Une vache bien dans son milieu, c’est la base pour qu’elle soit en bonne santé. Quand cet équilibre dérape, la recherche des causes démarre par l’observation.
La vie, c’est d’abord la bonne santé. Dans le monde animal (et végétal), la maladie est l’exception, l’anomalie. Un troupeau, c’est par nature des animaux en forme. Si tel n’est pas le cas général, autant chez les animaux domestiques que sauvages, c’est à terme l’extinction de l’espèce. Si l’on met de côté les épizooties, il n’y a donc pas de raison qu’un troupeau soit de santé fragile permanente, voire détériorée (ce qui n’exclut pas d’avoir un animal malade : c’est l’exception…). Si un éleveur doit manier en permanence la seringue et user constamment de supplémentations et d’additifs, c’est sans doute parce que les bases zootechniques ne sont pas au rendez-vous.
Respecter les 5 degrés de liberté
[caption id=”attachment_31182″ align=”alignright” width=”178″] Thomas Aubineau, vétérinaire conseil de GDS Bretagne.[/caption]
« Pour faire simple, il faut respec-ter les 5 degrés de liberté de l’animal pour qu’il soit en forme », a rappelé Thomas Aubineau, vétérinaire conseil de GDS Bretagne, lors d’une formation d’observation du troupeau à Iffendic (35). Et de lister ces paramètres de bien-être, repris par la législation européenne : absence de soif et de faim ; absence d’inconfort physique ; absence de blessure et de douleur ; expression d’un comportement « normal » ; absence de peur et de détresse. En clair, rien d’inattendu dans cette liste, même si à regarder de plus près ce n’est pas toujours facile d’être à 100 % parfait sur ces 5 points.
Troupeau homogène ou hétérogène ?
C’est en observant les animaux au quotidien que l’on mesure le degré de bien-être d’un troupeau dont dépendra sa productivité. « En premier lieu, il faut regarder le troupeau de loin. Cela permet de voir s’il est homogène ou hétérogène ; s’il y a harmonie ou compétitivité anormale génératrice de stress qui inévitablement se ressentira sur la production laitière. Par exemple, si compte tenu d’un nombre de places limité à l’auge, des primipares restent à l’écart et qu’en plus le maïs n’est pas vraiment distribué à volonté, cela aura un impact évident sur le niveau de production ; voire s’en suivra un amaigrissement de l’animal favorable à la dégradation de sa santé », cite le vétérinaire.
Favoriser la salivation
L’absence de soif participe au bien-être. Tout le monde le sait. Et pourtant, ce n’est pas toujours facile à assurer. La disposition des abreuvoirs est capitale. Placé dans un angle, le point d’eau pourra être « gardé » par une vache maîtresse pendant plusieurs heures, privant les plus soumises de boisson. Situation qui, par cascade, induit une diminution de consommation de ration. Problème similaire lorsque les abreuvoirs sont situés dans des couloirs transversaux relativement étroits.
Pour ce qui concerne la ration à l’auge, la position inclinée des cornadis et la surélévation de l’auge (15-20 cm) par rapport à l’aire d’exercice facilite la préhension du fourrage. « Une bonne inclinaison de l’encolure (même angle qu’au pâturage) est également favorable à une salivation abondante nécessaire pour une bonne déglutition et le maintien d’un pH neutre dans le rumen ».
L’observation d’un troupeau permet également de repérer les portions d’auges – ou les logettes – boudées par les vaches. « Il faut parfois s’interroger sur la présence de courants parasites auxquels la vache est très sensible. Une nervosité du troupeau peut être un élément supplémentaire de suspicion ».
La chasse aux tarsites
[caption id=”attachment_31181″ align=”alignright” width=”300″] Les tarsites peuvent être la conséquence d’une logette inadaptée.[/caption]
En système logettes, l’inconfort physique peut être révélé par des tarsites qui sont des inflammations du jarret. « Le premier stade, c’est la dépilation ; puis apparaît une petite plaie, suivie d’un gonflement plus ou moins important du jarret », énumère Thomas Aubineau. Une cause fréquente : la logette mal réglée ; comme par exemple une barre au garrot et un arrêtoir mal positionnés. D’où aussi l’intérêt d’avoir un troupeau homogène pour que l’ensemble des vaches profitent toutes de bonnes conditions de couchage.
« Une tarsite peut aussi se développer sur une vache qui reste trop longtemps couchée à cause d’une boiterie ». Enfin, il convient aussi de regarder le confort du sol : il est par exemple souvent difficile d’offrir un confort optimum avec un tapis de seulement 3 cm d’épaisseur. Pour s’en convaincre, il suffit à l’éleveur de se laisser tomber sur les genoux dans une logette ; s’il éprouve une douleur, il peut se dire que la vache (nettement plus lourde) aura cette même sensation à chaque fois qu’elle se couche. Pas difficile d’imaginer que certaines vaches hésitent à se coucher…
En stabulation comme au pâturage
Quant au stress, préjudiciable à la production, il dépend beaucoup de l’ambiance en bâtiment (et de l’attitude de l’éleveur). « Idéalement, il faut chercher à reproduire en stabulation les conditions que l’animal retrouve au pâturage ». Aujourd’hui, la transformation d’aires paillées en stabulations à logettes se traduit souvent par une plus grande concentration d’animaux ; sans compter l’augmentation permanente de la taille des troupeaux : ces conditions ne favorisent pas toujours l’ambiance. Un meilleur prix du lait serait la clé à ce problème puisqu’il permettrait aux éleveurs d’investir…