lait-bio - Illustration Le lait bio ne craint pas la surchauffe

Le lait bio ne craint pas la surchauffe

Optimisme de rigueur chez les opérateurs de la filière laitière bio. Avec une croissance annuelle de 10 % de la consommation, les voyants sont au vert. Quelques points de vigilance demeurent.

« Nous ne craignons pas l’afflux de lait bio ». Les représentants d’Eurial, de Sodiaal, de Lactalis et de Biolait, invités à débattre des perspectives de développement par la Frab (fédération régionale de l’agriculture biologique), sont unanimes sur le sujet. Tous les collecteurs de lait bio, coopératifs et privés, ont des projets de développement et encouragent les conversions, par des primes ou un supplément de prix pendant la période intermédiaire. Les fermes candidates à la conversion sont préalablement auditées. Tous les opérateurs ont désormais des techniciens spécialisés. Les directives sont claires et semblables : ne sont acceptés que les éleveurs jugés dans une situation favorable au niveau technique et financier (les deux années de conversion peuvent être délicates : contraintes de la bio et prix du lait conventionnel).

[caption id=”attachment_24587″ align=”aligncenter” width=”592″]De gauche à droite : Jean-Claude Racouet, producteur Sodiaal, Gérard Maréchal, cadre Lactalis, Bruno Pinel, producteur Eurial et Ludovic Billard, producteur Biolait, participaient à un débat mardi dernier sur la filière bio à Pleucadeuc (56). De gauche à droite : Jean-Claude Racouet, producteur Sodiaal, Gérard Maréchal, cadre Lactalis, Bruno Pinel, producteur Eurial et Ludovic Billard, producteur Biolait, participaient à un débat mardi dernier sur la filière bio à Pleucadeuc (56).[/caption]

Le prix payé au producteur est déconnecté du prix du lait conventionnel (chez Sodiaal depuis 2016). Tous auscultent  le marché européen et l’attitude des concurrents étrangers. Les clients historiques et réguliers sont privilégiés dans le cas des pénuries comme en 2016 (année de sécheresse). Quelques différences notables au niveau de la collecte sont à noter : Biolait s’étend sur toute la France, Lactalis se concentre désormais au nord de la Loire pour limiter les coûts de logistique. Biolait prône le développement de la production quand Lactalis veille, en premier lieu, à l’adéquation collecte-marché.

Lait infantile bio

Les gammes de produits transformés s’élargissent. Eurial mise sur le développement de l’ultra frais et du beurre sur un marché local, produit de la poudre pour quelques marchés et mise sur la mozzarelle. Sodiaal démarre la production de lait infantile bio. Cette activité devrait représenter 50 % de la production de lait bio de la coopérative à terme. Lactalis poursuit sa progression sur le marché des GMS et cible la restauration hors domicile et les drives. Biolait collecte et vend le lait à des transformateurs (pas d’outils industriels), y compris à l’étranger pour une faible part. Aucun de ses clients ne peut acheter plus de 20 % de la production pour éviter une trop forte dépendance.

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Maintenir la crédibilité du bio

Le marché se porte à merveille, toutes les laiteries se battent pour asseoir la crédibilité du lait bio. « Nous devons avoir un cahier des charges commun exigeant », déclarent-ils. L’autonomie des fermes doit, selon tous les participants, être encore développée. Chez Biolait, la barre va prochainement être fixée à 100 % d’aliment français. « Pas de protéines importées. Le risque d’un scandale lié à la traçabilité des produits est trop élevé ». Eurial imagine une synergie de territoire avec un développement de la production de protéines locales. La mixité est dans le collimateur des opérateurs (coexistence d’ateliers bio et non bio sur une même exploitation). Les fermes devront être 100 % en agriculture biologique pour éviter toute confusion dans l’esprit des consommateurs. Tous redoutent une bio au rabais, qui pourrait être lancée par d’autres pays européens, avec des produits OGM par exemple.

« Nous serons très vigilants sur ce point », assurent-ils. L’augmentation de viande bio, parallèle à l’augmentation des effectifs de vaches laitières, ne les affole pas. « La bio se structure aussi au niveau de la viande. Il sera plus difficile d’augmenter la part de consommation de viande bio que de lait ou d’œufs bio mais, au pire, nos animaux peuvent être écoulés sur le marché conventionnel ». Dans la situation de marché actuelle, la filière laitière bio a peu de craintes. Elle doit continuer d’innover et, surtout, veiller à la préservation de sa crédibilité aux yeux des consommateurs.


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