14882.hr - Illustration À chacun sa recette du lait à l’herbe
Véronique et Pierrick Charles témoigneront sur la conduite de leur système herbager au colloque du 7 mars (voir encadré).

À chacun sa recette du lait à l’herbe

Fermeture du silo, gestion des prairies, fauches précoces d’herbe, féverole fermière dans la ration… Pierrick et Véronique Charles témoigneront, mardi 7 mars, au colloque « Produire du lait à l’herbe » à Plérin.

L’EARL de la Braize à Hénon est plantée sur un secteur vallonné de terrains sableux très portants (850 mm de pluie). Les vaches sortent ainsi 350 jours par an. « Depuis trois ans, l’hiver, pour rapporter de l’azote soluble à la ration, elles pâturent du colza fourrager », expliquent Véronique et Pierrick Charles. « Nous défaisons une prairie à l’automne pour semer ce colza consommé de mi-décembre à mi-février. Cette année, la culture a souffert : au 5 février, c’était fini. » Le plateau herbager a été aménagé – « même si cela ne s’est pas fait en un jour » – grâce à des échanges parcellaires. « Surtout, le boviduc mis en service en février 2015 nous simplifie la vie : 42 ha sont accessibles sans route à traverser. Quel bonheur ! » Dimensionnés pour deux jours (environ 1 ha), les paddocks – où la fétuque notamment est présente – sont exploités sans fil avant. Début mai, le troupeau est en 100 % pâturage (silo fermé pour 2 ou 3 mois).

Le silo débâché à chaque coupe d’herbe

Sur 85 ha de SAU, 72 ha sont en herbe. Deux îlots, (25 ha à 5 km et 11 ha à 15 km) sont dédiés à l’élevage des génisses et surtout à la fauche. Grâce à l’autochargeuse de l’entrepreneur, cinq coupes précoces – tous les 30 à 35 jours – sont réalisées dans l’année sur ces prairies éloignées (RGH – RGA – TV – TB). « À chaque fois, nous débâchons pour ajouter une nouvelle couche d’herbe sur le tas. » L’opération est facilitée par les murs épais des silos couloirs qui permettent de se déplacer en sécurité et de stocker les boudins. Les choses sont bien rodées. La première coupe d’herbe, vers la mi-avril, vient sur le silo d’été par-dessus l’ensilage de maïs (6,5 à 8 ha cultivés, contre 13 ha avant le passage en bio en 2019). La date d’ouverture de ce petit silo, dimensionné pour une avancée rapide du front d’attaque, se fait « en fonction de la pousse de l’herbe dans les paddocks, de la météo, des premiers vêlages… ». Généralement vers la fin juillet (mi-août en 2021). Les coupes suivantes sont stockées dans l’autre silo.

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Entre le petit silo d’été (à gauche) et le silo principal, la largeur du muret facilite le débâchage à chaque coupe d’herbe.

Mélange céréalier autoconsommé

6,3 ha sont aussi cultivés en féverole – triticale. Pour réussir cette association en bio, le semis intervient « le plus tard possible » (19 novembre 2022 pour cette campagne) : « Ainsi il y a moins de levée d’adventices et moins de maladies, explique Pierrick Charles. J’aime que les cultures soient propres. Ma hantise, c’est le rumex ! » Alors Véronique et Pierrick Charles n’hésitent pas à se retrousser les manches et à passer à pied dans les parcelles avec des arrache-racines (trouvés sur www.humifere.fr). La récolte intervient à la fin de la moisson des blés. « Il faut qu’il fasse chaud. La tige de féverole, abrasive, nettoie la moissonneuse. » Les adhérents à la Cuma des Bio Trieurs réalisent eux-mêmes le triage des deux types de graines avant broyage (camion prestataire) et stockage dans des silos d’aliment.

En s’appuyant sur l’état des bouses et les résultats d’analyses de la laiterie, la féverole est distribuée aux vaches en fonction du taux d’urée dans le lait et de la pousse de l’herbe. « Depuis début décembre, nous en donnons 1,5 kg par vache par jour avec l’ensilage. Les plus laitières reçoivent un supplément et un peu de triticale. Quand le pâturage est bien lancé et que les animaux avancent en lactation, l’apport diminue. Au-dessus de 250 mg d’urée / L de lait, nous arrêtons.»

400 000 L livrés en bio

Grâce à cette conduite simple, l’année dernière, en bio, le niveau d’étable s’élevait à 6 150 L livrés / VL à 32,8 de TP et 43,7 de TB. Soit 427 000 L produits en tout – sans traite du dimanche soir depuis 2007 – par les 65 laitières (bilan comptable). Le coût alimentaire se situait à 65 € / 1 000 L en 2022 et à 53 € en 2021 ( « En conventionnel, c’était entre 80 et 90 € pour une production de 7 500 kg / VL au Contrôle laitier »). À comparer à un prix du lait bio (Sill) payé à 501 € / 1 000 L en 2022 (499 € en 2021).

Comment mieux valoriser l’herbe sur sa ferme ?

Mardi 7 mars, de 13 h 30 à 17 h, le Cédapa, le Gab 22 et la Chambre d’agriculture organisent le colloque « Produire du lait à l’herbe : quelles possibilités sur ma ferme ? ». Le rendez-vous sera articulé autour de cinq témoignages de terrain sur différentes stratégies en système herbager en fonction des caractéristiques des fermes et objectifs des éleveurs. Avec Yvon Mariette et Adrien Guernion, du Gaec du Bois de Plédran (silo de maïs fermé 2 mois, atelier porc, lupin pour l’autonomie protéique) ; Raphaël Jouanigot, du Gaec des Prairies de la Noé à Plaintel (adaptation de l’élevage – sans ensilage – pour la transformation fromagère) ; Catrinus Véninga, de Planguenoual (tout herbe, optimisation du temps de travail en vêlages groupés de printemps) ; Véronique et Pierrick Charles, de l’EARL de la Braize (vêlages groupés d’automne, mélange céréalier autoconsommé, mélange complexe pour le pâturage) ; Nathalie Bertho et Gildas Le Fresne, du Gaec Carmoise à Guerlédan (organisation du pâturage avec un robot de traite). En pratique : mardi 7 mars, Espace le Chêne Vert (2 rue de la croix Lormel) à Plérin. Gratuit. Sur inscription : 02 96 74 75 50 ou simon.cedapa@orange.fr

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