Le système fourrager de la Ferme du Petit Gué, exploitation du Lycée les Vergers à Dol-de-Bretagne (35), est basé sur une bonne part d’herbe dans la ration, avec des dérobées implantées en méteil précoce constituées de seigle fourrager, trèfles et vesces. « Le méteil améliore la structure du sol, la réserve utile du sol et sécurise l’implantation du maïs vers le 15 avril », explique Alexandre Leblay, responsable de l’exploitation. De la luzerne et du trèfle violet/RGH sont aussi ensilés. Les silos sont constitués de couches successives, avec une diversité de fourrages. « La ration comprend 5 à 6 kg de MS d’herbe en pâturage ou fourrage stocké, du maïs ensilage corrigé en amidon avec du maïs épi. »
Sécuriser les stocks
« Entre l’herbe et le maïs, certes les stocks fourragers coûtent et s’élèvent autour de 150 000 €, mais être à court de fourrage coûte cher aussi… », note Alexandre Leblay. Sur l’exploitation, ils l’ont appris à leur dépens. Avec des rendements en maïs qui peuvent fluctuer en fonction des parcelles de 8 à 16 t/MS selon les années, il a établi une nouvelle stratégie en mettant en place 3 mois de stocks. « 90 jours de stock, c’est en effet un bon compromis », affirme Mickaël Picault, son technicien Productions animales chez Eureden.
Valider ses pratiques avec un diagnostic silo
« L’implantation du maïs fin avril-début mai s’est passée dans de bonnes conditions, permettant un très bon démarrage. Et avec des pluies régulières, on a été privilégié cette année. On relativise donc sur le volume… Néanmoins, on reste vigilant sur la confection du silo. »
Chaque point de MS, c’est 0,6 point d’amidon en plus
Pour cela, il a réalisé un diagnostic silo, une fois l’ensilage 2024 stabilisé, pour valider ses pratiques : la densité s’élevait à 245 kg MS/m3 en moyenne avec des températures de 17 à 23°C, révélant quelques points d’échauffement au centre du silo taupinière. « Si on est convaincu de l’intérêt des inoculants sur les ensilages d’herbe et de maïs épi, on n’a pas encore franchi le pas pour l’ensilage de maïs. Cela viendra peut-être quand tous les autres points seront validés… »

Des silos couloir ont remplacé les taupinières
Pour cette année, le maïs a commencé sa floraison vers le 14 juillet, ce qui va caler l’ensilage vers le 15 septembre. Ces prévisions de matière sèche ont été validées par le calcul de la biomasse par l’outil Pilote Maïs proposé par Eilyps. « Chaque année, l’objectif est d’aller chercher le maximum d’amidon, en montant minimum à 35 % de MS, pour optimiser le rendement amidon. En effet, chaque point de matière sèche de gagné apporte 0,6 point d’amidon en plus. Et les taupinières – avec des densités trop faibles – ont aussi été remplacées par des silos couloir, séparés par des blocs de béton de type Lego. C’est un investissement qui sera vite amorti, permettant d’aménager de vieilles plateformes. Le tas d’ensilage est réalisé par entreprise. Nous essayons tant bien que mal de confectionner deux silos en même temps, avec deux tasseurs mais on s’adapte avant tout au parcellaire morcelé et pour aller au plus vite. »
« La bâche doit gonfler ! »
Le silo est ensuite recouvert au plus vite avec une bâche neuve, avec un film Seal +, « fragile mais hermétique », recouverte par une ancienne bâche de l’année précédente puis d’un grillage anti-corvidés. « C’est une fausse économie que de prendre la bâche la moins chère. »
Une fois la bâche posée, elle est lestée avec des boudins sur le côté et les ceintures en travers. « Une bâche doit gonfler dans les jours qui suivent la pose : c’est que l’air s’évacue. Si la bâche ne gonfle pas, c’est qu’il y a un problème », relève Mickaël Picault.
Carole David
Hachage fin et reprise du front d’attaque
« Plus le maïs est sec, plus on hache fin. Pour des maïs à plus de 38-40 % MS, afin d’évacuer plus d’air, on peut descendre jusqu’à 7-8 mm », note Denis Anger, de Pioneer. « Je suis vigilant au hachage le jour de l’ensilage : les fibres font 12-14 mm et je vérifie la pulvérisation du grain avec la technique du seau d’eau, pour exiger un resserrage de l’éclateur si besoin. » La ferme du petit gué dispose d’une mélangeuse. Le fourrage est donc repris sur le front d’attaque, provoquant un appel d’air. « Nous sommes en réflexion sur la distribution de l’alimentation. Un des arguments envers l’automotrice est la reprise à la fraise avec un front d’attaque net », explique Alexandre Leblay. L’avancement doit être de 10 cm en hiver et 20 cm au printemps/été.