Vaccination contre la FCO-3 et contre la MHE cet hiver. Mais au final, c’est la FCO sérotype 8 qui est venue enrayer la mécanique de cet élevage organisé autour d’un calendrier bien défini : vêlages groupés en mars, tarissement en décembre, salle de traite fermée trois mois.
Un système robuste
« Nous avions inséminé 86 vaches et génisses entre fin mai et mi-juin », explique Madeg Join-Lambert. Et à partir du 10 juillet, tout a basculé : les retours en chaleur se sont multipliés. Près de 60 vaches ont coulé, elles ont été réinséminées entre mi-juillet et mi-septembre. « En 2026, nous aurons 30 vêlages en mars, 30 en avril et une quinzaine en mai/juin. Cela bouleverse notre organisation, mais pas notre système. »
Les éleveurs ont choisi de garder exceptionnellement quelques jeunes vaches vides plutôt que de les vendre. « C’est un investissement : elles ne produiront pas en 2026, mais on s’assure d’avoir assez de vaches en 2027 ».
Ce décalage des vêlages pourrait faire perdre autour de 20 000 litres de lait l’année prochaine, soit près de 10 000 €, mais le couple garde le cap : « Notre système est robuste. »
Coût alimentaire de 14 €/1 000 L
La ferme de Moguel compte 72 vaches laitières pour 250 000 litres de lait vendus et un chiffre d’affaires d’environ 220 000 €. L’excédent brut d’exploitation atteint 150 000 € en 2024, soit 75 000 € par actif. Les charges totales représentent 30 % du produit, dont un tiers de main-d’œuvre. Autrement dit : 70 % du produit restent disponibles pour le revenu et l’investissement.
L’équation repose sur des charges minimes : pas d’engrais, pas de concentrés, et 14 €/1 000 L de coût alimentaire. « Le pâturage est la clé », résument-ils. Le troupeau consomme 150 à 180 rounds de foin par an, le reste étant du pâturage. « Nous gardons toujours un an d’avance de foin sous le hangar, ce qui permet d’être sereins ».
Malgré un été 2025 sec, la production laitière vendue cette année (3 500 L/VL) sera équivalente à celle de l’an passé. L’automne exceptionnel et le printemps favorable ont permis de compenser la baisse de lait de juillet/août. Une production qui progresse depuis quelques années : « Nos génisses sont issues des meilleures vaches et les taureaux néozélandais frisons et jersiais sont très performants », ajoutent-ils.
Un équilibre satisfaisant entre revenu et travail
Les deux éleveurs estiment leur revenu net « très correct » pour un travail limité grâce à la simplicité du système. L’épisode FCO leur a surtout rappelé « l’humilité du métier. On ne maîtrise pas tout, mais on garde la confiance dans l’avenir », concluent les éleveurs.
Didier Le Du – Civam 29 : 02 98 81 43 94
Repères : SAU : 85 ha ; 72 VL à la traite ; Production : 3 500 L/VL annuel ; En ce moment : 13,5 litres (50 TB ; 40 TP) en 100 % pâturage ; 55 rounds de foin distribués cet été ; 250 000 L vendus ; prix du lait 2024 : 564 €/ 1000 L ; Coût alimentaire : 14 €/1 000 L ; EBE sur produit : 69 % ; EBE/1 000 L : 603 €.
Les prairies à flore diversifiée
La fin de l’été est un moment propice pour refaire ses prairies idéalement sous couvert comme l’avoine. Historiquement en Bretagne, on était sur un mélange RGA et TB. Mais avec l’effet du réchauffement climatique, le RGA résiste peu à la chaleur. La fétuque et le dactyle sont plus résistants à la chaleur et le trèfle géant apporte de la fraîcheur en faisant de l’ombre aux plus petites plantes. Un exemple de mélange a adapté à son sol et ses conditions climatiques : 55 % RGA (diploïde et triploïde) – 9 % dactyle – 12 % fétuque – 24 % trèfle (géant et intermédiaire). Le coût est en moyenne de 250 €/ha pour la prairie seule et 150 €/ha pour le couvert. Il faut faire attention au dactyle pour qu’il ne prenne pas le dessus et de bien maîtriser son pâturage au printemps pour avoir une prairie homogène. Par contre, à l’automne, il a une bonne pousse et permet un bonne qualité laitière.
Zone intermédiaire
Coralie Gallais – Gaec Gallais – Merléac (22)
Les vaches sont en bâtiment la nuit depuis le 21 octobre, pour prolonger le pâturage le jour tant que les conditions le permettent, on espère jusqu’à mi-décembre. Actuellement la ration est de 6 kg MS de pâturage et de 10 kg d’enrubannage. Nous sommes passés en monotraite depuis 1 mois car les vaches sont en fin de lactation, une trentaine de vaches est à tarir d’ici décembre. La production est de 9 L/VL/jour, avec 48,4 de TB et 40,9 de TP. Nous reprendrons la bitraite avec le début des vêlages en janvier. On s’en sort plutôt bien pour notre objectif de grouper les vêlages au printemps, la FCO aurait pu avoir plus d’impacts sur notre calendrier de reproduction.
Cédapa : 02 96 74 75 50
Zone séchante
Jean-François Bréhaut – Nostang (56)
J’ai fini mon 5e tour et j’attaque le 6e. L’herbe est de bonne qualité et j’ai de la matière pour faire de l’enrubannage (45 rounds sur 10 ha sur les parcelles non accesibles). Mes taux et ma production ont bien remonté TB 44 et TP 35 – 16 kg/VL/j. Depuis le 12 octobre, je ralentis mes tours, je mets du foin à l’auge et je donne de l’enrubannage (1 ou 2 rounds/j ) sur une parcelle parking. Le soir après la traite, elles retournent au pâturage. Je vais les emmener sur un sous-couvert avoine que j’ai semé début septembre sur 10 ha en précédent blé. Cela a un coût (400 €/h) mais cela permet une bonne qualité fourragère d’automne pour un sous-couvert.
Civam AD 56 : 06 83 60 88 61
Zone séchante
Maxime Daguin – Gaec Maxsopolo – Rannée (35)
Ça reste sec (10 mm en 30 jours) et il y a peu d’herbe. J’affourage encore les vaches allaitantes. Puis, elles recommenceront un tour des parcelles. Cet hiver, 4 vaches engraissées vont partir. Cette année, les chèvres ont déjà été partout et ne peuvent pas retourner sur les mêmes parcelles (parasitisme). Le lait remonte un peu avec le mélange céréalier moissonné (pois, avoine, féverole). Je coupe aussi des branches basses sur une haie, pour leur amener du frais. J’essaie de conduire le maximum d’haies en cépée. Je débite le bois pour mettre les branches en tas, même si les chèvres sont encore dans les champs. Si on a un hiver assez doux, le pâturage hivernal peut être bon.
Adage : 02 99 77 09 56

 
								 
						
																				