Dossier technique

Une enceinte modulable pour produire plus de lait

Gaec du Gohlud, Camors (56) - Construit en 2010, le bâtiment traverse les époques en sachant évoluer pour répondre à l’agrandissement du troupeau comme à l’arrivée de la robotisation de la traite.

Une étable pour vaches laitières de race Holstein équipée de logettes  - Illustration Une enceinte modulable pour produire plus de lait
Plongée dans l'étable à logettes creuses du Gaec de Gohlud | © Paysan Breton - T. Dagorn

Le bâtiment du Gaec du Gohlud a été mis en service en 2010. À l’époque, pour un investissement de l’ordre de 700 000 €, il abritait un couchage sur litière accumulée pour loger 120 vaches produisant 850 000 L de lait. La salle de traite 2 x 12 postes TPA avait été placée en position centrale accolée à l’enceinte, entre deux aires paillées. « Au fil des années, cette disposition particulière nous a fait expérimenter la conduite en un seul lot ou en deux lots », se rappelle Ludovic Thomazo, l’un des trois associés qui s’occupe plus particulièrement du suivi de l’atelier laitier.

Amélioration de la santé mammaire en logettes

Mais l’effectif ayant peu à peu augmenté jusqu’à atteindre 145 vaches, la surface de litière était devenue insuffisante. « En 2017, à l’installation de Grégory, nous avons donc allongé la stabulation pour loger les taries et mené des travaux pour passer en logettes creuses. » Ces dernières sont alimentées avec un mélange paille, carbonate et eau réalisé dans la mélangeuse et apporté au godet pailleur. Il faut compter 2 h 30 de travail par semaine pour les recharger. « En termes de propreté et de confort des vaches, c’est une excellente solution. En prime, alors que nous avions des problèmes de cellules, le passage en logettes a eu un effet positif significatif et presque immédiat sur la santé mammaire. » Au même moment, les éleveurs se sont penchés sur la qualité de l’eau. Le traitement de l’eau du forage de la ferme a été mis en place « pour déferriser, enlever le manganèse avant de rajouter du chlore ». Une cuve tampon de 20 000 L permet d’assurer un débit constant. Grâce à un système de by-pass, l’eau du réseau peut prendre le relais aussitôt en cas de problème.

De la perspective avec les rideaux enroulables

En 2020, sur les longs-pans, les bardages claire-voie ont été démontés et remplacés par des rideaux brise-vent enroulables. Ces derniers sont pilotés par une station météo grâce à des sondes mesurant la température dans le bâtiment, la présence de vent et de pluie à l’extérieur. « Les rideaux sont souvent baissés. Dès leur installation, l’ambiance a changé pour les animaux et pour nous. L’enceinte est devenue plus lumineuse bien sûr. Et puis l’ouverture a donné une autre perspective en étant désormais connectés au paysage dehors. » Surtout, l’été, lors des coups de chaud, la stabulation est plus agréable à vivre grâce au flux qui la traverse en renouvelant l’air.

Les bardages claire-voie ont été démontés

Ensuite, il a fallu attendre 2024 pour voir une autre grande évolution dans le bâtiment. Pour une nouvelle enveloppe d’investissement de 700 000 €, deux robots de traite ont été installés, des logettes rajoutées (153 places désormais), les sols rénovés, des espaces techniques créés… Avant d’accueillir les automates, l’enceinte a donc été élargie de six travées côté nord (pour créer une nouvelle nurserie, un bureau et un local technique), soit 420 m2, et réaménagée. Les anciennes salle de traite et nurserie ont été cassées pour loger respectivement les box d’isolement et les cases de préparation au vêlage.

Un chantier de 1 000 m2 de tapis au sol

En amont de la mise en route des robots, des tapis Magellan (Bioret Agri) ont aussi été posés dans tous les couloirs. « Les bétons étaient lisses. Nous voulions prévenir les chutes. » Un sacré chantier, se rappelle Yvonnick Guéhennec : « Nous étions 12 personnes sur le pont pendant deux jours à percer et poser des chevilles à frapper pour installer près de 1 000 m2 de revêtement. »

Des sabots plus secs grâce au revêtement de sol rainuré

Depuis, il n’y a eu aucun animal écasillé. « Le plus frappant a été de voir pour la première fois nos vaches courir dans le bâtiment. » Les associés sont sensibles à la problématique des boiteries. Grégory Thomazo s’est formé auprès d’Innoval et passe huit à dix vaches (boiteuses, prêtes à tarir) chaque semaine dans la cage de parage. Les éleveurs estiment qu’il y a moins de dermatites depuis la pose des tapis : « Grâce aux racleurs qui passent toutes les deux heures et aux rainures du revêtement, il y a moins d’humidité sur les sols. Résultat, les sabots restent plus secs et plus sains. »

Des vaches de race Holstein autour de deux abreuvoirs
Devant les robots, deux abreuvoirs de 4,80 m alimentés par l’eau tiède du pré-refroidisseur sont très appréciés des animaux.

Un bâtiment facilement modulable

Aujourd’hui, pour apporter encore davantage de confort aux animaux, les associés se posent des questions sur l’intérêt d’installer des brasseurs d’air pour assécher le sol et l’air. « Et pour mieux passer les jours de chaleur sans vent afin d’éviter les baisses de fréquentation des robots et de production. » En fait, l’équipe regarde toujours vers l’avenir. « Nous avons la chance d’avoir un bâtiment facilement modulable. En 2010, nous produisions dedans 850 000 L de lait. Aujourd’hui, c’est le double… Et notre stabulation a encore la capacité d’accueillir un 3e robot, en visant 55 vaches par stalle pour garder de la sérénité dans la conduite de troupeau. Si nous trouvons du lait à produire, cela pourrait être un projet à horizon 2027 », termine Yvonnick Guéhennec.

Toma Dagorn

En robot, plus de lait avec moins de vaches

Au départ, Ludovic Thomazo, de nature animalière, n’était « pas très pour » la robotisation. Mais son sentiment a changé à l’usage : « C’est une autre approche, une autre relation avec les animaux. Je passe finalement plus de temps avec eux qu’auparavant. » D’autant que la traite automatisée a vite eu un impact important puisque le Gaec livre désormais plus de lait avec un effectif de vaches plus faible. « En traite conventionnelle, le troupeau de 145 vaches produisait 1,5 million de litres de lait. En robot, à 123 vaches, il va atteindre 1,6 million sur la campagne en cours. » Le niveau d’étable a grimpé de 32 kg de lait par vache et par jour à 38 – 39 kg en robot (2,9 traites par vache par jour en moyenne). « Passée la période compliquée d’adaptation des vaches aux robots », la vie des éleveurs a aussi changé. « Même si nous restons des matinaux, la traite robotisée nous a tous fait gagner une demi-heure de sommeil le matin. Les week-ends sont aussi plus simples à prendre en charge seul », note Yvonnick Guéhennec.

Objectifs annuels

Les associés apprécient travailler avec des conseillers indépendants. Une fois par an, ils réunissent leur expert-comptable (Agrigestion), leur nutritionniste (BR Nutrition) et leur conseiller en cultures (Ter-Qualitechs) autour de la même table. « Ensemble, on définit des objectifs de progression ainsi que les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. Comme par exemple produire plus de lait par vache avec un coût alimentaire maîtrisé en face. »


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