S’installer en relançant le lait

Dans le cadre d’une reconversion professionnelle, Vanessa Verger a repris une ferme au foncier groupé où l’élevage laitier avait disparu depuis quelques années. Elle mise sur le pâturage avant tout pour maîtriser ses coûts.

Une éleveuse au milieu de vaches de race Jersiaise au pâturage - Illustration S’installer en relançant le lait
Vanessa Verger mène un troupeau de 53 Jersiaises. | © Paysan Breton - T. Dagorn

« Quand tu veux t’installer, tu ne sais pas trop par quoi commencer », raconte Vanessa Verger, reconvertie éleveuse à 39 ans (voir encadré). « Au RDI, j’ai trouvé des pistes. Entre 2019 et 2021, j’ai visité sept exploitations. » Cherchant de « l’accessible au pâturage en Centre-Bretagne », elle est tombée sur cette ferme de La Harmoye. « Tout collait. Je me sentais bien dans ce lieu calme. Le relationnel avec des cédants formidables a aussi beaucoup compté. » Sans apport personnel, le prévisionnel du centre comptable a été important. « Je n’ai pas eu à négocier avec les cédants qui avaient vraiment envie d’installer. J’ai racheté le bâtiment, deux tracteurs, un peu de matériel… » Le foncier est loué. « Si j’avais dû acheter la terre, je ne pouvais pas me lancer. »

Tout resemer en prairies

L’exploitation a longtemps été menée en « système breton classique », décrit Vanessa Verger : un couple livrant 350 000 L de lait, des Holstein, une ration herbe – maïs – soja… « Mais sur leur fin de carrière, la production laitière a été abandonnée en 2018 au profit des céréales. » Après une première visite en janvier 2021, la repreneuse s’est installée sur place dès août 2022 avec sa caravane et ses trois chevaux. « Ces six mois avant de reprendre les rênes ont été précieux dans la transmission des terres et des informations. » L’occasion aussi de rénover les bâtiments et de réinstaller une salle de traite (2 x 5 avec dépose automatique d’occasion). « Comme je voulais me lancer en bio, les cédants ont anticipé la conversion des terres en 2022. En septembre, toute la surface a été semée en prairies RGA – trèfle blanc… »

Les cédants avaient vraiment envie d’installer

Vanessa Verger s’est officiellement installée le 1er janvier 2023. Mais ses premiers litres de lait n’ont été collectés qu’en mai. « J’avais réservé un troupeau de Normandes au printemps 2022. » Malheureusement, à l’automne, l’augmentation du prix de la viande a poussé son vendeur à choisir une autre option et le cheptel lui a échappé. Pour rebondir, elle a trouvé un troupeau de Jersiaises (45 vaches et 10 génisses) déjà conduites en bio dans le Morbihan. « Tout le monde venait du même endroit, un avantage d’un point de vue sanitaire. Avec du recul, je suis ravie de la Jersiaise : une vache à taille humaine qui vêle facilement et donne un lait riche. » Début octobre, à l’herbe, les analyses rapportaient 60 de TB et 40 de TP.

Légers pour pâturer

« Ces animaux valorisent bien le pâturage. Légers, ils ne matraquent pas les chemins et sont capables de sortir tout l’hiver. » Lors de l’hiver 2024 – 2025, le troupeau n’a passé que 21 jours en bâtiment. « 43 des 55 ha sont accessibles depuis l’étable. » Les stocks sont constitués 300 à 400 bottes par an d’enrubannage, de 100 bottes de foin et d’ensilage de méteil (semis de prairie sous couvert).

Après bientôt trois ans, Vanessa Verger qui voulait travailler à son compte se dit très heureuse. « La première année a été très chargée, le temps de tout mettre en place : clôtures, réseau d’eau, bâtiments… En 2024, j’ai livré 196 000 L de lait. Avec 30 €/1 000 L de coût alimentaire et 533 € de marge brute lait, c’était une bonne année. »

Toma Dagorn

Prévoir du fonds de roulement

Vanessa Verger a été 17 ans responsable d’écurie au Centre équestre de Loudéac. Avant, elle avait obtenu un Bac pro CGEA (option équins). « Pendant mes études, j’ai effectué un stage sur un élevage de Corlay où il y avait des chevaux et des vaches. Le lait m’avait laissé un bon souvenir. » En 2013, elle a tenté de s’installer en juments laitières. « Mais le marché était assez fermé. » Les années ont passé, estimant qu’elle avait « fait le tour du monde du cheval », elle s’est alors orientée vers les vaches. Aux porteurs de projet, elle recommande de « visiter des fermes qui correspondent à ce que l’on projette de faire ». Elle voulait un système herbager : « Comme l’herbe, c’est très technique, je me suis rapprochée du Cédapa des années avant de démarrer. » En plus du coût de la reprise, elle conseille aussi de prévoir du fonds de roulement : « DJA, Pac, aides de l’agglomération ou de la laiterie ou de la Pac, tout n’arrive pas tout de suite… »


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article