« Je cherche avant tout à simplifier la conduite », déclare Marc Rabadeux, éleveur laitier à Pléchâtel (35). Il a ouvert les portes de sa ferme lors des Innov’action de la Chambre d’agriculture Bretagne. Depuis son installation en 2016 avec ses parents, le système a évolué vers davantage de pâturage. Dans cette zone du sud Ille-et-Vilaine, les rendements maïs sont très moyens.
Simplifier le travail
« En 2018, un forage et un réseau d’eau approvisionnant les pâtures ont été installés. Le cheptel était en race Prim’Holstein avec quelques Normandes. En 2020, j’ai acheté 25 vaches jersiaises, plutôt jeunes, provenant d’un seul élevage en Normandie. Je souhaite aller vers un troupeau jersiais et kiwi. » Il y a 5 ans, la SFP comprenait encore 43 % de maïs ensilage. En 2022, l’éleveur, seul sur l’exploitation, a réduit cette part à 10 % et est passé en monotraite. La production de lait a chuté de 608 000 L en 2020 à 310 000 L aujourd’hui. Le choix du bio n’a pas été fait. « Je réalise encore deux passages d’herbicides sur céréales. »
Zéro concentré pour les vaches traites
Désormais, le maïs n’est plus cultivé sur l’EARL de la Linelais. La SAU de 98 ha est principalement en herbe (90 ha) avec 7-8 ha de céréales à côté : du blé vendu et du triticale autoconsommé. « Les 83 vaches laitières produisent 3 700 L par VL en moyenne. Le pâturage des vaches traites (environ 70) est maximisé, de mars à décembre, sur 30-32 paddocks de 1 ha. Elles ne reçoivent pas de concentré. Les vaches taries sont nourries au foin, avec un peu de céréales de l’exploitation et du minéral adapté. »
Globalement, si la production laitière a chuté de moitié entre 2021 et 2025, le coût alimentaire a aussi baissé du fait de la maximisation du pâturage et de l’arrêt des concentrés et du maïs ensilage : il est passé de 115 € à 84 €/1 000 L. Par ailleurs, « les taux de 56 en TB et 40 en TP génèrent un prix supérieur ».
Des veaux sous la mère pendant 3 mois
La simplification est aussi de mise pour les veaux « qui sont élevés avec leur mère pendant 3 mois, en bâtiment et au pâturage. J’ai vendu mes niches à veaux », témoigne l’éleveur. L’objectif est de 20 % de renouvellement. Pour optimiser les accouplements, les femelles sont génotypées. « Une quinzaine de génisses par an sont gardées pour l’élevage, inséminées en semence sexée jersiaise. Au sevrage, elles sont nourries avec un aliment complet à base de maïs grain et de minéral. »
Sur les autres femelles, Marc Rabadeux utilise de la semence jersiaise non sexée et fait du croisement viande en Blanc Bleu. Les premiers vêlages ont lieu en moyenne à 24 mois. Une période sans naissance a été instaurée, du 10 décembre à mi-février.
Agnès Cussonneau
3,5 tonnes de stocks d’herbe
Que ce soit pour le pâturage, la fauche ou les prairies mixtes, un seul mélange prairial est utilisé sur l’EARL de la Linelais, en place pour une longue durée. Dans les 31 kg/ha de semences, sont associés 15 kg de RGA (34 % diploïde Delika et 66 % tétraploïde Sucral), 10 kg de fétuque élevée, 3 kg de trèfle violet et 3 kg de trèfle blanc giga. Aucun intrant n’est acheté. « J’épands 15 t/ha de fumier de bovins début décembre », explique Marc Rabadeux. 2 100 kg MS/UGB sont stockées (700 bottes d’enrubannage et 100 bottes de foin par an), avec 4 fauches par an. « Pour plus de souplesse, je possède une faucheuse avant et une enrubanneuse en propre. » Les chantiers d’enrubannage se font sur 4-5 jours.

