Avant d’acheter, la vraie question n’est pas seulement « neuf ou occasion ? », mais surtout : « Mon exploitation peut-elle supporter cet investissement ? ». L’investissement, quel qu’il soit, ne doit pas fragiliser l’équilibre financier. Les priorités doivent permettre de financer les besoins courants (approvisionnements, GNR…) et de préserver une marge de sécurité (environ 10 % de l’EBE) ; Il doit être aussi nécessaire à l’exploitation agricole.
Maîtriser sa situation et ses capacités financières
L’erreur courante ? Ponctionner la trésorerie de fonctionnement ou négliger le ratio annuité/EBE. Un autofinancement intégral est rarement recommandé, car il fragilise la trésorerie de l’exploitation. Lors d’un financement, un apport de 20 à 30 % (issu par exemple de la reprise de l’ancien matériel) est souvent demandé. La capacité de remboursement doit toujours être analysée avant tout achat.
Les incidences fiscales font la différence
L’achat de matériel neuf permet de bénéficier de l’amortissement dérogatoire : des charges plus fortes les premières années, intéressantes pour optimiser le résultat ou lisser une plus-value. Par exemple, un tracteur à 100 000 € amorti sur 5 ans peut dégager 40 000 € de charge dès la première année (contre 20 000 € en linéaire). En revanche, ce régime n’est pas autorisé pour de l’occasion, où seul le linéaire est applicable. Autres atouts du neuf : la garantie constructeur, une fiabilité accrue et une meilleure valeur de revente à terme. Mais attention : coût d’achat élevé, décote rapide, délais de livraison longs, amortissements très bas les dernières années, sont autant de raisons qui pourraient pousser à investir dans de l’occasion. En effet, l’occasion séduit par son coût réduit et sa moindre perte de valeur. Sa disponibilité immédiate est un atout, mais il convient d’être vigilant aux vices cachés et à l’usure du matériel. Il faut veiller à la bonne utilisation de son parc et à son maintien en bon état, pour qu’il soit efficient sur l’exploitation, et que sa revente soit possible.
Un choix personnalisé, pas une recette toute faite
Se tourner vers le neuf ou l’occasion ? Il n’existe pas de réponse universelle. L’âge du parc, le rythme de renouvellement, les orientations fiscales, l’organisation du travail, voire l’adhésion à une Cuma, sont autant de critères à intégrer.
Luc Hoarau / Orcom
Une stratégie propre à chacun
Le choix entre matériel neuf ou d’occasion ne se résume pas à une simple question de prix. Il doit être guidé par la capacité de remboursement, la stratégie de développement, les objectifs fiscaux et les besoins réels de l’exploitation. Chaque situation est unique. Se faire accompagner par un expert permet de sécuriser l’investissement, d’optimiser ses effets sur le plan financier et opérationnel, et faire le bon choix.

