Moins d’aides attendues en viande

La refonte de la Pac va entraîner une réduction des aides couplées en bovin viande, plus ou moins marquée selon les exploitations. Les éleveurs laitiers seraient légèrement gagnants. Des récupérations seront possibles via le couplage protéique mais l’enveloppe devra être partagée… Dans la future Pac 2023-2027, les élevages allaitants sont perdants suite à la décision de fusion des ABL et ABA (aides aux bovins laitiers et allaitants) dans du couplage aux UGB bovines. « Ce choix a été fait par la France en vue de diminuer l’impact négatif sur l’Ouest laitier de la convergence des aides à l’hectare qui se poursuit dans cette programmation », a souligné Hélène Fuchey, du département économique de l’Idele-Institut de l’Élevage, lors d’une conférence au Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand. L’enveloppe dédiée au couplage bovins va d’autre part absorber une baisse de 10 %, progressive de 2023 à 2027, en faveur du couplage « protéine végétale ». « Une volonté de favoriser la production de protéines végétales est clairement affichée par le gouvernement. Les éleveurs de bovins pourront en bénéficier mais il y aura une enveloppe à se partager… » Seuls les bovins de plus de 16 mois sont primés Plusieurs critères ont été établis par le ministère de l’Agriculture pour l’attribution des aides bovines couplées. Le PSN (plan stratégique national) devra cependant être validé par la Commission européenne en 2022. Premier point : « Seuls les bovins âgés de plus de 16 mois sont éligibles. Les bovins de 16-24 mois compteront pour 0,6 UGB, les plus de 24 mois pour 1 UGB. Et ils devront être présents au moins 6 mois sur l’exploitation », précise Hélène Fuchey. Deuxième point, des plafonds seront affectés : 120 UGB et 40 UGB « non allaitants » au maximum. « La transparence Gaec sera appliquée. Les plafonds sont doublés pour un Gaec à deux associés, triplés pour 3 associés… » Un plafond de chargement est aussi prévu à 1,4 UGB (de plus de 16 mois) par hectare de SFP. « Ces surfaces peuvent être de l’herbe, du maïs, mais aussi des céréales autoconsommées. » Les 40 premiers UGB n’auront pas cette application de chargement. Que sont les UGB « allaitants » et « non allaitants » ? « Les UGB » allaitants « sont les femelles de races à viande (le nombre de primables est limité à 2 fois le nombre de veaux sur l’exploitation pour favoriser la productivité). Pour les mâles, c’est la présence de vaches sur l’exploitation qui les rend primables en catégorie » allaitant « avec 1 UGB mâle/vache présente qu’elle soit de race à viande ou non. Tous les autres bovins sont classés en » non allaitants « avec le plafond de 40 UGB. » Quels montants sont attendus ? Les aides « allaitantes » seraient de 104 €/UGB et « non allaitantes » de 57 €/UGB en 2023. Ces chiffres ne prennent pas en compte l’évolution des cheptels (une décapitalisation accroîtrait les primes), ni la dégressivité de l’enveloppe dédiée aux aides bovines. En se basant sur ces montants d’aides, prenons l’exemple d’un éleveur allaitant naisseur qui compte 80 UGB de plus de 16 mois et une SFP de 60 ha. Il respecte le chargement de 1,4 UGB/ha et touchera 8 320 € d’aides couplées (80 x 104 €). Un élevage laitier avec deux associés et 100 UGB de plus de 16 mois touchera 4 560 € (57 € x 80 UGB suite à l’application de la transparence Gaec). Un engraisseur pur avec plus de 40 UGB, sans vaches à côté, touchera 2 280 € (40 x 57 €). « Avec l’ancienne Pac, il n’avait pas de couplage. » Quelles conséquences sur l’élevage bovin viande ? « Les simulations chiffrées que nous avons réalisées montrent une baisse de 17 % du couplage en moyenne et de 2,5 % du premier pilier pour les élevages bovins viande en 2023. Selon les exploitations, le couplage pourrait baisser entre 11 et 30 % et le premier pilier entre 1 et 13 %. » Des disparités très importantes existent entre exploitations en fonction de l’historique individuel et de l’effet de la convergence des aides du 1er pilier, souvent défavorable en Bretagne par exemple. Pour ceux qui seront en capacité de l’adopter, le nouvel outil « Éco-régime » (représentant 25 % du premier pilier) pourra permettre des aides d’environ 50 à 80 €/ha. Un des enjeux avancés par la France dans ces choix était de favoriser les élevages naisseur-engraisseur mais cela n’est pas le cas au final. « Est-ce que le couplage » protéine végétale « qui progresse sur la nouvelle Pac sera utilisable pour les éleveurs, quels seront les montants ? De toute façon, l’enveloppe devra être partagée », note Guillaume Gauthier (représentant Idele et FNB).

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