La châtaigne veut retrouver son terroir

L’association Humus Fructus tente de relancer la culture du châtaignier dans le pays de Questembert. Un arbre emblématique du territoire, en grande difficulté.

Une greffe de châtaignier  - Illustration La châtaigne veut retrouver son terroir
Une greffe de châtaignier

Limerzel – 56

Actuellement cantonné dans le sud de l’Europe, le châtaignier a connu son heure de gloire dans le sud de la Bretagne, notamment dans le triangle Redon, Vannes, Questembert. Dans les années 1900, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan produisaient 15 000 tonnes, sur plus de 12 000 hectares, et exportaient jusqu’aux îles britanniques. Aujourd’hui la France produit 8 000 tonnes, essentiellement en Corse, en Ardèche, en Dordogne, dans les Cévennes, et en importe tout autant. L’association morbihannaise Humus Fructus tente de lui redonner des couleurs dans son ancienne aire de prédilection. « Le châtaignier fait partie du patrimoine, mais il dépérit », déplore Franck Guillouzouic, animateur de la structure. La dépréciation de son rôle alimentaire suite à la diffusion d’autres féculents bon marché, et faciles à préparer, comme la pomme de terre, lui a été préjudiciable.

On doit contribuer, pour les générations futures

Dans la cuisine actuelle, la châtaigne n’est plus qu’un mets désuet. Des belles châtaigneraies d’antan ne subsistent que de menus vestiges situés sur les versants. Le remembrement, qui a effacé nombre de talus et de haies, a eu raison des arbres isolés et des plantations d’alignement. Actuellement, ce sont les maladies cryptogamiques qui fragilisent les rescapés. Le chancre (écorce craquelée) et surtout l’encre et ses coulures noires, menacent sa santé, au plus profond des forêts locales.

Formations techniques

L’association met les bouchées doubles pour protéger cet arbre emblématique de la campagne bretonne, en contribuant au recensement du patrimoine existant et à la collecte de greffons des meilleurs individus. Elle organise des formations techniques sur la culture avec des castanéiculteurs des régions productrices et des chantiers collectifs de plantation. Elle a aussi entamé une réflexion sur les outils et moyens nécessaires pour améliorer et faciliter les récoltes, la conservation et la transformation des châtaignes.

Un petit verger à Limerzel

« Nous avons acheté des porte-greffes de variétés hybrides résistants à la maladie de l’encre (Marsol) et adaptés à notre terroir, dans une pépinière de Dordogne », poursuit Franck Guillouzouic. De manière symbolique, la commune de Limerzel (56) a créé un verger en plantant 25 porte-greffes hybrides sur une parcelle, cet hiver. « Ensuite, nous greffons des variétés locales productives ». Le châtaignier apprécie les sols acides, filtrants et assez profonds. « Il peut être en difficulté en cas de sécheresse. Il est conseillé d’irriguer les premières années et en fin d’été pour assurer une bonne production, notamment dans le sud ». Avec le changement climatique, il pourrait trouver des conditions idéales, pour fructifier, sur l’ensemble de la Bretagne.

Dans des haies bocagères

Au mois d’avril dernier, l’association a réalisé un atelier d’initiation au greffage sur la ferme de Pascale et Éric Lucas, à Limerzel. Sous la conduite de trois greffeurs locaux, la cinquantaine de participants ont découvert la greffe en couronne le matin, qui peut « s’appliquer sur toutes les espèces, pour des arbres allant de la taille d’un goulot jusqu’au cul d’une bouteille », puis, dans l’après-midi, la greffe anglaise, qui consiste à assembler le greffon et le porte-greffe à l’aide d’une entaille en biseau. Les châtaigniers sauvages d’une jeune haie bocagère de cinq ans ont servi de support à la démonstration. Les premières récoltes se feront dans cinq ans. « On profite de ce que les anciens ont planté », indiquait l’un des participants, inquiet du manque de transmission d’un savoir-faire ancestral. « Nous, aussi, on doit contribuer pour les générations futures ». En créant des vergers, en plantant des haies et en sachant les valoriser.

Bernard Laurent

De nombreuses variétés locales à greffer

Une bonne dizaine de variétés locales existent, greffées, parmi lesquelles la Marron de Redon, très sucrée, qui englobe en réalité plusieurs espèces, plus ou moins précoces ou tardives, donnant des fruits plus ou moins gros. La Bercillaude, une variété hâtive, emblématique du terroir de la Roche-Bernard ; la Gros poil ou Petit poil, ainsi nommées en raison de la vigueur des piquants de la bogue, autrefois bien implantée dans la vallée de la Vilaine et dans les cantons de Rochefort-en-Terre et de La Gacilly. La St Jean qui pousse dans les jolis vallons de St-Jean-la-Poterie ; la Marron dorée de Vannes et d’autres encore.


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