Mikael Scrignac va jusqu’au domicile de ses clients pour livrer sa viande. Un service apprécié pendant le confinement ou en ces temps de couvre-feu.
Les clients de la Ferme de Mik, élevage de Salers et de Blonde d’Aquitaine de Plougonven (29), sont particulièrement choyés. En plus de pouvoir savourer une viande de qualité grâce à un troupeau exclusivement nourri à l’herbe, l’éleveur a fait le choix de livrer ses colis directement au domicile du consommateur.
C’est en 2013 que le Finistérien décide de reprendre la ferme familiale d’une trentaine de mères sur 36 ha, après avoir exercé le métier d’éducateur spécialisé en France ou en Belgique. Dès le démarrage de l’activité, il décide de vendre sa production selon la demande, pour satisfaire dans un premier temps ses amis. Le gros des animaux approvisionne Bretagne Viande ou le Mol, 1 à 2 carcasses par an sont réservées à la vente directe. Puis le bouche-à-oreille ne tarde pas à faire son travail ; la viande est appréciée et plébiscitée par beaucoup. « Je propose un produit dont je suis fier, bien valorisé malgré la conjoncture ».
[caption id=”attachment_52438″ align=”aligncenter” width=”720″] 3 colis différents sont à la vente.[/caption]
Viande locale
La ferme familiale glisse petit à petit de cultures de céréales et de maïs vers une part d’herbe toujours plus importante, pour atteindre 100 % de la ration dès 2017. « J’ai investi dans des semences de légumineuses, comme différents trèfles ou de la luzerne. Le coût de production est bas en race salers, pas besoin d’aliment de finition autre que celui produit sur la ferme ». Une dizaine de bêtes par an approvisionnent désormais ce marché local et direct, réparti sur 170 clients, situés dans un rayon de 30 minutes autour de la ferme.
Après abattage sur le site du Faou (29), les carcasses sont découpées et congelés au Gaec Boucherie à la Ferme, au Cloître-Saint-Thégonnec (29), soit à 15 km de l’élevage. Le véhicule à caisson isotherme de Mikael chemine ensuite les petites routes de campagne pour se rendre chez ses clients sans rompre la chaîne du froid. Et l’éleveur de se plier en 4 pour être à l’heure à ses rendez-vous et remettre en main propre des colis choisis dans une gamme de 3 compositions, à savoir classique, spécial ou prestige. Au menu de ces caissettes, hampes, poires, côtes de bœuf et autres tournedos.
[caption id=”attachment_52437″ align=”aligncenter” width=”720″] Le bâtiment récent est conçu pour le confort des animaux et de l’éleveur. Des jeux sont proposés dans l’aire paillée, un fond sonore de musique classique calme les animaux.[/caption]
Le pot-au-feu au goût du jour
La première période de confinement au printemps dernier a fait exploser la demande. Les consommateurs souhaitent manger « moins de viande, mais de meilleure qualité, et sont souvent déçus par le prix et la qualité trouvée en grande surface ». La situation sanitaire a ramené le consommateur aux fourneaux pour se faire plaisir, en faisant mijoter les morceaux moins nobles de bovin. Chez une clientèle plus jeune, Mikael Scrignac n’hésite pas à conseiller sur des recettes qui dépoussièrent les grands classiques de la gastronomie française, comme le pot-au-feu. « Ce n’est pas compliqué, il suffit de cuire à l’eau avec quelques légumes la viande pendant 3 heures », rappelle-t-il. Mieux, une fois cette préparation cuite, elle peut servir de base « pour en faire de la bolognaise, du chili con carne… », des recettes qui parlent peut-être plus à la jeune génération.
La livraison de colis de nourriture à domicile peut paraître gênante pour une certaine frange de la population. « On a des scrupules à se faire livrer chez soi… Pour les plus jeunes, c’est bien dans l’air du temps, c’est un service rendu, le concept de drive ne va pas assez loin ». Les morceaux de viande trouvent aussi un autre débouché, en étant présents sur les étals du marché de Marie Rolland au Chant de la Terre, le vendredi après-midi. Proximité et côté local obligent, ce marché est distant de moins de 5 km de l’élevage.
Une belle histoire à raconter
Dans la ferme familiale, une nouvelle idée en bouscule une autre. L’éleveur est toujours en réflexion, les idées sont notées dans un petit carnet « pour garder une ligne directrice ». Pour les clients, il faut avoir une histoire à raconter sur le confort des animaux dans le nouveau bâtiment ou sur le bien-être animal, sujet souvent évoqué par la clientèle. Mikael Scrignac a des réponses à apporter à ces interrogations, en parlant de ses petites astuces pour faciliter les manipulations, comme des jeux accessibles au troupeau pendant l’hiver, avec des balles et des cônes de chantier dans l’aire paillée.
Pour les laisser ruminer tranquillement, le Plougonvenois diffuse de grands noms de la musique classique à son troupeau. Ce fond sonore apaise. « Une bête moins stressée donnera une meilleure qualité de viande ». L’histoire ne dit pas si les bêtes à longues cornes préfèrent écouter la période baroque, ou apprécient davantage des sonorités plus contemporaines…