La FCO se propage et fait des ravages

Entre analyses pour suspicion et vaccination en prévention, des vétérinaires sont occupés du matin au soir par la FCO qui avance en Bretagne. Dans les élevages, l'impact peut être sérieux.

Les tryons abîmés d'une vache atteinte de la FCO - Illustration La FCO se propage et fait des ravages
Des lésions cutanées apparaissent sur les trayons et la mamelle. | © Félice Granger

« Début juillet, j’ai observé tout à coup des signes un peu bizarres : une vache restait en plein soleil quand les autres étaient à l’ombre, certaines ne semblaient pas très bien sur leurs pattes, l’ingestion baissait… Surtout, trois animaux présentaient comme des coups de soleil sur les trayons ou le mufle abîmé, griffé… », détaille Félice Granger qui conduit 40 vaches en Gaec à Rostrenen (22). Les deux associés ont vite eu des « soupçons » et appelé le vétérinaire. Des prélèvements ont été réalisés le lendemain, le 9 juillet. « En alignant tout le monde au cornadis pour les prises de sang, nous avons vu que d’autres animaux présentaient des signes cutanés. »

Des retours en chaleur en nombre

Flambée de mammites

Après quelques jours, les résultats sont tombés, confirmant la présence du sérotype 8 de la FCO. Entre temps, la situation s’était dégradée. Chez certaines vaches, les lésions s’étendaient à l’ensemble des trayons et des parties de la mamelle. « Des diarrhées profuses, bulleuses, malodorantes rappelaient aussi les bouses d’un épisode hivernal de grippe… » Aujourd’hui, près de 70 % des animaux sont touchés, aussi bien les vaches en production que les nourrices ou les taries alors que les trois ateliers sont éloignés de 2 à 3 km.

Au quotidien, la traite est plus difficile. « Forcément, pour certaines, les lésions sont douloureuses. On culpabilise de devoir ressortir l’entrave. Traire est passé d’agréable à contraignant », confie Félice Granger qui a racheté un produit cosmétique gras pour tremper les trayons comme en hiver contre les gerçures. « Alors que nous avions passé les fortes chaleurs sans problème, des mammites se déclarent depuis l’installation de la FCO. » Le lait dans le tank a baissé de 20 % et les taux se sont effondrés passant de 45 de TB – 35 de TP (croisées et Brunes) à 38 – 31. « Il y a des retours en chaleur à gogo, presque une vache par jour. Et j’ai pris un coup au moral en apprenant que la FCO provoquait de la stérilité temporaire chez les taureaux alors que c’est notre première année en 100 % monte naturelle… »

Moral plombé

Sur la même commune, Joseph Duhamel raconte : « Le 2 juillet, j’ai remarqué une vache molle. Cela ne m’a pas inquiété au début car il faisait très chaud. La production a baissé, les animaux semblaient peu motivés, sans appétit. Alors j’ai distribué de l’enrubannage comme en hiver. Puis des rougeurs et des croûtes sur les nez ou les mamelles sont apparues. Certains yeux étaient gonflés. » Quand l’éleveur a appelé le vétérinaire, le téléphone de ce dernier n’arrêtait pas de sonner pour des suspicions de FCO. Sur l’élevage, les sérotypes 3 et 8 ont été mis en évidence. Les taux ont baissé de deux points. « Avec des systèmes immunitaires en berne, je subis une flambée de mammites et une hausse du taux cellulaire. » Surtout, la reproduction, pilier de ce système en vêlages groupés de printemps, est très impactée : « Depuis début juillet, les retours en chaleur se multiplient. En plus de l’effet sécheresse sur les prairies, les effets de la FCO plombent le moral », termine l’éleveur.

Toma Dagorn

Appeler le vétérinaire pour vacciner

« Depuis début juillet, la FCO est présente partout en Bretagne et les cas explosent en Côtes d’Armor », rapporte Tanguy Rault, vétérinaire costarmoricain. Dans son équipe de 8 praticiens, la maladie vectorielle occupe désormais « un temps plein » entre les visites pour suspicion, les prises de sang et la vaccination. À ce propos, un communiqué de la Confédération paysanne du 25 juillet incite les éleveurs à réaliser les analyses (prises en charge par l’État dans la limite de 3 par espèce et par ferme) pour se déclarer foyer, « ce qui n’entraîne aucune contrainte sanitaire mais permettra s’il y a mise en place d’un guichet d’indemnisations d’y accéder plus rapidement » tout en participant au précieux suivi de l’avancée de la maladie. Enfin, pour Grégoire Kuntz, vétérinaire référent maladies émergentes à GDS Bretagne « le mot d’ordre reste de vacciner ». Mais en présence de la FCO sur son secteur ou non, « tout reste à étudier au cas par cas avec son praticien ».


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