Est-ce que les auxiliaires de cultures seraient capables de diminuer le stock de graines d’adventices dans un sol ? Pour répondre à cette question, Jean-Charles Midon, expérimentateur au CTIFL de Carquefou (44), a pris pour sujet d’étude la grande famille des carabidés, dans le cadre du projet Solad FL, dont l’objectif est, entre autres, de se pencher sur les problématiques de désherbage. Ces insectes du sol ont « 3 régimes alimentaires : ils sont zoophages, polyphages ou uniquement granivores, comme le genre amara ».
Élever des carabes
Pour ses recherches, l’expérimentateur est parti de simples pièges Barber (à sec, sans liquide) posés dans les champs. Ces coléoptères rampants sont simplement tombés dans ces pots, il ne suffisait plus qu’à les collecter vivants. Opération difficile, surtout quand des staphylins étaient aussi piégés, car ils sont très friands de carabes. Cette collecte s’est suivie d’une conservation « dans des cages d’élevage ». Une fois que suffisamment d’individus ont été capturés, différentes graines leur ont été proposées au menu. « Dans une boîte de choix multiples contenant des graines de laiteron, de chénopode, de pâturin, de morelle, de véronique, de panic mais aussi de carotte, nous avons introduit un carabidé ». Au bout de 24 heures, Jean-Charles Midon a compté le nombre de chaque famille de graines restantes. Pour exemple, pour le carabe de genre harpalus, après 72 heures, un seul individu avait consommé une cinquantaine de graines.
50 graines consommées par un carabe en 72 heures
Des différences de préférence sont aussi notées. « L’amara préfère le laiteron et le pâturin ; les harpalus verts également, mais ont plus de diversité dans leur consommation. Les harpalus noirs ont mangé 40 % de laiteron, 18 % de pourpier, puis des chénopodes et des graines de morelle. Les semences de carotte n’ont pas ou peu été touchées, seulement à hauteur de 4 % ». Ces auxiliaires tiennent bien leur nom, car selon ces observations ils laissent de côté les grains destinés à la culture.
Fanch Paranthoën
Reproduire le test au champ
Dans une parcelle du centre technique, « nous avons voulu voir l’effet de ces carabes sur le sol ». Cette zone a été passée à la vapeur pour détruire toutes les graines déjà présentes, puis des adventices ont été semées. Un voile a enfin été positionné pour éviter les intrusions extérieures. Dans la première cage, en témoin, aucun carabe n’a été introduit. La seconde en a reçu 15, la dernière 50. Les premiers résultats préliminaires montrent davantage de germination d’adventices là ou des carabes sont introduits… « Nous émettons plusieurs hypothèses : il y a peut-être une action d’aération du sol par les insectes qui favorisent les germinations », phénomène qui ne s’est pas produit dans les cages ou aucun carabe n’était présent. Sur d’autres thématiques et d’autres travaux, ce site du CTIFL se penche également sur les effets attirants ou repoussants de certaines plantes sur les insectes, ces végétaux serviraient à protéger les cultures légumières.
