« L’approche en VGA pour vêlages groupés d’automne est historique. Elle date de l’époque de mon père qui a longtemps travaillé seul : c’était plus simple en terme d’organisation du travail. Quand je me suis installé en le rejoignant, le système était calé ainsi et me convenait parfaitement », explique Pierre Quéniat, aujourd’hui associé en Gaec avec son frère Vincent.
Des stocks d’herbe de haute valeur
Jusqu’en 2018, sur la ferme, 90 % des vêlages intervenaient en août et septembre. « Aujourd’hui, ils sont groupés mais tout de même étalés sur 3 à 4 mois. Il n’y a donc pas de fermeture de la salle de traite. » Sur 2024, 80 % des mises bas se sont déroulées d’août à novembre (avec un pic de mi-août à mi-octobre). Depuis deux ans, les génisses sont décalées et vêlent à partir du 20 mars. Objectif : avoir désormais davantage de lait en juin, en fin d’année scolaire, pour répondre à la demande des deux structures de transformation qui achètent le lait du Gaec : Tommeuh d’Api (45 000 L par an, fabrication de fromages) et Du Foin dans les Sabots (130 000 L, crème fraîche et produits laitiers frais à destination de la restauration collective, notamment des écoles).
Fin des lactations au moment des fauches
Pour Pierre Quéniat, la crise du lait de 2009 a laissé un mauvais souvenir. « Nous avons souffert financièrement. Notre système très extensif ne profitait pas de la valorisation du bio qui était en croissance. » Le 1er novembre 2020, la conversion à l’agriculture biologique a ainsi été engagée. « Mais je n’envisageais pas cette évolution sans séchoir en grange. » Une étude de la Chambre d’agriculture et du Ségrafo a permis de modéliser cette transition. Le séchoir a été construit à l’hiver 2012-2013. Puis, depuis 2015, le Gaec tourne en système 100 % herbe.
« En VGA, nous sommes un peu à contre-courant de beaucoup d’éleveurs bio qui cherchent à faire vêler au printemps pour profiter de la pleine pousse de l’herbe », observe le Finistérien. Pourtant, il l’assure, vêlages d’automne et gestion de l’herbe sont très complémentaires « en termes d’organisation du travail et d’adaptation au changement climatique avec des étés plus secs et des automnes qui permettent le pâturage ». Au printemps et en début d’été, la charge de travail autour des vaches en fin de lactation diminue, les tarissements démarrant à la mi-juin. « Cela me libère pour me concentrer sur la réussite des fauches. Rentrer des stocks d’herbe de haute valeur est une priorité. Cette qualité de fourrages permet ensuite de produire du lait l’hiver quand il est mieux payé. »
L’été, moins d’herbe mais moins de vaches
Sur 127 ha de SAU, 57 ha sont accessibles. En hiver et pour les premiers tours, les vaches en production pâturent sur 55 ha, soit 85 ares par vache. En pleine pousse, elles ne tournent plus que sur 35 ha (50 à 55 ares par vache) car 20 ha sont mis à disposition des génisses. Et 2 à 4 ha sont débrayés. « Ensuite, l’été, avec les tarissements, il y a moins de vaches : cette baisse du chargement intervient quand il y a beaucoup moins d’herbe pour atteindre 90 ares par vache. »
Toma Dagorn
40 pages sur les vêlages d’automne
Mardi 23 septembre, de 13 h 30 à 17 h, le Cédapa organise une porte ouverte chez Pierre et Vincent Quéniat (lieu-dit Kerdennet) à Guerlesquin (29). Plusieurs ateliers sont programmés : le système en vêlages groupés d’automne, la ferme et ses résultats économiques, la diversification (transformation et vente directe). Claire Ingremeau et Jérôme Brunel de Pleslin-Trigavou (22) témoigneront sur l’installation en VGA : ils cherchent ainsi à rationaliser les tâches, gérer un seul lot d’animaux, avoir moins de travail en été au profit des vacances et à s’adapter à la sécheresse estivale… Enfin, le Cédapa présentera le référentiel produit à partir des travaux menés depuis 2019 par un groupe d’éleveurs engagés en VGA : ce livret de 40 pages contient des repères et des fiches techniques (stratégie fourragère en VGA, rations hivernales, groupage des vêlages, gestion de l’herbe, élevage des génisses, tarissement en été…). Ce document sera téléchargeable sur www.cedapa.com. Contact porte ouverte : 07 64 44 45 06.

						
																				