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Alternatives aux antibiotiques

Le monde de l’élevage se doit de réduire l’utilisation des antibiotiques pour des raisons d’antibiorésistance bien connues. Les éleveurs ont en pris conscience et la courbe de consommation commence à s’inverser. La route est encore longue pour se passer de ces médicaments qui protègent la santé des animaux et facilitent la vie des éleveurs. D’autant plus que les bâtiments vieillissent et que s’accumule le retard d’investissements qui permettraient d’améliorer les conditions d’élevage. Des solutions existent cependant qui ont trait aux pratiques. Les vaccins et les autovaccins  bien sûr mais aussi des progrès dans la formulation des aliments. Les oméga 3, extraits des produits marins,  les protéines plus digestibles ou encore la phytothérapie viennent au secours des éleveurs. Nous vous présentons, dans les pages qui suivent, des témoignages d’éleveurs qui ont réussi à se passer, tout ou partie, des antibiotiques, appuyés par leurs vétérinaires ou par des experts en nutrition animale. Bernard Laurent[nextpage title=”L’usage des antibiotiques en forte baisse”]

Les ventes chutent de 27,5 % sur cinq ans en France. En post-sevrage, stade délicat, les usages baissent aussi.

Le suivi des usages d’antibiotiques a débuté en 1999, avec la mise en place par l’Anses* d’un dispositif national. Annuellement, les ventes d’antibiotiques sont chiffrées par espèce. Une approche qui montre une chute de l’exposition des porcs aux antibiotiques de 27,5 % sur 4 ans, entre 2009 et 2013. « C’est plus que l’objectif de réduction de 25 % affiché par le plan ÉcoAntibio qui prendra toutefois en compte la période 2012 – 2017 », fait remarquer Anne Hémonic, vétérinaire à l’Ifip.

19 % de jours de traitement en moins en post-sevrage

Mais cette approche sur les ventes, en amont du circuit de distribution des antibiotiques, n’est pas suffisante pour comprendre les usages de ces médicaments en aval du circuit, c’est-à-dire dans les exploitations. Les acteurs professionnels de l’élevage porcin ont donc décidé de mettre en place un outil complémentaire de suivi des traitements antibiotiques des animaux. Le panel Inaporc,  financé par l’Interprofession porcine et développé par l’Ifip avec l’appui de l’Anses, permet d’obtenir des données prélevées auprès des éleveurs, des vétérinaires et des usines d’aliments. Les usages d’antibiotiques sont décrits sur le plan quantitatif (niveau d’exposition des animaux par famille de molécules, voie d’administration, stade physiologique) et qualitatif (motifs de traitement, dosages, durée).

[caption id=”attachment_11070″ align=”aligncenter” width=”300″]Entre 2010 et 2013, le nombre de jours de traitement en post-sevrage a baissé de 19 % Entre 2010 et 2013, le nombre de jours de traitement en post-sevrage a baissé de 19 %.[/caption]

« Cela permet de comprendre comment une baisse est obtenue, de déterminer quels leviers on peut activer en priorité pour baisser le recours aux antibiotiques. » Le panel compte autour de 170 élevages tirés au sort, représentatifs de la production nationale. Entre les deux « photos » réalisées sur ce panel en 2010 et 2013, le nombre de jours de traitement en post-sevrage a baissé de 19 %. Une diminution d’autant plus intéressante que c’est sur cette catégorie d’animaux que l’utilisation d’antibiotiques est majoritaire. Les autres chiffres sur les évolutions d’usages seront précisés en février 2016 à Paris, à l’occasion des JRP (Journées de la recherche porcine).

La France, bonne élève en «multi-espèces»

Il est aujourd’hui difficile de comparer les usages d’antibiotiques entre pays, mais une étude publiée par l’Agence européenne du médicament (EMA) propose une approche. Les ventes d’antibiotiques vétérinaires réalisées en 2013 dans 26 pays européens sont comparées. Les résultats incluent toutes les espèces animales destinées à la consommation humaine (porcs, volailles, ruminants, chevaux, lapins, poissons) et sont exprimés en mg de matière active/PCU (1 PCU = 1 kg). « Parmi les 8 grands pays producteurs de porcs, la France fait partie des plus faibles utilisateurs d’antibiotiques (95 mg/PCU), derrière les Pays-Bas (70) et le Danemark (45). L’Espagne (317), l’Italie (302) et l’Allemagne (179) sont les plus gros consommateurs », souligne Anne Hémonic. En comparaison à 2011, seule la Pologne présente une hausse des ventes (+ 19 %). La France se place en 2e position sur la baisse des usages (- 20 %), derrière les Pays-Bas (- 39 %). Le Danemark se situait déjà en 2011 à un bas niveau d’utilisation.

Moins d’aliments médicamenteux

« La baisse est surtout liée à la moindre consommation d’aliments médicamenteux dans les élevages. Ceci est dû à la prise de conscience générale sur l’antibiorésistance et à une baisse des prescriptions de ces aliments médicamenteux. La restriction d’usage des céphalosporines de 3e et 4e générations, décidée en 2010, a aussi des effets très nets avec des baisses significatives de l’usage de ces antibiotiques critiques », indique Anne Hémonic en précisant également : « La réglementation impose aujourd’hui de réduire au maximum les usages préventifs d’antibiotiques. » Agnès Cussonneau

* Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.[nextpage title=”Le zinc bientôt autorisé ?”]

En alternative aux traitements antibiotiques, certains pays européens autorisent l’utilisation d’oxyde de zinc (ZnO) à des doses élevées dans l’alimentation des porcelets, sous forme de prémélange médicamenteux, à la période du sevrage. Une telle autorisation n’existe pas en France aujourd’hui. L’Anses a été saisie par le ministère de l’Agriculture afin de procéder à une évaluation bénéfice-risque de l’utilisation de l’oxyde de zinc dans l’alimentation des porcelets (efficacité pour l’animal, risque pour l’homme, l’animal, l’environnement).

Il ressort de ce travail que l’efficacité de l’oxyde de zinc en prévention des diarrhées modérées du post-sevrage chez le porcelet est démontrée à la dose de 3 100 ppm  et pour une durée maximale de 14 jours, mais cette posologie reste à optimiser. L’oxyde de zinc peut être considéré comme un moyen de prévention de ces affections digestives. L’évaluation du risque environnemental lié à l’utilisation d’oxyde de zinc en tant que prémélange médicamenteux (épandage de lisier de porcelets en post-sevrage) indique un risque toxique pour les différents compartiments de l’environnement (sédiment, aquatique et terrestre).

[caption id=”attachment_11072″ align=”aligncenter” width=”300″]L'oxyde de zinc, autorisé dans certains pays européens, interdit en France pour des raisons environnementales, semble être une solution du passé L’oxyde de zinc, autorisé dans certains pays européens, interdit en France pour des raisons environnementales, semble être une solution du passé.[/caption]

Recommandations

Sur la base de ce travail, l’Agence considère que des mesures de gestion visant à compenser ce risque doivent être envisagées. La première consiste à n’utiliser l’oxyde de zinc que dans des élevages avec ateliers d’engraissement, et ne traitant pas les lisiers avant épandage. L’Anses précise que l’autorisation éventuelle de l’oxyde de zinc en post-sevrage devrait s’accompagner de la mise en place d’un système de surveillance de la résistance au zinc, de la résistance croisée ou co-sélectionnée à certains antibiotiques et d’une surveillance annuelle des quantités utilisées au niveau national. Le décret européen doit paraître dans les semaines à venir. [nextpage title=”Le streptocoque contré par l’autovaccin”]
Depuis bientôt 2 ans, Philippe Jacob, à Bourg-Blanc (29), utilise un autovaccin sur ses 150 truies pour protéger les porcelets des streptocoques. Les méningites se font rares malgré le passage à l’aliment blanc.

« Il y a deux ans, je n’imaginais pas pouvoir utiliser un aliment 1er âge non médicamenteux », raconte Philippe Jacob, à la tête d’un élevage de 150 truies naisseur engraisseur et de 50 laitières. La supplémentation, dans l’aliment des porcelets, amoxiciline – colistine – flubendazole, avait évolué vers un cocktail TMP – colistine – flubendazole. Pour peu de résultats. Le post-sevrage était régulièrement plombé par la présence de streptocoques. « Il y avait de la mortalité due à des méningites foudroyantes – toujours parmi les plus beaux porcelets – et des arthrites. Nathalie Perez, vétérinaire de l’élevage, me parlait depuis déjà un petit moment de l’autovaccin. J’avoue que j’étais très sceptique. On entendait un peu de tout sur le sujet ». L’éleveur décide toutefois de tester la méthode. La souche du germe est prélevée sur des animaux malades non traités et identifiée en laboratoire. Les autovaccins sont utilisés sur les truies depuis avril 2014.

L’élevage en quelques chiffres

  • 150 truies naisseur-engraisseur,
  • 50 laitières,
  • 80 hectares dont 35 consacrés à la production porcine,
  • Conduite en 5 bandes,
  • 30,6 sevrés par truie,
  • GMQ 8-115 : 680 grammes,
  • IC global élevage 2,77.

2,32 €, la dose par truie

Une primo vaccination (2 injections) est réalisée sur les cochettes en quarantaine (8 semaines dans un local à l’écart de l’élevage). Le rappel est effectué en gestante, avec l’ensemble de la bande de truies, 4 semaines avant la mise bas. « Je prélève la quantité nécessaire d’autovaccin pour la bande et je la place à température ambiante. Le reste du flacon reste au réfrigérateur. À chaque truie son aiguille. Je diminue la ration journalière et je leur donne de l’aspirine. Il n’y a jamais eu d’avortements ni même de truies malades ». L’autovaccin (excipient huileux) assure une bonne immunité jusqu’en fin de PS et limite l’excrétion des germes. Le taux de pertes sevrage – vente a évolué favorablement : de 5,9% à 5,3%. « En parallèle, j’ai supprimé toute la supplémentation dans le 1er âge, que je peux désormais fabriquer à la ferme ».

Les dépenses liées aux antibiotiques (supplémentations orales et injections), qui s’élevaient à 1,48 €/100 kg de carcasse sont passées à 0,80 €/100 kg sur l’ensemble de l’élevage. La dose d’autovaccin coûte 2,32 € par truie (1 200 € par an pour l’ensemble du troupeau ou encore 0,31 € par porcelet). « La charge de travail n’est pas très importante car il s’agit d’un transfert d’immunité de la truie vers ses porcelets. Je n’ai pas besoin de vacciner les porcelets. Il faut simplement prévoir le planning de commandes de l’autovaccin ; il y a 5 semaines de délai avant la livraison ». Pour Nathalie Perez : « L’intérêt économique des autovaccins est encore plus évident sur une problématique actinobacillus mais la démarche va dans le bon sens et rassure l’éleveur ».

[caption id=”attachment_11073″ align=”aligncenter” width=”300″]Les truies vaccinées par « l'auto-vaccin » confèrent une immunité aux porcelets jusqu'à la fin du post-sevrage Les truies vaccinées par « l’auto-vaccin » confèrent une immunité aux porcelets jusqu’à la fin du post-sevrage.[/caption]

Dépenses de santé maîtrisées

Le vermifuge est administré à la pompe doseuse, en fin de post-sevrage. L’élevage, indemne de SDRP, a un bon statut sanitaire. Il est situé à l’écart des axes routiers et au centre d’un parcellaire groupé de 80 hectares qui exclut les nuisances éventuelles liées aux épandages d’autres élevages. Les blocs bâtiments sont bien séparés : « C’est un avantage même si les transferts d’animaux sont plus longs ». Le bâtiment post-sevrage a été rénové en 2014 (remplacement des caillebotis béton par des caillebotis fil dans certaines salles et réfection de l’isolation). Les porcelets sont vaccinés contre le mycoplasme (une injection) et contre le circovirus. Les truies bénéficient d’un protocole vaccinal classique, sans la grippe et avec un vaccin contre la colibacillose du porcelet. Au total, les dépenses de santé sont de 5,09 €/100 kg de carcasse. Bernard Laurent[nextpage title=”Les huiles essentielles limitent les diarrhées”]
Au centre de formation de Canappeville (27), les effets de la phytothérapie ont été mesurés sur les diarrhées colibacillaires en post-sevrage. Elle est désormais utilisée en routine.

« Nous avons commencé l’utilisation des huiles essentielles en post-sevrage à l’initiative de notre vétérinaire Pierre Nyssen et du laboratoire Phytosynthèse qui cherchaient un élevage pour conduire un essai grandeur nature », indique Hervé Allouchery, responsable de l’élevage de 280 truies, conduites en 10 bandes (sevrage à 28 jours). « L’élevage était sensible à la colibacillose et à l’infection aux streptocoques depuis plusieurs années. De ce fait, nous utilisions un aliment premier âge médicamenteux supplémenté en colistine et en amoxicilline. Cet aliment était distribué pendant 12 jours.

[caption id=”attachment_11074″ align=”aligncenter” width=”300″]Les produits de phytothérapie sont incorporés à l'aliment (2e âge) ou à l'eau de boisson (1er âge) Les produits de phytothérapie sont incorporés à l’aliment (2e âge) ou à l’eau de boisson (1er âge).[/caption]

Malgré cela, les épisodes de diarrhées et de streptocoques étaient fréquents après l’arrêt de la supplémentation et nous conduisaient à pratiquer des traitements épisodiques de 3 à 4 jours selon les bandes ». Des précautions étaient prises pour limiter les risques, notamment l’utilisation d’une formule deuxième âge sécurisée. Les résultats techniques du post-sevrage étaient satisfaisants, (respectivement 520 g de GMQ, 1,67 d’IC et 1,6 % de pertes). « C’est l’utilisation élevée d’antibiotiques qui expliquaient en partie ces performances ». Après quelques difficultés liées à l’adaptation du protocole d’utilisation des produits de Phytosynthèse, la phytothérapie a été adoptée et les antibiotiques supprimés.

Gains économiques

  • La suppression de la supplémentation de l’aliment premier âge dont le coût était de 0,45 euro par porcelet.
  • S’ajoute le montant des traitements curatifs estimés à 0,10 euro.
  • La différence de prix entre l’aliment fabriqué et le prix de l’aliment acheté peut être estimée à 50 euros par tonne, soit 0,25 euro par animal.
  • Une baisse des pertes en post-sevrage de 0,5 % peut être retenue. Cela représente pour l’élevage 30 porcelets sortis de post-sevrage et 1 500 euros de perte en moins, soit 0,25 euro par porc sorti.
  • Enfin, l’amélioration de l’IC de 0,1 point sur la période de post-sevrage permet une économie d’environ 0,5 euro. Au total, les améliorations économiques peuvent être estimées à 1,55 euro à mettre en comparaison au 0,82 euro de coût de la supplémentation en huiles essentielles. Le gain pour l’élevage est donc compris entre 0,5 et 1 euro par porcelet produit soit 3 000 à 6 500 euros par an.

Bilan positif

Les performances sanitaires et  techniques sont d’un bon niveau. « Attention, l’utilisation de la phytothérapie nécessite une autre rigueur que l’utilisation des antibiotiques en préventif. Nous contrôlons et relevons les consommations d’eau et de produits très régulièrement pour anticiper les problèmes de refus de boisson. Par ailleurs, il faut être attentif à l’état général des animaux et être prêt à intervenir pour traiter un individu ou une case. Nous traitons de temps en temps une ou plusieurs cases à la colistine contre les diarrhées colibacillaires ».

Colifit B et le Colifit C

Le Colifit B se présente sous forme liquide et contient des huiles essentielles parmi lesquelles on retrouve entre autres, l’eucalyptus et le thym. Il est incorporé à l’eau de boisson. Le Colifit C est sous forme de poudre car il contient des huiles essentielles et des extraits végétaux. L’incorporation ne pose pas de problèmes d’appétence à ces dosages.

Ce sont des traitements de 3 jours à la pompe doseuse. Les traitements collectifs contre les infections à streptocoques ont cessé. Seuls quelques animaux sont traités par injection. Le bilan est positif . « La suppression de l’antibio-prophylaxie est satisfaisante. Les croissances sont identiques et l’indice de consommation s’est amélioré de 0,1 point avec le changement de formule d’aliment. La maîtrise du streptocoque est plus simple. Cela nous a aussi donné la possibilité de fabriquer notre aliment premier âge ». Bernard Laurent[nextpage title=”Des omega 3 renforcent la santé des truies”]

Les 135 truies de l’EARL l’Étang, à Surzur (56) ont testé des aliments enrichis par deux oméga 3, aux rôles ciblés sur l’immunité et sur le transfert placentaire. Des gains sont observés sur le poids de portée et la santé des porcelets.

« En me portant volontaire pour tester des aliments truie, gestante et allaitante, formulés en oméga 3, j’espérais limiter les problèmes qui affectaient les résultats en maternité : nombre de petites portées, hétérogénéité des portées à la naissance, “diarrhées mayonnaises” des porcelets, pertes sous la mère », explique Gilbert Grelet, en charge de l’atelier porc de la société. Pour effectuer ses essais, Nutréa, fournisseur de l’aliment, recherchait, en priorité, des élevages où une seule et même personne gère l’ensemble des tâches liées à la reproduction. « Nous demandions un travail de notations : épaisseur de lard dorsal des truies à différents stades, températures rectales autour de la mise bas, poids des portées à la naissance et au sevrage, mais aussi un travail d’observation des animaux. Le but était d’avoir un bon retour d’informations dans l’objectif d’améliorer la santé des truies et, par voie de conséquence, des porcelets », précise Anne Bouché, responsable produits porc chez Nutréa. Les essais ont débuté en 2013 sur une durée de 9 mois, avec 3 bandes témoins puis 9 bandes en essai, à l’issue desquelles l’EARL l’Étang a adopté les nouveaux aliments enrichis en oméga 3.

L’exploitation en chiffres

  • 135 truies naisseur – engraisseur,
  • 70 vaches,
  • 145 hectares,
  • 4 UTH,
  • Conduite en 7 bandes de truies (28 jours au sevrage),
  • 12,3 sevrés par portée,
  • GMQ 8-115 : 787 g,
  • IC 8-115 : 2,33.

Un meilleur état des truies

Lors des tests, l’éleveur a noté une baisse des températures rectales des truies après la mise bas : de 38,5 à 38,3°C. « La baisse est relative mais ce n’était pas un gros problème sur l’élevage. J’intervenais rapidement en administrant un anti-inflammatoire pour limiter la  montée en température et le manque d’appétit ». Ces injections sont désormais rares. Les truies consomment plus et mieux depuis 2 ans. « Il y a moins de truies qui calent ». L’état des animaux était noté sur une échelle de 1 à 5 (Annotation de Ploufragan).

[caption id=”attachment_11077″ align=”aligncenter” width=”300″]Évolution des porcelets Évolution des porcelets.[/caption]

Les truies qui consommaient l’aliment enrichi perdaient globalement moins d’état en lactation : 73 % des truies en essai avaient une note au moins équivalente à 3, contre 60 % pour les truies témoins. De plus, les truies récupéraient plus vite sur le 1er tiers de gestation avec 89 % en note 3 ou 4, contre 56 % pour les truies témoins. Les mesures d’épaisseur de lard confirment les résultats. Parallèlement, le taux de fertilité des truies s’est amélioré de 5,4 points (89,3% en 2015 contre 83,9% en 2013)

[caption id=”attachment_11076″ align=”aligncenter” width=”300″]Le poids de portée total au sevrage a augmenté de près de 9 % et dépasse les 100 kg Le poids de portée total au sevrage a augmenté de près de 9 % et dépasse les 100 kg.[/caption]

Moins de diarrhées néonatales

Les truies bénéficient d’un protocole de vaccination classique. Elles sont, en plus, depuis plusieurs années, vaccinées contre les clostridiums et colibacilloses qui affectaient les porcelets. « Malgré cette vaccination, les diarrhées néonatales restaient fréquentes. Elles se font beaucoup plus rares depuis que les mères consomment le nouvel aliment. Je n’effectue plus aucun traitement contre les coccidies et je n’ai plus besoin d’administrer des réhydratants. Auparavant, il m’arrivait souvent de traiter les mères aux antibiotiques pour casser la transmission des pathogènes vers les porcelets ». L’éleveur assure également que la consommation des porcelets a augmenté en maternité. « Je n’ai rien changé dans la conduite à part l’aliment. La prolificité a augmenté sans perte de poids moyen des porcelets ». L’éleveur sevre un porcelet de plus par portée grâce à l’augmentation du nombre de nés (disparition des petites portées) et à la réduction du taux de perte sous la mère. Le poids de portée total au sevrage a augmenté de près de 9 % et dépasse les 100 kg.

Des oméga 3 bien spécifiques

L’acide éicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) sont deux acides gras semi-essentiels de la famille des oméga 3. Ils sont naturellement présents dans la rétine et le cerveau du porc. Des travaux suggèrent également un rôle important sur le développement du foie et des muscles. Riche en acide linolénique (LNA), l’huile de lin est habituellement utilisée comme précurseur pour stimuler la pro­duction naturelle d’EPA et de DHA par l’organisme. Or, le taux de conversion du LNA en EPA est à peine de 10 % et de moins de 0,5 % pour le DHA. Avec ses aliments Truie, Nutréa innove en apportant directement à la truie de l’EPA et du DHA, pour des bénéfices renforcés. L’EPA, via certaines huiles de poisson, réduit naturellement les réactions inflammatoires chez la truie avec la baisse des tempé­ratures corporelles et provoque un enrichisse­ment du colostrum en immunoglobulines G (IgG). Le DHA favorise le transfert placentaire des éléments nutritifs de la truie aux fœtus, et donc leur croissance.

Supprimer l’aliment médicamenteux

Le coût de la formulation sur la base de ces oméga 3 dans les aliments truies est de 5 € par tonne soit 6 € par truie pour une consommation annuelle de 1 250 kg. L’aliment 1er âge n’est plus supplémenté en antibiotique à visée digestive depuis un an. « Je vais faire des premiers essais à l’aliment blanc. Je crois qu’aujourd’hui, je peux supprimer l’aliment médicamenteux sans conséquences néfastes sur l’élevage ». Les porcelets sont vaccinés contre le mycoplasme et le circovirus de type 2 au même moment, à la seringue double corps. Les essais réalisés dans 2 autres élevages bretons confirment les bénéfices de cette approche nutritionnelle : moins de montées en température des truies après mise bas, meilleur état des truies, porcelets plus vigoureux et réduction du nombre de mises bas précoces. Bernard Laurent[nextpage title=”À la recherche de la protéine idéale”]

Limiter l’apport de protéines lors d’une phase de perturbation intestinale importante, mais en sélectionnant des protéines digestibles dans l’aliment 1er âge, permet de limiter les risques de diarrhées et de mortalité liés au sevrage.

Si la valeur de protéines brutes est un critère de différenciation de l’aliment, il est dorénavant important d’affiner cette donnée. Il vaut parfois mieux apporter moins de protéines mais des protéines dont le taux d’acides aminés absorbés par l’organisme sera plus intéressant… En effet, les protéines non absorbées lors de leur passage dans le tube digestif, jusqu’à l’iléon, servent de substrat permettant à une flore indésirable de se développer, comme les colibacilles, favorisant l’altération des muqueuses intestinales et l’apparition  des diarrhées.

Aussi, le choix de protéines sécurisées ou acides aminés digestibles est un des axes de travail mis en place par le groupe CCPA, firme-service basée à Janzé (35), pour aller vers la démédication de l’aliment des porcelets depuis 2009. Leur gamme d’aliments blancs et sécurisés Ax’Ecla s’est étoffée en 2014. « Si les conditions d’élevage le permettent, on peut se passer d’aliment médicamenteux en aliment 1er âge », rappelle Vincent Bégos, chef produit des aliments porcelet 1er âge, à CCPA. Mais pour cela, la transition doit être facilitée pour le porcelet. La consommation étant faible, un apport concentré en nutriments, en énergie et en acides aminés est vital.

[caption id=”attachment_11079″ align=”aligncenter” width=”300″] La transition alimentaire doit être facilitée pour le porcelet par un aliment riche en protéines digestibles et distribué avant le sevrage Pour se passer de médicaments autour du sevrage, la transition alimentaire doit être facilitée pour le porcelet par un aliment riche en protéines digestibles et distribué avant le sevrage.[/caption]

Diversifier les sources de protéines

La distribution d’aliment porcelet le plus digestible possible doit également être démarrée avant le sevrage pour habituer l’animal à cette diversification de nourriture en fin de phase lactée. Et ceci, pour contrer, lors de cette période d’adaptation alimentaire, des phénomènes d’anorexie qui perturbent la flore et le fonctionnement de l’intestin, avec pour conséquence une moindre absorption des nutriments et par la suite un animal plus faible et une moindre croissance.

[caption id=”attachment_11080″ align=”aligncenter” width=”300″]Vincent Bégos, ingénieur Nutrition porcine, CCPA Vincent Bégos,
ingénieur Nutrition porcine, CCPA.[/caption]

L’apport des acides aminés indispensables au porcelet est réalisé sous forme d’additifs mais surtout à 60 – 80 % par des sources végétales. C’est sur ce choix de matières premières digestibles que repose l’enjeu de la formulation de l’aliment : protéine de pomme de terre, concentré protéique de soja ou de pois, gluten de blé ou de maïs… L’apport de prébiotiques ou d’huiles essentielles influencera aussi le type de flore présente dans le système intestinal. Des extraits végétaux permettent une meilleure valorisation des nutriments.

Répondre à des demandes nouvelles

En tant que firme-service, CCPA a travaillé dès 2009 sur la mise au point d’un aliment non médicamenteux, pour répondre à la demande spécifique de quelques éleveurs rencontrant des problèmes d’œdème colibacillaire. Elle a étendu ses recherches pour apporter le même service aux problématiques liées au sevrage. D’un problème sanitaire, l’aliment blanc et sécurisé répond dorénavant aussi à une volonté de recherche de performances techniques, compatible avec le respect des règles fondamentales et la maîtrise de l’environnement de l’élevage.

Effet des matières premières qui composent l’aliment

La volonté maintenant est de mieux connaître la microflore intestinale du porcelet. Des recherches sont en cours avec des universités et des instituts de recherche. L’objectif, à terme, est de caractériser l’évolution de cette flore et de la rendre stable le plus rapidement possible par l’alimentation après le sevrage, afin de limiter les risques de dérapages digestifs. Le programme de recherche Axion lancé depuis 2004 par CCPA, a déjà permis de mieux connaître les interactions entre la nutrition et la santé des animaux. Elle collabore actuellement avec des chercheurs de l’Inra pour comprendre l’effet protecteur ou destructeur sur la fonction barrière de l’intestin des différentes matières premières entrant dans la composition des aliments.

Comme le tourteau de soja qui, à haute dose, accroît la perméabilité de l’intestin, d’où la diversification nécessaire des sources de protéines. « Ces travaux devraient permettre à terme l’élaboration d’un critère “santé” pour formuler les aliments, avec encore plus de sécurisation qu’aujourd’hui », espère le spécialiste. Et demain, la possibilité d’incorporer comme nouveaux additifs industriels de la leucine, de l’isoleucine ou de l’histidine, 3 des 9 acides aminés essentiels pour le porc, permettra d’optimiser les performances de croissance attendues tout en préservant l’intégrité intestinale des porcelets sevrés. Carole David[nextpage title=”Nous voulions sortir des protocoles de traitement antibios”]

La triple vaccination – SDRP, circovirus , mycoplasme – a contribué à améliorer le statut sanitaire, à l’EARL Collec, à Guimilliau (29). Le taux de perte sevrage – vente a diminué de 10 % à 5,8 % actuellement.

« Je crois qu’on avait tout essayé en termes de traitements antibiotiques à spectre digestif et respiratoire. Les différents protocoles adoptés avaient toujours de bons résultats au départ mais ne tenaient pas dans le temps. Et plus on augmentait les doses, moins cela marchait », indique Jean-Yves Collec, associé à son épouse Claudie et à son frère Jean-Pierre sur une ferme de 80 hectares et 240 truies, dans le Nord-Finistère. L’élevage avait surtout un statut respiratoire compliqué. La forte densité d’élevages et la proximité de la route où circulaient les tonnes à lisier venant de l’abattoir Gad et allant vers les zones d’épandages n’arrangeaient rien. « Sur les conseils de notre vétérinaire, nous avons adopté la méthode Combo, de triple vaccination, préconisée par le groupement Triskalia.

[caption id=”attachment_11081″ align=”aligncenter” width=”300″]Les charcutiers sont engraissés, après 120 jours d’âge, dans un bâtiment d’engraissement sur sciure Les charcutiers sont engraissés, après 120 jours d’âge, dans un bâtiment d’engraissement sur sciure.[/caption]

Depuis juin 2012, nous réalisons une vaccination contre le SDRP, sur l’ensemble du troupeau de truies, toutes les 16 semaines. Les porcelets sont également vaccinés une semaine après le sevrage. Les vaccins contre le circovirus et le mycoplasme (1re injection) sont administrés le jour du sevrage, à la seringue double corps. La seconde vaccination mycoplasme est réalisée quinze jours plus tard. » Cette double vaccination mycoplasme permet de protéger les porcs jusqu’au terme de l’engraissement. Le coût de la triple vaccination est de 2,70 €/porcelet. Les pertes sevrage – vente ont diminué, de 10 % à 6,5 %, très rapidement. La mortalité brutale en engraissement a disparu.

La triple vaccination Combo en chiffres

Le groupement Triskalia accorde une aide financière pour réaliser le diagnostic d’élevage (analyses) et pour la mise en place du programme Combo triple vaccination, de 20 à 55 centimes par porcelet (plusieurs vaccins peuvent être utilisés, selon les pathologies présentes sur l’élevage) et propose du matériel adapté : seringues double corps, Idal ou MS pulse (sans aiguilles).

Rompre la transmission des pathogènes

La supplémentation antibiotique dans l’aliment 1er âge a évolué, en parallèle. « Nous avons supprimé les antibiotiques à spectre respiratoire et conservé la colistine pour sécuriser l’aspect digestif au moment de la transition entre le 1er et le 2e âge. » Depuis 2014, la colistine a également été supprimée. La pompe doseuse, qui permet de traiter via l’eau de boisson, au besoin, n’a pas fonctionné depuis plus de six mois. L’aliment 1er âge est désormais fabriqué sur la ferme. « J’y incorpore des bactéries lactiques et des levures. » Ces levures sont également présentes dans l’aliment des truies. Les truies sont traitées à la lincomcine en poudre orale les 10 jours précédant la mise bas. « Nous avons tenté de rompre la transmission des pathogènes des mères vers leurs porcelets. Avec succès, car les diarrhées précoces ont disparu. Avant ce traitement, les porcelets étaient contaminés en maternité. Les traitements à la lincomycine des porcelets n’étaient pas efficaces sur la durée. »

Croissances linéaires

Les pertes en croissance sont aujourd’hui de 5,8 %. Objectif atteint. « On se pose désormais la question de la suppression de la lincomycine dans l’aliment des truies. » En parallèle, les éleveurs fabriquent un aliment « haut de gamme » en post-sevrage. « L’aliment était moins riche auparavant (bas niveau d’énergie, faible en protéines et riche en cellulose). Aujourd’hui, les croissances sont linéaires. Les porcelets sont plus lourds de 2 kg à la sortie de PS. La ration est plafonnée à 2,5 kg (une case, par bande, est pesée tous les 15 jours). »

Bilan sur 24 élevages en programme Combo Triskalia

  • Poids de carcasse : + 0,80 kg,
  • Plus-value : + 1 ct/kg,
  • Dépenses antibiotiques : – 0,18 €/porc,
  • % pertes sevrage-vente : – 0,5 %,
  • Âge 115 kg : – 1,9 jour,
  • Gain total : + 2,30 €/porc (soit 1,60 €/porc après déduction de la remise Combo).

Antibiotiques : 0,50 €/100 kg de carcasse

Les dépenses de santé sont de 5,20 €/100 kg de carcasse, dont 0,50 € d’antibiotiques (oraux et injectables). Les dépenses les plus importantes concernent le préventif, notamment les vaccins. Les règles de biosécurité sont respectées sur l’élevage : marche en avant, densité dans les cases, pas de mélanges de bandes… Le passage sur sciure (bâtiment récent), à 120 jours d’âge, compliqué auparavant, ne pose plus de problèmes. Les performances sont bonnes, conformes à celles attendues en élevage Label Rouge Opale : 600-650 grammes de GMQ par jour de vie, ce qui réjouit l’éleveur : « La démédication, particulièrement la diminution de l’usage des antibiotiques, était une démarche que nous souhaitions fortement, qui va dans le sens de la demande sociétale et que nous devons encourager, encore plus en production de porcs Label. » Bernard Laurent[nextpage title=”Les algues, une piste à explorer”]

Olmix propose des solutions à base d’algues pour diminuer l’utilisation des antibiotiques tout au long de la période d’élevage. Les éleveurs attendent maintenant des résultats concrets sur le terrain.

La société Olmix basée à Bréhand (56) travaille sur différents produits à base d’algues pour limiter l’usage d’antibiotiques dans les élevages. « Nous avons lancé cette démarche en poulet, nous la développons actuellement en production porcine », déclare Olivier Biannic, responsable marketing. Afin d’accompagner les éleveurs dans cette démarche, Olmix vient de recruter Philippe Gréau. « Depuis 15 ans, je parcours le monde et principalement les pays de l’Est pour monter de grosses structures de production et former les futurs éleveurs aux techniques de production. »

La France est déjà dans une démarche de réduction des antibiotiques, mais pour le responsable marketing Olmix : « Nous pouvons aller encore plus loin. » Il poursuit : « Nous voulons travailler sur l’environnement de l’animal pour limiter la pression sanitaire grâce à un mélange de minéraux, d’huiles essentielles et de montmorillonite, une argile avec des propriétés d’échange cationique. Ce produit a l’avantage d’être utilisable en présence de l’animal, d’agir sur le pulmonaire et d’assurer un environnement sec. »

[caption id=”attachment_11082″ align=”aligncenter” width=”300″]Ce produit a l’avantage d’être utilisable en présence de l’animal, d’agir sur le pulmonaire et d’assurer un environnement sec Ce produit a l’avantage d’être utilisable en présence de l’animal, d’agir sur le pulmonaire et d’assurer un environnement sec.[/caption]

Améliorer l’immunité grâce aux algues

Le deuxième axe de travail de la société concerne « l’écosystème interne » avec l’idée d’améliorer l’immunité de l’animal grâce à des extraits d’algues qui mobilisent la réponse immunitaire. « Il est important d’administrer le produit lors des périodes de stress comme le sevrage, la vaccination ou la transition alimentaire. » Une étude a mis en évidence que la protection de l’intestin des porcelets par un aliment complémentaire à base d’algue permet de diminuer l’incidence des diarrhées pendant la période de lactation. « Un autre point sur lequel nous nous penchons est la gestion du risque mycotoxine, nous avons un produit utilisable en FAF et chez les fabricants d’aliment qui permet de limiter ce risque. » Pour Philippe Gréau, 80 % de la solution permettant de diminuer l’usage des antibiotiques viendra du management des élevages. « Nous allons accompagner les éleveurs et les aider à mettre en place les solutions de management pour que nos produits soient utilisés au mieux. Ensuite, nous diminuerons progressivement les antibioques. » Nicolas Goualan[nextpage title=”Des truies et porcelets en forme grâce au lin extrudé”]

L’entreprise Valorex mène depuis le début des années 2000 des travaux mettant en évidence le rôle favorable d’un apport en omega 3 sur la santé des truies et des porcelets.

À ce jour, Valorex n’a pas encore chiffré la baisse d’utilisation de médicaments en élevage porcin que peuvent permettre ses aliments. « Mais nous avons par contre réalisé de nombreuses expérimentations dans le cadre de travaux de thèses avec l’Inra, apportant la preuve des bénéfices des graines de lin que nous sélectionnons pour leur teneur en oméga 3 et qui sont thermo-extrudées pour favoriser leur digestion par les animaux », précise Béatrice Dupont, directrice commerciale. Citons par exemple l’étude réalisée en 2010 en partenariat avec l’Ifip et l’Inra qui compare des régimes identiques où seul diffère le profil en acides gras sur des portées hyperprolifiques de 16 porcelets minimum. « L’aliment supplémenté en lipides permet de réduire la durée de la mise bas par rapport au lot témoin non supplémenté.

[caption id=”attachment_11083″ align=”aligncenter” width=”300″]Stéphane Deleau, directeur général Valorex, et Béatrice Dupont, directrice commerciale, devant la nouvelle ligne d’extrusion de Combourtillé (35) Stéphane Deleau, directeur général Valorex, et Béatrice Dupont, directrice commerciale, devant la nouvelle ligne d’extrusion de Combourtillé (35).[/caption]

Le rôle positif et connu des lipides est mis en évidence. Cependant, la qualité des acides gras compte également beaucoup puisque l’apport de 7 % d’aliment Valorex permet d’améliorer le rythme des mises bas de plus de 1 h 30 par rapport au lot témoin », indique Axel Minetto, ingénieur monogastrique. « Plus le délai de la mise bas est court, plus les porcelets ont accès à un colostrum de qualité et en plus grande quantité. » Ce qui se traduit dans les chiffres de l’étude au travers du taux de perte au sevrage à 28 jours. Avec l’aliment « lin », il descend à 14 % pour les porcelets de « petits poids », et à 11 % pour les « poids moyens ». Ces chiffres sont respectivement de 36 % et 24 % avec le témoin, et de 32 % et 12 % avec l’aliment contenant de l’huile de palme.

L’immunité des porcelets renforcée

Réalisé à l’Inra de Saint-Gilles, un autre essai montre que l’apport d’acides gras essentiels dans l’alimentation de la truie améliore l’état sanitaire des porcelets. « Le plasma sanguin de ces derniers affiche un taux deux fois moins important d’haptoglobine, marqueur de l’inflammation », chiffre Mathieu Guillevic. Selon l’expert, le taux « omega 6 / omega 3 » optimum en alimentation animale se situe en deçà de 4. Actuellement, il n’est pas systématiquement regardé par les fabricants d’aliments français.

Un lait de meilleure qualité au profit des porcelets

Une seconde expérimentation met en évidence le rôle des graines de lin extrudées dans la qualité du lait. En moyenne sur toute la durée de lactation (28 jours), la truie restitue ou synthétise trois fois plus d’oméga 3 avec l’aliment à base de lin qu’avec celui à base d’huile de tournesol. Ce lait plus riche améliore la santé des porcelets. « Les enzymes digestives sont plus actives, le système digestif est plus mature. L’absorption intestinale des nutriments s’accroît. La surface d’échange est augmentée (taille des villosités) et la membrane permet plus d’échanges par voie passive (fluidité et perméabilité due à la richesse en oméga 3) et par voie active (plus de canaux membranaires) », explique Mathieu Guillevic, ingénieur R&D et chef de projets. Agnès Cussonneau


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