Edito - Illustration Enjeux contradictoires

Enjeux contradictoires

L’agriculture n’a pas été au cœur du conseil de planification écologique présidé par Emmanuel Macron. Est-ce l’expression d’une forme de bienveillance du chef de l’État à l’égard de l’agriculture, secteur qui représente pourtant 19 % des gaz à effet de serre du pays ? Peu probable. Ou cette carence tient-elle au fait que réduire les émissions agricoles s’apparente à la quadrature du cercle ? Peut-être…

Commençons par le plus simple. La forte contribution du protoxyde d’azote (42 % des rejets agricoles) supposerait de réduire drastiquement les engrais minéraux. Avec en contrepartie une baisse substantielle des rendements. Pour exemple : produire un quintal de blé nécessite 3 unités d’azote. Épandre moins d’engrais revient donc à vider l’assiette des Français ou devoir importer. Pas simple finalement…

Tous les ingrédients pour attiser une inflation alimentaire

La solution consisterait donc à remplacer les engrais de synthèse par des déjections animales. Cette voie se heurte quant à elle à la problématique du méthane rejeté par les animaux. Or ce gaz hyper-chauffant est à l’index du dérèglement climatique. Une trajectoire de baisse du nombre de bovins a d’ailleurs été ébauchée à dessein. Or, celle-ci est antinomique avec la nécessaire préservation des prairies considérées comme des pompes à carbone.

Bref, si l’on suit bien : il faudrait diminuer les engrais, réduire l’élevage, augmenter la surface des prairies, préserver la souveraineté alimentaire du pays pour ne pas délocaliser les émissions de CO2 via les importations, et consacrer plus de surface agricole pour produire de l’énergie renouvelable. Il y là tous les ingrédients pour attiser une inflation alimentaire socialement périlleuse. On comprend finalement que, le 25 septembre, Macron se soit contenté de quelques phrases sur l’agriculture en fin de séance.


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