Les pertes peuvent être visibles, comme les parties moisies que l’on retire à la main, ou invisibles, liées aux processus biochimiques internes : fermentation les jours suivant l’ensilage, mauvaise fermeture du silo et à la suite de l’ouverture s’il y’a reprise d’échauffement du front d’attaque. Notamment si l’avancement n’est pas assez rapide. L’avancement doit être de 10 cm en hiver et 20 cm au printemps/été.
Une grande partie des pertes à la fermeture du silo
La moitié des pertes totales survient dès les premiers jours suivant l’ensilage, lors de ce qu’on appelle la phase aérobie. « Plus la présence d’oxygène est importante, plus cette phase se prolonge avant que le milieu ne devienne anaérobie », explique Denis Anger, de la société Pioneer. Durant cette période critique, l’oxygène et la chaleur produite favorisent l’activité des levures et des moisissures, en l’absence d’un pH suffisamment bas et d’une concentration efficace en acide lactique. Or, le maïs contient naturellement peu de bactéries lactiques, d’où l’intérêt d’inoculer les fourrages avec des bactéries homofermentaires du type Plantarum. Résultat : des pertes en excès de sucre, de matière sèche et perte de protéines appelée protéolyse (transformation de la protéine en ammoniac ( NH3)).
Le combo gagnant : un silo bâché, bien tassé, inoculé
D’après les analyses d’Eurofins, 64 % des exploitations présentent un ratio NH3/N supérieur à 10 %,seuil révélateur d’une mauvaise conservation du fourrage. Ce constat est d’autant plus préoccupant que les deux tiers des protéines de la ration proviennent généralement du maïs ensilé.
Reprise de fermentation à l’ouverture du silo
Les pertes ne s’arrêtent pas à la fermeture : à l’ouverture du silo, une nouvelle fermentation peut redémarrer rapidement, surtout si la phase initiale s’est mal passée. Les levures résiduelles sont réactivées, consommant l’acide lactique qui avait été produit, faisant ainsi remonter le PH. Plus il y’aura de levures et moins il y a d’acides lactique et acétique présents, plus la fermentation redémarre facilement.
Le seul moyen efficace de bloquer cette reprise de fermentation est la présence d’acide acétique, produit par des bactéries hétérofermentaires, notamment Lactobacillus buchneri, que l’on retrouve dans certains inoculants.
Carole David
Un aliment stratégique à protéger
Avec un coût estimé à 150 €/tonne de matière sèche ( prix arrivé silo baché) , le silo d’ensilage représente un véritable coffre-fort dans une -exploitation. Sur une surface de 50 hectares, des pertes de 15 % correspondent à l’équivalent de 7,5 hectares de culture perdus. Grâce à l’utilisation d’inoculants adaptés, il est possible de réduire les pertes à 6–7 %, pour un coût d’environ 6 €/tonne.