18126.hr - Illustration « En tant que cédant, savoir écouter les jeunes »
L’ancienne stabulation des vaches de Joël Guillo a été adaptée pour loger les 50 chèvres laitières de Julie Borel.

« En tant que cédant, savoir écouter les jeunes »

En l’espace de deux ans, la petite structure laitière et herbagère de Valérie et Joël Guillo à Merléac (22) a permis à deux projets nouveaux - en maraichage bio et en élevage de chèvres avec transformation – et à un magasin à la ferme mutualisé d’émerger.

En juin 2022, le troupeau de laitières est parti et Joël Guillo a fait valoir ses droits à la retraite. Son épouse, Valérie, termine sa carrière en se concentrant sur le poulailler de 1 200 m2 (poulettes futures pondeuses). Il y a encore quatre ans, le couple ne voyait pas forcément d’avenir à leur ferme qu’ils conduisent depuis 1986. 40 vaches en système herbager sur 50 ha de SAU livrant 250 000 L de lait en conventionnel en Centre-Bretagne… « Dans notre tête, ce n’était pas reprenable. Mais aujourd’hui, une catégorie de jeunes cherchent des structures de petite taille pour se lancer. »

« Le retour inattendu de notre fille » 

La métamorphose a commencé en 2020 quand leur fille Lucie et son mari Damien Mouello leur ont demandé 2,5 ha pour se lancer en maraîchage. Lui s’est installé en 2020, elle en 2022. Le terrain à proximité des bâtiments accueille ainsi une pépinière de 300 m2, deux tunnels de 1500 m2 et des cultures de plein champ. Au total, une bonne quarantaine de légumes est désormais produite en bio sur le site. « Le retour de notre fille a été assez inattendu. C’est une fierté pour nous. Après des études d’Histoire, des expériences comme crêpière, quand elle nous a demandé un petit bout de terrain, nous n’avons pas tout de suite compris… », confie Valérie.  

Un magasin à la ferme dans des campagnes sans commerce

Dans la foulée, un autre chapitre de l’histoire de la ferme s’est ouvert. À l’automne 2022, Julie et Claude Borel se sont lancés également une partie de l’exploitation. Ils ont acheté les bâtiments et louent 12 ha pour conduire un troupeau de 50 chèvres laitières. Toute la production est transformée. « Julie et Claude se sont installés dans nos gîtes pour se rapprocher de leur famille après des expériences à l’étranger notamment. Ils ne sont pas repartis », sourit Joël. Confinés sur place pendant le Covid, leur projet a eu le temps de germer. Ils ont démarré par un troupeau de chevrettes élevées sous un bâtiment tunnel, se formant en parallèle à l’élevage et à la transformation.  

Un hameau redynamisé

Aujourd’hui, le magasin à la ferme créé par Lucie et Damien pour leurs légumes accueille sans surprise les fromages, yaourts et glaces de Julie et Claude. Cela leur a permis de trouver immédiatement un premier débouché et d’avoir un retour direct des clients au démarrage. Il y a aussi le pain d’une boulangère de Mellionnec, la livraison de poissons… L’initiative est un succès. « Nous pensions que les gens ne viendraient pas se perdre jusqu’ici pour faire leurs courses. Mais le magasin draine des consommateurs à 20 km à la ronde qui cherchent de bons produits en circuit court. Dans des campagnes où il n’y a plus de commerces, c’est super », apprécient Valérie et Joël Guillo. Ces derniers mesurent le chemin parcouru : « Désormais, il y a de la vie dans le hameau : en plus du passage des clients du magasin, nous sommes passés de 3 à 10 habitants. » 

En plus du poulailler, Valérie, à qui il reste quatre ans de carrière, a conservé 25 ha qui sont cultivés « en céréales et en herbe vendue sur pied pour les éleveurs du coin qui cherchent du fourrage ». C’est donc finalement trois exploitations en une qui cohabitent joyeusement aujourd’hui. « La transmission, nous n’avons pas eu le temps de beaucoup y cogiter. Cela nous est tombé dessus. En tant que cédants, il faut surtout savoir être souples et écouter les jeunes », terminent les deux Costarmoricains avec enthousiasme.

Après-midi sur l’installation – transmission

Jeudi 23 novembre, dans le cadre du mois de l’installation, le Gab d’Armor et le Cédapa organisent une porte ouverte « S’installer à plusieurs sur une ferme multi-ateliers » sur place. Le cédant qui a accompagné le changement de système et les deux couples d’installés qui se sont lancés expliqueront leurs démarches, témoigneront de la nouvelle dynamique de travail et de nouveaux liens sociaux nés sur le territoire et échangeront sur les enjeux de l’installation et de la transmission. Quatre ateliers seront proposés : « transmettre sa ferme herbagère en vaches laitières », « s’installer en maraichage diversifié », « s’installer en chèvres et transformation fromagère » et « travailler en collectif, ça s’organise ! ». En pratique : Jeudi 23 novembre, de 14 h à 16 h 30, 6 La Clef des Garennes à Merléac. 


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article