La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été détectée en France, pour la première fois, le 29 juin dernier en Savoie et est apparue ensuite dans plusieurs autres départements. Au 15 octobre, 86 foyers ont été recensés dans 5 départements : Savoie, Haute-Savoie, Ain, Rhône-Alpes, Pyrénées-Orientales et Jura. Lors d’une réunion du Cnopsav (Comité national d’orientation des politiques sanitaires animales et végétales) le 17 octobre, la ministre de l’Agriculture a annoncé une « interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain ». Cette mesure vise à « rassurer nos partenaires européens et commerciaux », a souligné Annie Genevard, précisant qu’elle « veillera à ce que le marché et les prix ne soient pas indûment affectés par cette mesure temporaire. »
27 % des bovins vifs français exportés
Cette interdiction d’export sera en vigueur du 18 octobre au 4 novembre, et sera levée le lendemain « si la situation sanitaire le permet ». Boris Duflot, directeur du département Économie à l’Institut de l’élevage, ne cache pas qu’une telle mesure pourrait, si elle était allongée, fortement déstabiliser les circuits commerciaux des bovins vifs. « Sur 5,5 millions de bovins produits, 1,5 million sont exportés, principalement en Italie et en Espagne : 1 million de broutards de races allaitantes (dont 36 % de femelles) et 400 000 bovins laitiers jeunes (surtout des veaux de moins de 2 mois allant en Espagne). »
Plutôt garder les animaux pendant 15 jours
« En dehors des zones réglementées, les mouvements d’animaux sont possibles en France. Les éleveurs pourraient se voir proposer des prix en baisse, alors que le marché du broutard est très porteur (+50 % en un an). » Pour le moment, « nous conseillons plutôt aux éleveurs de garder leurs animaux et d’attendre la fin de cette période d’une quinzaine de jours qui va permettre d’analyser la situation sanitaire ».
D’autres mesures, en vigueur du 18 octobre au 4 novembre, ont été prises par Annie Genevard : interdiction des rassemblements d’animaux ‘ à caractère festif ‘ (concours, salons, foires) dans tout l’Hexagone ; interdiction des ‘ marchés de bovins destinés à l’élevage ‘ dans les régions touchées par la DNC (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie). Par ailleurs, elle a annoncé un renforcement des contrôles et des sanctions en cas de non-respect de l’interdiction de mouvements d’animaux.
Transmission par piqûre ou via le transport
La DNC se transmet principalement par la piqûre d’insectes hématophages (mouches piqueuses, taons). Ces insectes transportent le virus sur leurs pièces buccales et le disséminent en piquant d’autres animaux, parfois en se déplaçant sur plusieurs kilomètres pour les taons. Le transport de bovins infectés contribue à la diffusion de la maladie sur longue distance. Le virus peut être présent dans la salive, la semence ou les croûtes cutanées provoquées par les lésions. Les animaux en phase d’incubation, ne présentant pas encore de symptômes, peuvent eux aussi être vecteurs silencieux.
Au 22 octobre, la Bretagne ne comptait pas de foyer de DNC. « Pour conserver cette situation, le conseil numéro 1 que nous pouvons donner aux éleveurs est de ne pas acheter d’animaux en dehors de Bretagne. Le danger vient surtout du transport d’animaux contaminés », précise Grégoire Kuntz, vétérinaire référent maladies émergentes et réglementées GDS Bretagne. Des éleveurs demandent si un vaccin est disponible contre la DNC. « Cette maladie est gérée par une réglementation européenne qui rend la vaccination soit interdite, soit obligatoire. » Toutefois, le 15 octobre, le ministère de l’Agriculture a fait paraître un arrêté au Journal officiel qui entérine la création de ‘ zones de vaccination ‘ contre la DNC. La vaccination peut être rendue obligatoire dans ces nouvelles zones, distinctes des zones réglementées.
Agnès Cussonneau – Alexis Jamet

