« Nous avons été sensibilisés aux intérêts du système herbager en formation agricole. Dans la conjoncture de 2018, avec un prix du lait autour de 320 €/1000 L, on voyait bien que le maïs cela ne marchait pas. On a préféré s’orienter vers un système où on serait le plus autonome possible. »
David et Coralie Gallais ont été accompagnés pendant 2 ans par PâtureSens pour définir les paddocks dans l’accessible, suivre la pousse d’herbe et la gestion du pâturage. C’est dans le cadre de ce conseil qu’ils se sont intéressés aux vêlages groupés de printemps. Avec 32 hectares de pâturage accessible pour 67 vaches laitières, les éleveurs arrivent à maintenir une ration de plein pâturage durant 4 mois d’avril à juillet.
Leur objectif de groupage des vêlages au printemps est double : pouvoir prendre des vacances en fermant la salle de traite l’hiver quand toutes les vaches seront taries ; et faire plus de lait quand il coûte le moins cher à produire avec les vaches au pâturage. « Notre laiterie ne s’est pas opposée à l’idée qu’on livre plus de lait au printemps, on doit juste les prévenir quand la salle de traite sera fermée ».
Les éleveurs aimeraient démarrer les vêlages dès janvier « pour avoir un lot d’au moins 10 vaches prêtes à sortir pour le déprimage en février, et pour rapprocher au plus près le pic de lactation avec le pic de pousse d’herbe printanière de meilleure qualité. »
« On a dû faire des lactations longues sur des vaches pour décaler leur vêlage suivant en janvier 2025. Ce n’est pas évident d’accepter de laisser passer des chaleurs pour repousser les IA ! »
Cette année, ce sont 35 vêlages qui ont eu lieu entre janvier et avril. Il reste la moitié du troupeau à regrouper pour vêler à partir de janvier 2026. « On est dans le pic de travail de l’année : les vaches sont en pleine lactation, il y a les cultures et les fauches à gérer, et la reproduction : on a 2 à 3 vaches à inséminer par jour depuis le 1er avril… Mais c’est pour du repos à venir dès l’hiver prochain. »
Mettre toutes les chances de son côté
« Si tu veux grouper les vêlages, il ne faut rien laisser au hasard » : ils ont opté pour un suivi de la reproduction avec leur vétérinaire, qui comprend une vérification après vêlage pour éviter les métrites, un protocole de déclenchement des chaleurs, des échographies…
Les associés participent également aux journées du groupe local et au groupe « VGP » du Cedapa. « Ces moments d’échanges entre agriculteurs sont importants. Cela nous fait sortir et progresser collectivement. »
Les repères de l’herbe sont appliqués avec sérieux : délai de retour sur paddock de 30 jours en cette période de pleine pousse, mesure des paddocks à l’herbomètre pour respecter des hauteurs d’entrée à 12-13 cm. « Avec ces repères, on concilie les intérêts de l’herbe, en qualité et quantité, et cela se ressent sur le lait ! »
Cedapa : 02 96 74 75 50
L’exploitation : 309 321 litres vendus ; 68 ha de SAU : 56 ha de prairies, 6 ha de maïs, 6 ha de céréales ; 67 VL Prim-Holstein, Montbéliardes et Normandes ; 4 787 litres produits/vache ; 48 ares de pâturage accessible par vache ; Chargement : 1,2 UGB/ha SFP ; MAEC HBV3.
Zone séchante
Jean-François Brehaut – Nostang (56)
Mes 50 VL disposent de 1 à 1,2 are/VL/j et tournent sur 17 paddocks d’environ 1,6 ha. J’ai été débordé par l’herbe au mois d’avril, j’ai dû tourner vite sur 17 parcelles, j’en ai fauché 8. Je compte 55 ares accessibles par VL : c’est un peu grand, mais je sais que cela me conviendra bien cet été. J’en ai fauché 4 en avril pour un premier enrubannage puis 4 en mai pour du foin car tout avait déjà épié. Début mai, il y a eu une période de froid et la pousse a ralenti, je dois donc maintenant freiner mes tours. J’alimente un peu mes vaches à la traite du matin en les gardant un peu en bâtiment. J’attends que mon paddock repère soit à nouveau à 18 cm.
Civam AD 56 : 06 83 60 88 61
Zone humide
Aurélie Cheveau – Querrien (29)
Les vêlages sont terminés. Les 72 vaches sont en 100 % pâturage et produisent 19,4 L en monotraite avec un TB de 47 et un TP de 34,5. On rentre dans de l’herbe un peu épiée avec 45 jours de temps de repousse mais ça reste bien vert au pied avec du trèfle, ce qui maintient la qualité. On a eu 50 mm autour du 10 mai mais cela commence à sécher car nos sols sont superficiels. Nous avons débuté les inséminations des vaches et génisses le 24 mai, cela fait 1 mois que nous observons les chaleurs matin et soir pour repérer les cycles. Nous n’avons rien fauché pour le moment, on attend une fenêtre de beau temps pour faire du foin sur 20 ha.
Civam 29 : 02 98 81 43 94
Zone séchante
Maxime Daguin – Gaec Maxsopolo – Rannée (35)
Les chèvres sont au pic de lactation (2,2 L), grâce à une herbe de bonne qualité, 250 g de maïs épi déshydraté, 350 g de mélange céréalier et 100 g de correcteur azoté. Les 44 ha pâturables pour les 75 chèvres sont plus près que les parcelles des vaches allaitantes. Mais je peux faire 800 m avec les chèvres sans problème. Je suis en fauche-broute pour les 2 troupeaux en ce moment. Quand l’herbe est haute, cela passe bien. Sinon, les chèvres ne mangent pas et font du gaspillage. On a eu une dizaine de millimètres de pluie de temps en temps ces dernières semaines qui font du bien aux prairies. Croisons les doigts pour que cela continue !
Adage : 02 99 77 09 56
Pâturage tournant au printemps
La plupart des systèmes herbagers se conduit en pâturage tournant. Le parcellaire est découpé en paddocks. La surface de base, c’est-à-dire la surface nécessaire à un pâturage plat unique au printemps, est de 25 ares/VL, et plutôt 30 voire 40 ares/VL en zone séchante. Elle se trouve à proximité des bâtiments.
• On prévoit une surface complémentaire : Surface en herbe totale – surface de base. C’est la variable d’ajustement (pâturée ou fauchée) ;
• On constitue des paddocks qui correspondent à 3 à 4 jours de pâturage. (1 à 1,2 are/VL/j en zone séchante) ;
• L’entrée se fait à 18-20 cm et la sortie à 5-7 cm pour les VL ;
• Si la hauteur est supérieure à 25 cm, surtout au printemps, on va préférer la fauche à cause de l’épiaison ou un saut de paddock après l’épiaison, pour du stock sur pied ;
• Si l’herbe vient à manquer, on peut freiner le pâturage en distribuant du fourrage.