« Quand tu veux t’installer, tu ne sais pas trop par quoi commencer », raconte Vanessa Verger, reconvertie éleveuse à 39 ans (voir encadré). « Au RDI, j’ai trouvé des pistes. Entre 2019 et 2021, j’ai visité sept exploitations. » Cherchant de « l’accessible au pâturage en Centre-Bretagne », elle est tombée sur cette ferme de La Harmoye. « Tout collait. Je me sentais bien dans ce lieu calme. Le relationnel avec des cédants formidables a aussi beaucoup compté. » Sans apport personnel, le prévisionnel du centre comptable a été important. « Je n’ai pas eu à négocier avec les cédants qui avaient vraiment envie d’installer. J’ai racheté le bâtiment, deux tracteurs, un peu de matériel… » Le foncier est loué. « Si j’avais dû acheter la terre, je ne pouvais pas me lancer. »
Tout resemer en prairies
L’exploitation a longtemps été menée en « système breton classique », décrit Vanessa Verger : un couple livrant 350 000 L de lait, des Holstein, une ration herbe – maïs – soja… « Mais sur leur fin de carrière, la production laitière a été abandonnée en 2018 au profit des céréales. » Après une première visite en janvier 2021, la repreneuse s’est installée sur place dès août 2022 avec sa caravane et ses trois chevaux. « Ces six mois avant de reprendre les rênes ont été précieux dans la transmission des terres et des informations. » L’occasion aussi de rénover les bâtiments et de réinstaller une salle de traite (2 x 5 avec dépose automatique d’occasion). « Comme je voulais me lancer en bio, les cédants ont anticipé la conversion des terres en 2022. En septembre, toute la surface a été semée en prairies RGA – trèfle blanc… »
Les cédants avaient vraiment envie d’installer
Vanessa Verger s’est officiellement installée le 1er janvier 2023. Mais ses premiers litres de lait n’ont été collectés qu’en mai. « J’avais réservé un troupeau de Normandes au printemps 2022. » Malheureusement, à l’automne, l’augmentation du prix de la viande a poussé son vendeur à choisir une autre option et le cheptel lui a échappé. Pour rebondir, elle a trouvé un troupeau de Jersiaises (45 vaches et 10 génisses) déjà conduites en bio dans le Morbihan. « Tout le monde venait du même endroit, un avantage d’un point de vue sanitaire. Avec du recul, je suis ravie de la Jersiaise : une vache à taille humaine qui vêle facilement et donne un lait riche. » Début octobre, à l’herbe, les analyses rapportaient 60 de TB et 40 de TP.
Légers pour pâturer
« Ces animaux valorisent bien le pâturage. Légers, ils ne matraquent pas les chemins et sont capables de sortir tout l’hiver. » Lors de l’hiver 2024 – 2025, le troupeau n’a passé que 21 jours en bâtiment. « 43 des 55 ha sont accessibles depuis l’étable. » Les stocks sont constitués 300 à 400 bottes par an d’enrubannage, de 100 bottes de foin et d’ensilage de méteil (semis de prairie sous couvert).
Après bientôt trois ans, Vanessa Verger qui voulait travailler à son compte se dit très heureuse. « La première année a été très chargée, le temps de tout mettre en place : clôtures, réseau d’eau, bâtiments… En 2024, j’ai livré 196 000 L de lait. Avec 30 €/1 000 L de coût alimentaire et 533 € de marge brute lait, c’était une bonne année. »
Toma Dagorn
Prévoir du fonds de roulement
Vanessa Verger a été 17 ans responsable d’écurie au Centre équestre de Loudéac. Avant, elle avait obtenu un Bac pro CGEA (option équins). « Pendant mes études, j’ai effectué un stage sur un élevage de Corlay où il y avait des chevaux et des vaches. Le lait m’avait laissé un bon souvenir. » En 2013, elle a tenté de s’installer en juments laitières. « Mais le marché était assez fermé. » Les années ont passé, estimant qu’elle avait « fait le tour du monde du cheval », elle s’est alors orientée vers les vaches. Aux porteurs de projet, elle recommande de « visiter des fermes qui correspondent à ce que l’on projette de faire ». Elle voulait un système herbager : « Comme l’herbe, c’est très technique, je me suis rapprochée du Cédapa des années avant de démarrer. » En plus du coût de la reprise, elle conseille aussi de prévoir du fonds de roulement : « DJA, Pac, aides de l’agglomération ou de la laiterie ou de la Pac, tout n’arrive pas tout de suite… »

