nurserie-porc-batiment-maladie-dep-sante-bien-etre-animal - Illustration Un séjour en bulle isolée pour les porcelets sevrés

Un séjour en bulle isolée pour les porcelets sevrés

Les éleveurs Isabelle et Thierry Houget, en Ille-et-Vilaine, utilisent depuis six mois une nurserie spécifique pour assurer le passage immunitaire critique du porcelet après le sevrage.

A Argentré-du-Plessis (35), Isabelle et Thierry Houget mènent 160 truies en 4 bandes et sevrage à 21 jours. A l’occasion de la restructuration, ils ont parié sur une nurserie économe en énergie servant de passage sanitaire protégé entre le sevrage et l’entrée en pré-engraissement. Début avril, en partenariat avec la société ABS (Action Bâtiment Santé)  qui développe le concept, ils ont reçu éleveurs, techniciens, vétérinaires et responsables administratifs régionaux sur leur exploitation pour promouvoir ce bâtiment clé en main livré par camion-grue. Une coque faite de cinq couches de résine polyester recouvertes d’une couverture de bois. « Cet aspect extérieur plutôt joli donne une bonne image de la production porcine », commentait d’ailleurs un fonctionnaire présent.

Arnaud Millemann, chargé de mission développement durable, agriculture et économie verte auprès du préfet de Région rebondissait : « Oui, un bâtiment plus esthétique aide aussi dans le cadre d’une enquête publique. » Dans une région qui « produit 6 % de l’énergie qu’elle utilise avec une consommation sans cesse en augmentation », les représentants des pouvoirs publics s’intéressent à ce bâtiment d’élevage très peu énergivore, alors que du côté des éleveurs, l’opportunité de progresser sur l’aspect santé de la production porcine séduit.

Moins de problèmes sanitaires

Les porcelets sevrés entrent dans la nurserie et y demeurent « jusqu’à l’âge d’environ 50 jours. Nous les sortons en fonction de leur poids », explique Thierry Houget. Avec six mois de recul, l’éleveur tire un premier bilan : « ce bâtiment nous permet de résoudre les problèmes sanitaires comme les diarrhées, les nécroses aux oreilles. » Après le passage par la nurserie, les animaux entrent « plus résistants en pré-engraissement : ils ont déjà produit des anticorps » pour passer le cap. Ce fameux cap, c’est la période à haut risque d’infection quand l’immunité maternelle (ou acquise) ne fait plus effet et que le jeune animal se retrouve sans défense confronté à une charge microbienne importante dans un contexte stressant (transition alimentaire, séparation de la mère, changement d’environnement).

Pour Jean-Michel Lecorre, « cette nurserie, c’est le même principe que les enfants-bulles sans immunité qu’on isole du monde extérieur. Les porcelets ont quelques semaines pour se renforcer, se préparer à lutter contre les germes… » Pour Olivier Bouchonneau, porcher qui a déjà investi dans deux de ces nurseries, « c’est le cœur de l’élevage, placé au centre entre les truies et l’engraissement. » A l’arrivée, les trois utilisateurs du concept présents témoignaient de la même manière : « des animaux en meilleure santé, une utilisation moindre d’antibiotiques et un plus sur les croissances. »

[caption id=”attachment_9458″ align=”aligncenter” width=”300″] Isabelle Houget et son époux Thierry Isabelle Houget et son époux Thierry.[/caption]

La nurserie a été livrée le 31 septembre 2013. Elle est entrée en fonctionnement dans la foulée, à la mi-octobre : actuellement, c’est le 6e lot de porcelets qui l’occupe. « Dans le cadre de la restructuration de l’élevage et par souci de simplicité, une des premières choses qui nous a plu est de n’avoir affaire qu’à un seul interlocuteur pour monter ce bâtiment, explique Isabelle Houget. Nous n’avions pas à réfléchir aux matériaux, à comparer les fournisseurs… C’était du clé en main. » Son époux Thierry poursuit : « l’autre avantage est que ce concept s’intégrait parfaitement dans notre conduite d’élevage par rapport à la taille des bandes, au sevrage à 21 jours et à la présence d’un pré-engraissement et de trois engraissements. » Côté confort de travail, le couple apprécie aussi : « nous remplissons les doseurs d’aliment en 30 minutes chaque jour. Et le tour est joué ! » Budget du projet : « un peu plus de 200 € la place, compter 85 000 € H.T. au total pour un module de 400 places, seul format disponible », calcule l’installateur. « C’est plus cher de la place, mais le retour sur investissement passe par les économies sur la facture d’énergie importantes et la santé des porcelets sensiblement améliorée. »

[caption id=”attachment_9459″ align=”aligncenter” width=”300″]On se sent bien dans cette nurserie, résume tout simplement Thierry Houget On se sent bien dans cette nurserie, résume tout simplement Thierry Houget.[/caption]

Suite à leur entrée dans le bâtiment, les porcelets défèquent à travers les caillebotis métal dans une fine pellicule d’eau qui sert également de couche d’isolant. « Il n’y a jamais plus de 2 ou 3 cm d’épaisseur de lisier en-dessous : ce renouvellement rapide évite que les déjections fermentent à proximité des animaux. Il y a moins de crottes et moins d’ammoniac », détaille Jean-Michel Lecorre. Résultat : « On se sent bien dans cette nurserie », résume tout simplement Thierry Houget. Même si ce dernier avoue que « le lavage est un peu plus long qu’en bâtiment standard. Mais comme tout est blanc, on voit très bien les zones où insister. Les coins arrondis facilitent aussi la tâche. Au final, tout est super propre. » Deux autres utilisateurs, Olivier Bouchonneau, naisseur-engraisseur dans la région de Cholet, et Jacques Boishardy, producteur de porc à Plaintel (22) abondaient : « On sort la bande le matin, le soir tout est propre. A chaque fois, on repart avec un bâtiment neuf. »

[caption id=”attachment_9460″ align=”aligncenter” width=”200″]il y a toujours une légère surpression dans le bâtiment il y a toujours une légère surpression dans le bâtiment.[/caption]

« En matière de chauffage-ventilation, la seule chose sur laquelle nous intervenons est cette trappe sur la porte du fond. Il faut veiller à ne pas trop l’ouvrir quand il y a peu de ventilation pour éviter que les mouches ne rentrent : il y a donc toujours une légère surpression dans le bâtiment », expliquent les éleveurs. Pour le chauffage, la gestion est automatique. Quand le bâtiment n’est pas plein d’animaux, une sonde peut déclencher des impulsions du système pour remonter la température intérieure. « Mais cela est très rare lors d’un hiver sans gelée. » Toma Dagorn


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