Dossier technique

Trois repas par jour à petites doses

EARL Le Clos Quartier, à Lamballe-Armor (22) - Eau et soupe fraîches en permanence, moindre gaspillage d’aliment, amélioration des conditions de travail… L’automatisation de l’alimentation des truies allaitantes est source de progrès technique et économique.

Un éleveur dans une salle de maternité d'un élevage de porc - Illustration Trois repas par jour à petites doses
Diode rouge allumée : Frédéric Baudet sait que la truie a consommé moins de 80 % de sa ration. | © Paysan Breton - T. Dagorn

« Sur l’ancien site, nous soignions tout à la main, y compris pour l’abreuvement. C’était beaucoup de manutention depuis les silos jusqu’aux animaux et de dépense physique : en fin d’allaitement, nous apportions deux repas de 4,5 kg d’aliment par truie. Il fallait compter plus d’une heure, deux fois par jour, pour nourrir 40 truies », se rappelle Frédéric Baudet, installé à Lamballe-Armor. Régulièrement, des auges où l’aliment n’avait pas été entièrement consommé devaient être nettoyées.

Eau fraîche, auges propres

Dès 2017, l’EARL a fait partie des premiers élevages équipés du système Materneo d’alimentation individualisée des truies du fabricant Asserva. Même si l’éleveur pesait lors de la distribution manuelle auparavant, « avec le Materneo, l’avantage est la micro-distribution de l’eau et de l’aliment. » Dès que les deux sondes présentes au fond de l’auge sont découvertes, il y a un apport de 800 mL d’eau. « Ainsi, les truies disposent en permanence d’eau fraîche dans des auges propres. »

Une meilleure fertilité des truies

Pour l’aliment, des doses de 125 g sont distribuées accompagnées de 300 à 350 mL d’eau. Une quantité quotidienne est attribuée à chaque animal selon une courbe d’alimentation contrôlée par le logiciel de gestion du dispositif. L’équipement gère l’apport de deux formules : un aliment péri-mise bas les tout premiers jours puis une transition sur deux jours vers un 2e aliment.

Trois repas par jour

À l’entrée en maternité, la semaine précédant la mise bas, l’aliment est offert en deux repas (l’essai d’un seul repas comme en gestante n’a pas été concluant). Puis aux premiers jours de lactation la truie reçoit 3 à 3,5 kg d’aliment, jusqu’à 6,5 kg à l’approche du sevrage. Après des essais en deux ou quatre fois, l’apport journalier est finalement fractionné en trois repas d’une heure et demie (possibilité jusqu’à 8 séquences/jour) : 35 % de l’aliment à partir de 8 h, 30 % à 14 h et 35 % à 22 h. « Si l’animal n’a pas consommé la quantité attendue, il y a un report vers l’horaire suivant. » En salle, une diode rouge est allumée sur le distributeur tant que l’animal n’a pas consommé 80 % de la dose qui lui revient. « En termes de surveillance, c’est une alerte simple et efficace. La truie a-t-elle de la température ? Sature-t-elle en fin de lactation ? Ou une journée de forte chaleur réduit-elle l’ingestion ? »

Un écran d'ordinateur montrant un logiciel d'alimentation de précision des truies.
Sur l’écran, l’éleveur suit les consommations d’eau et d’aliment de chaque truie.

Meilleur allaitement, meilleurs porcelets

Avec bientôt dix ans de recul, Frédéric Baudet note que grâce à cette automatisation de l’alimentation, les truies consomment davantage d’eau et d’aliment. « Plus d’eau bue, c’est plus de lait. Plus d’aliment consommé, c’est un lait de meilleure qualité », résume-t-il. « Un meilleur allaitement est synonyme d’un plus grand nombre de porcelets sevrés à 21 jours, d’un meilleur poids au sevrage, de bandes plus homogènes pour de meilleures performances en post-sevrage. » À l’EARL, sur 2024, en moyenne, 15,1 porcelets par portée ont été sevrés. « Aujourd’hui, nous atteignons 15,3… Sachant que nous ne recourrons pas aux portées adoptives. » En 2016, c’était plutôt 12,7 porcelets sevrés. « En plus des cups à lait rajoutés par la suite, le Materneo a accompagné ce progrès constant d’en moyenne 0,5 porcelet sevré en plus par portée par an. »

Les truies sont aussi plus en état, poursuit le Costarmoricain. « La perte d’ELD – épaisseur de lard dorsal – est désormais de 3 ou 4 points maximum sur la lactation. Avant Materneo, c’était plus hétérogène : des truies sortaient grasses, d’autres maigres saturaient sur les gros repas d’aliment… » Aujourd’hui, cela joue en faveur de meilleures fertilité et fécondité. « Le taux de réussite à la première IA est passé de 88–90 % à 95-97 % sur les dernières années. »

La fin du gaspillage

« Avec le Materneo, c’est très rare que nous ayons à nettoyer une auge », note Frédéric Baudet, puisque l’alimentation se fait en trois repas quotidiens, eux-mêmes fractionnés en de multiples distributions de doses de 125 g d’aliment. L’éleveur se rappelle qu’à l’époque de la distribution manuelle, il n’était pas rare de devoir retirer 2 ou 3 kg d’aliment non consommés d’une auge. « Quand on prend le temps de calculer l’aliment que nous jetions, cela atteignait plusieurs tonnes par an pour notre cheptel, soit plusieurs milliers d’euros. » Par rapport à un doseur standard, le surcoût du Materneo est de l’ordre de 1 000 € la place. « Comme une case-balance, cet équipement se paye en deux ou trois ans grâce à l’économie sur l’aliment bien sûr, mais surtout grâce à l’amélioration des résultats techniques », estime le Costarmoricain.

L’autre intérêt de cette automatisation est de libérer du temps « utilisé ailleurs à bon escient. » L’éleveur préfère rémunérer ses trois salariés à faire du suivi technique ou des soins plutôt que de la manutention d’aliment. « Ce type de matériel joue également en faveur de l’attractivité de l’exploitation à l’embauche. »

Toma Dagorn

Vérifier la distribution d’eau et d’aliment

L’entretien du Materneo est simple, estime Frédéric Baudet rappelant qu’il est indispensable de s’assurer de son bon fonctionnement. « L’eau et l’alimentation sont un enjeu crucial en élevage. » Chaque semaine, la distribution d’eau est vérifiée sur quatre doseurs pris au hasard. « La pression est contrôlée sur les différentes lignes. » La descente d’aliment est testée une fois par mois. « À chaque changement de formule, il est important de peser ce qui tombe. La densité de l’aliment peut aussi varier. Une différence de quelques grammes de miettes par dose, à l’arrivée, c’est peut-être une truie sous-alimentée. » Lors de ces vérifications ou au quotidien, le système est pilotable sur appli (smartphone ou tablette) directement devant l’animal.


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