Ode au manuel

Edito - Illustration Ode au manuel

Dans les années 80, on nous expliquait que l’économie de services supplanterait l’économie désuète de production. C’était l’époque où Margaret Thatcher ouvrait la voie néolibérale qui allait mener la vie rude au secteur primaire incarné par l’industrie lourde, mais aussi l’agriculture. Les esprits avec les mains dans la terre et les pieds sur terre avaient du mal à imaginer les fondements de cette nouvelle économie dépouillée de son appareil productif. Et pour cause, c’est un leurre. Tout simplement parce que, aussi prosaïque que cela puisse paraître, l’humain a des besoins biologiques et physiques primaires : manger, se loger, se déplacer, se soigner. Et même si, demain, une imprimante 3d sera capable de fabriquer une pizza, en amont il y a toujours quelqu’un qui cultive les céréales ou les tomates et qui fabrique le moulin pour transformer le grain en farine.

« Redonner de la fierté et des perspectives » à ceux qui travaillent jeunes avec leurs mains. C’était tout le sens de la visite d’Emmanuel Macron, la semaine dernière, dans un lycée professionnel de Saintes. Car, un pays qui veut se réindustrialiser aura forcément besoin de travailleurs manuels pour fabriquer des produits manufacturés aussi nécessaires qu’invisibles comme les lourds essieux de remorques, les engrenages d’un moteur, les tubulaires d’une chaufferie, etc. Et il est vrai que la visite du président de la République avait quelque chose d’émouvant en voyant ces jeunes de l’ombre mis en lumière, en tant que futurs détenteurs d’un vrai savoir-faire manuel. Les écoles d’agriculture aussi mériteraient d’être mises sous les projecteurs de la sorte. Car l’école, le lycée « près de chez soi » peut mener loin – et porter haut le pays –, comme l’a martelé le président de la République.


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