L’élevage des jeunes remis à plat donne de jolis résultats

Emplacement des niches à veaux, protocole de pesée, logement des génisses sevrées à proximité de paddocks, ration… En 2015, au Gaec de Mézerais à Penguily (22), la construction d’un espace dédié aux jeunes animaux a amélioré le confort des animaux et rationnalisé le travail quotidien. Créé en 1966, le Gaec du Mézerais associe production laitière et production porcine sur deux sites distincts. « Auparavant, une fois sevrées, nos génisses étaient transférées vers l’autre lieu pour être élevées dans une ancienne porcherie. Le travail, notamment le paillage, y était manuel », raconte Cyril Montier. Avant d’expliquer que le Gaec fonctionne à 2 associés aujourd’hui contre jusqu’à 6 par le passé. « Même si la main-d’œuvre salariée a pris le relais, il y avait un réel besoin d’optimiser le temps de travail. » En 2015, l’investissement dans un silo-tour pour stocker l’ensilage de maïs a été réalisé avec l’idée « d’automatiser un jour l’alimentation ». Les éleveurs en ont profité pour refaire tout le bloc d’élevage des jeunes en aménageant un bâtiment génisses en s’appuyant sur les silos-couloirs libérés. « Depuis, nous sommes beaucoup plus opérationnels. Le travail autour des veaux et génisses est devenu plus intéressant : on pèse, on observe… » Pesées à la naissance, au sevrage, à la mise à l’herbe… « Nous pesons quelques veaux à la naissance pour avoir des repères. Ensuite, nous pesons au sevrage, vers 10 ou 11 semaines, pour s’assurer que nous sommes dans les clous : autour de 110 kg », explique Cyril Montier. Si le développement semble « un peu juste », le tir est rapidement rectifié à l’auge. A l’arrivée, ces points d’étape servent à atteindre « l’objectif prioritaire » de 200 kg à l’âge de 6 mois. « Parfois, aujourd’hui, on y est à 5,5 mois ». Depuis deux hivers, l’adhésion au service Bovins Croissance a permis de « bien caler les rations » en faveur de ces performances. Pour simplifier le travail et gagner en précision sur les quantités distribuées, les jeunes sont maintenant nourries à l’aide de la mélangeuse dès l’âge de 3 mois. La distribution se fait maintenant sur la base d’« 1 kg de matière sèche de maïs ensilage par 100 kg de poids vif » accompagné de 2 kg de paille par animal. Sortie à l’herbe de 6 à 13 mois En mai, les génisses de première année sortent à l’herbe. Juste avant, elles reçoivent systématiquement un bolus vermifuge dont la rémanence est d’au moins 90 jours. « Chacune a aussi le droit à une boucle de nez anti-tétée. Ces anneaux ne coûtent pas cher comparés à une vache qui n’ a plus que trois trayons productifs… », confie Cyril Montier. Âgées de 6 à 13 mois, elles sont conduites toutes ensemble sur un paddock spécifique. « Un fil avant est avancé 3 fois par semaine car je préfère leur donner au fur et à mesure pour les inciter à bien pâturer. » Elles disposent également d’un râtelier de paille. « Sur la période de 6 à 10 mois, j’estime que de l’herbe seule est un peu juste alors je leur apporte 1 kg de maïs humide par tête par jour. » Puis, à partir de 13-14 mois, vers 360 kg, elles sont rentrées – « C’est plus simple pour assurer une alimentation bien calée » – pour une mise à la reproduction à partir de 400 kg. Comme le bâtiment est spacieux, les génisses sont logées confortablement par 4 ou 5. Grâce à la bascule à disposition, elles ne sont plus regroupées en fonction de leur numéro de boucle (date de naissance) mais de leur poids – « On vise 25 à 30 kg d’amplitude par case » – en faveur de lot homogène limitant la compétition sociale. « Avant, nous avions du déchet chez les génisses : pour un même coût d’élevage, les plus décevantes faisaient une lactation, les meilleures 4, 5 ou plus… », confient les associés qui ont commencé à faire génotyper les veaux dès le lancement du service. « Cela nous permet de faire le tri : semence sexée sur les génisses à bon potentiel, pose d’embryon sur les moins bonnes », expliquent les naisseurs des taureaux Juno, Nutrigen, Matisse et Ouessant (remarquable en morphologie). Par exemple, une jeune femelle dont les index sortent négatifs concernant la qualité des membres reçoit « d’office » un embryon. Deux constats de gestation avant de ressortir à l’herbe Trois semaines après l’insémination, à l’œil et grâce aux colliers de détection, les retours en chaleur sont surveillés de près. Toutes les trois semaines, un technicien passe sur l’élevage échographier 5 à 10 animaux. Les génisses sont testées une première fois à partir de 32 jours après l’IA. « Si à l’examen suivant, le 2e constat de gestation, est à nouveau positif, la génisse ressort à l’herbe. » Près des bâtiments, 7 ha découpés en 7 paddocks sont réservés (pâturage tournant) à toutes les génisses de plus de 15 mois confirmées gestantes et aux des vaches taries en début de période sèche, toutes réunies en un seul groupe. La rentrée au bâtiment se fera 3 semaines avant terme pour la phase de préparation au vêlage. Les animaux reçoivent alors une part de ration des laitières, un complément de correcteur azoté et un peu de chlorure de magnésium (recherche d’une Baca négative) pour préparer un bon démarrage en lactation. Vers un premier vêlage à 26 mois Depuis la mise en service, en 2015, du bloc d’élevage des génisses sur le site de l’atelier laitier du Gaec, les performances ne cessent de s’améliorer. « D’un côté, les animaux bénéficient de davantage de place et de confort. De l’autre, en ayant tout le monde sous les yeux, sous le même toit, notre surveillance est meilleure et le taux de réussite à l’IA progresse », explique Cyril Montier. Les pesées plus fréquentes et l’alimentation mieux maîtrisée contribuent aussi aux résultats. L’âge moyen au premier vêlage est passé sous les 27 mois contre plus de 28 mois en 2014 au Gaec et 33 mois actuellement en race Normande. « Notre objectif est de nous stabiliser à 26 mois à l’avenir alors que nous commençons à inséminer des animaux plus jeunes », confie le producteur de lait qui estime que plus la période d’élevage, improductive, est réduite, moins cela pèse sur la performance économique globale. « Ces progrès constants sur les jeunes animaux rejaillissent peu à peu sur tout le troupeau. Dans le bilan, les vaches sont passées de 836 jours de vie productive en 2015 à 881 jours en 2019 ».

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