Dossier technique

À chaque lot de vaches son bâtiment

Gaec de Lopré, Loc-Brévalaire (29) - La dernière construction du Gaec est réservée aux primipares, les robots de traite sont adaptés à ces jeunes animaux pour leur apprentissage. Le troupeau est divisé en 3 lots, chacun dispose de son propre bâtiment.

Une vache dans une logette - Illustration À chaque lot de vaches son bâtiment
Dans le bâtiment des primipares, les logettes sont légèrement plus étroites, avec 1,08 m de largeur.

Il fallait environ 1 h 30 pour traire les 200 vaches laitières dans la salle de traite rotative quand celle-ci était encore en place. « Nous étions toujours à deux, mon père était présent à chaque traite », se souvient Gauthier Bozec, associé avec son père et son oncle à Loc-Brévalaire (29). Depuis, le Gaec de Lopré est passé en système robotisé « pour gagner en souplesse, en production et pour pouvoir collecter des données ». Ce changement s’est accompagné d’investissements dans les bâtiments existants, ainsi que dans une autre stabulation qui a vu le jour pour accueillir les primipares. Les travaux sont actuellement en passe de se terminer ; les 6 robots fonctionnent déjà, un système de distribution automatisé de l’alimentation va prochainement être mis en route. « À mon installation en 2020 et avec la reprise d’une exploitation voisine, la production s’est établie à 3 millions de litres. Dans notre projet, le troupeau va atteindre 300 vaches à la traite, la référence sera de 4 millions ». Quand tous les travaux seront terminés, les jeunes laitières seront logées dans une stabulation neuve comprenant 114 logettes, les multipares, séparées en 2 lots de 96 têtes, resteront dans l’ancienne structure.

Des personnes devant des vaches dans un bâtiment d'élevage
De gauche à droite, les associés du Gaec de Lopré : Gauthier, Xavier et Marc Bozec.

Plus de pente dans les logettes

Dans le bâtiment déjà existant de 210 places, un système de ventilation a été posé en 2022. Depuis, toutes les logettes ont bénéficié d’un rajeunissement en décembre 2024. « D’une pente de 2 %, nous sommes passés à 4,5 % en coffrant et en coulant du béton sur les logettes en place, avant d’ajouter des matelas ». Quotidiennement, les éleveurs nettoyaient 2 fois ces endroits de couchage. Depuis l’accentuation de la pente et la mise en route des robots, « nous ne passons plus qu’une seule fois : les jus coulent plus vite, mais surtout il n’y a plus de pertes de lait, chaque vache étant traite 3 fois par jour ». Pour nettoyer l’aire d’exercice, le racleur à corde a été retiré au profit d’un robot de raclage. Côté abreuvement, les débits et la mise à disposition de l’eau ont été surdimensionnés, à raison de « 15 cm d’eau dans chaque point par vache. Nous sommes au-dessus des préconisations, qui en conseillent 10 cm ».

Un racleur à lisier dans un bâtiment d'élevage de vaches laitières
Le racleur à corde a été changé pour un système automatisé.

Rapidement, Gauthier Bozec s’est aperçu que la largeur des logettes ne correspondait pas à la morphologie des primipares. « Elles arrivaient à faire demi-tour dedans ». Désormais, les multipares bénéficient de 1,15 m de large pour se loger, les primipares, en bâtiment neuf, ont des logettes de 1,08 m. Après leur vêlage, les génisses restent dans le même lot jusqu’à leur tarissement, puis intègrent le lot des multipares.

Tout démarre d’un plan

Pour mettre en place un tel projet, les associés se sont tournés vers les équipes de chez DeLaval et de chez Eureden pour concevoir et dessiner les plans, « très fonctionnels. On s’est tout de suite vus dedans. Tous les robots sont accessibles par des passages propres, où les vaches ne vont pas ». Ouvert sur toute sa partie est et sur les pignons orientés au sud, l’ouvrage neuf en charpente métallique est clair et naturellement ventilé. « Il n’y a pas de translucides en toiture pour éviter les coups de chaud de l’été ». Toute cette charpente, mais aussi les abreuvoirs, les robots et les 114 logettes sont reliés à la terre, qui est elle-même ramenée en plusieurs points au champ.

Un bâtiment vaches laitières vu de la route
Le bâtiment neuf est entièrement ouvert à l’est.

Pour l’apprentissage du passage au robot de traite, les fraîches vêlées peuvent se reposer dans 7 logettes à part. Aussi, la marche d’accès à la machine est plus petite pour une sortie en marche-arrière. Une aire paillée avec accès direct au robot vient compléter cette partie aménagée pour les jeunes laitières. « C’est indispensable en traite robotisée », conseille Joseph Niguinen, conseiller bâtiment chez Eureden. Une femelle qui vient de mettre bas « est plus sensible. Il faut qu’elle récupère sur de la paille, et non sur du béton ». Cette aire paillée sera prochainement terminée dans la nouvelle construction, en lieu et place de l’ancienne salle de traite rotative.

Gagner du temps

Toujours dans l’objectif de diminuer la pression sur la main-d’œuvre, le Gaec de Lopré va prochainement automatiser la distribution de l’alimentation, avec l’installation du système Optimat II Master de chez DeLaval. Pour accueillir ce procédé, la cuisine de 1 260 m2, « est également en charpente métallique. La portée est de 35 m, mais la structure est sans poteaux intérieurs » pour faciliter les manœuvres. Cet automate se compose de différentes tables de stockage : 2 tables de grandes dimensions pour l’ensilage de maïs (chargées au Désilcube), 2 tables d’enrubannage, approvisionnées selon la qualité de coupe, afin de nourrir soit les vaches, soit les génisses. Enfin, les 2 dernières tables contiendront de la paille broyée et du foin. Une fois cette cuisine ravitaillée, la totalité du troupeau pourra être nourrie sans l’intervention des éleveurs pendant 2 jours. Derrière chaque table, un tapis convoyeur envoie le fourrage vers un bol à poste fixe, qui charge, une fois la ration prête, 2 wagons. Ces derniers suivent alors un câblage noyé dans le béton pour distribuer leur contenu sur les différentes tables d’alimentation. « Les rations primipares et multipares sont les mêmes, ce sont les compléments distribués aux robots qui diffèrent ».

Une cuisine pour vache laitière
La cuisine, en cours d’installation, sera chargée en ensilage, paille broyée, foin et enrubannage.

Avec tous ces automatismes, l’organisation du travail va changer : « Avant les robots de traite, il fallait au minimum être 4 personnes et demie le dimanche matin, 3 et demie le soir. Nous sommes désormais 3 le dimanche matin, et seulement 2 le soir ». Au niveau des performances laitières, Gauthier Bozec voit 2 effets possibles de cette distribution automatisée. « Il y aura 4 ou 5 repas frais distribués chaque jour, contre 3 aujourd’hui. Nous espérons, soit diminuer l’âge au 1er vêlage (actuellement de 24 mois) et gagner 1 mois, soit garder cet âge de 24 mois mais avec des génisses un peu plus lourdes ».

La ferme familiale a enfin profité de ces travaux pour installer 1 600 m2 de panneaux solaires qui seront orientés plein sud. 80 % de l’électricité produite sera autoconsommée, le restant revendu. Au total, en comptant les travaux de construction et l’équipement complet des bâtiments, les robots de traite et d’alimentation, les panneaux solaires, le site finistérien a investi 2,2 millions d’euros.

Fanch Paranthoën

CARTE DE VISITE : • 3 associés : Gauthier, Xavier et Marc Bozec ; • 2,5 salariés ; • Un apprenti ; • 265 vaches à la traite ; • 6 robots de traite ; • 3 millions de litres de lait produits ; • 2 unités de méthanisation : une cogénération de 250 Kwc, une unité en injection de 100 Nm3.

Prendre soin des pattes

Pour se prémunir de problèmes de dermatite, chaque lot dispose de 2 pédiluves successifs et y passe toutes les semaines. « Le pareur vient avant chaque tarissement, ainsi qu’en prévention, quand les vaches sont entre 60 et 80 jours de lactation ». Une fois que tous les travaux seront terminés, une cage de parage trouvera sa place dans une extrémité du bâtiment.

Logement 5 étoiles pour les veaux

Le Gaec de Lopré valorisait les veaux en Label rouge. Ils étaient élevés en cases collectives. Depuis, cet atelier a été abandonné, mais le local a été gardé, pour recevoir 38 cases individuelles, « ce qui correspond à notre effectif de vaches. Les veaux sont nourris par de la poudre de lait, distribuée en une fois tous les jours par un taxi-lait ».


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