c’est le vide sidéral en termes d’enregistrement des cas de gros nombrils, de problèmes respiratoires, de diarrhées… »

Noter, noter, noter… avant d’analyser

« L’éleveur se rappelle souvent d’une vache morte dans l’année, mais oublie vite la série de six fièvres de lait du printemps… Et pourtant, le relevé détaillé et précis de tous les évènements est la première étape. » À partir de ces informations, conseillers, vétérinaires ou pédicures peuvent hiérarchiser l’impact des pathologies et élaborer un plan d’action zootechnique efficace avec l’éleveur. « Si je dois investir un euro, il est primordial de déterminer dans quelle action ou quel effort il sera le plus efficace pour améliorer mes résultats technico-économiques. C’est à ça que servent notamment nos bilans Odit’Santé », insiste le vétérinaire. Ensuite, l’étude de ses propres
résultats en groupe, Atout lait par exemple, aide certains éleveurs à ouvrir plus facilement les yeux sur les priorités et à s’engager dans une démarche de progrès. « Et à l’arrivée, la marge lait s’améliore peu à peu. »

La santé de la mamelle à la loupe

Depuis un an et demi, le bilan Odit’Mamelle, « outil interactif s’appuyant sur une compilation de synthèses visuelles faciles à lire », compare les résultats d’un élevage à des valeurs seuils. Parmi les données proposées, Yannick Saillard souligne l’importance de deux graphiques « piliers » pour s’évaluer. « D’abord, dans son troupeau, il faut viser moins de 7 % de vaches leucocytaires chroniques. Ces-dernières sont celles qui ont au moins 3 résultats supérieurs à 300 000 cellules / ml sur les 6 derniers contrôles de la lactation. Même s’ils ne sont pas consécutifs car il faut se méfier des animaux qui font le yoyo en termes de cellules. Ce sont des vaches contaminées et donc contaminantes. »

L’autre graphique que le véto conseille d’avoir à l’œil est celui qui relève les nouvelles contaminations. « Qui sont ces vaches qui n’avaient eu aucun contrôle au-dessus de 300 000 cl / ml et qui viennent de franchir la ligne rouge ? Ces nouveaux départs de feu invitent à mener l’enquête pour savoir quel pyromane se cache derrière. Par exemple, pour une primipare ou une multipare, les facteurs de risque associés ne seront pas les mêmes… »


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