7472.hr - Illustration Planter des arbres aujourd’hui pour transmettre de la valeur
Laurent Le Mercier (à gauche) et Bernard Grainic présentent la plantation de feuillus. Au second plan, les épicéas de Sitka qui couvrent la partie principale des terres investies.

Planter des arbres aujourd’hui pour transmettre de la valeur

Pour valoriser des terres en indivision, accompagnés par un expert forestier, deux propriétaires ont planté un peu plus de 5 ha à Rostrenen (22). Leurs enfants en récolteront les fruits.

Au décès de leurs parents il y a cinq ans, Francis et Bernard Graignic ont hérité, « en indivision  », de l’ancienne petite ferme familiale. Retraités, les deux frères ont rapidement vendu la maison mais conservé les terres en déprise depuis des années. Parmi les 12 ha, deux étaient plantés depuis les années 70 et exploitables. « Pour les valoriser, nous avons cherché une compétence professionnelle : grâce à l’accompagnement de Laurent Le Mercier, nous avons vendu la coupe en profitant de bonnes conditions de marché. » Soit environ 70 000 € perçus.

Programme d’aides de la Région

Mieux, cet expert forestier leur a rapidement proposé de réinvestir dans la forêt. « D’abord, quand un propriétaire coupe plus d’un hectare, il a l’obligation de replanter la même surface. Ensuite, en profitant des aides de Breizh Forêt Bois, il y avait une véritable opportunité pour réaliser une opération ambitieuse de reboisement qui ne coûtait rien », explique le spécialiste. Au final, Francis et Bernard Graignic ont dédié 5,38 ha à la plantation pour un coût total se situant entre 18 000 et 20 000 € (préparation des sols, fournitures et plants, plantation, frais d’expert et de suivi…). En contrepartie, ils ont reçu 12 000 € de subvention via le programme régional : « Breizh Forêt Bois est une aide financière forfaitaire à l’hectare versée après réalisation de la plantation », précise Laurent Le Mercier.

Un investissement à vivre en famille

Selon les recommandations de l’expert, le choix s’est porté sur des essences à croissance rapide demandées par l’industrie. Majoritairement des épicéas de Sitka et quelques chênes et hêtres en bordure de route. Mais ne vous y trompez pas, l’exploitation n’interviendra que dans 35 à 40 ans. À mi-parcours, 15 ans après plantation, l’éclaircie qui consiste à faire tomber un rang sur cinq produira tout de même les premiers revenus. « Nous avons quatre enfants à nous deux, ils se partageront le reste en vendant quelque chose qui a de la valeur », expliquent, avec malice, Francis et Bernard, âgés respectivement de 65 et 67 ans. « En attendant, dès que nos enfants viennent nous visiter, nous allons en famille voir les arbres. Et Laurent Le Mercier de conclure : « La forêt, conviviale, crée un lien naturel et apaisé entre les générations autour d’une valeur transmissible. Et avec un taux de rendement de 5 à 6 % par an pour de l’épicéa, c’est un investissement imbattable sur le long terme. »

Mon bois a-t-il de la valeur ?

« Des propriétaires possédant des zones boisées n’ont pas conscience de la richesse qu’ils ont sous la main. Certains auraient de sacrées surprises car un bel hectare de plantation peut valoir 20 000 € », rapporte Laurent Le Mercier à la tête du cabinet Sylva Expertise. Avant de conseiller fortement, quand on se pose la question, de contacter un professionnel. « Un coup de téléphone ne coûte rien et n’engage à rien. » D’autant que les experts forestiers de Bretagne se regroupent deux fois par an pour éditer un catalogue proposant tous les lots inventoriés chez leurs clients. Au printemps et à l’automne, ces parcelles de bois aux surfaces très variables (généralement entre 0,5 et 20 ha), sont ainsi vendues aux enchères, « en toute transparence », aux marchands spécialisés. « En fonction de la qualité, le matériau servira à la fabrication de poutres, de planches, de voliges, de plaquettes… Aujourd’hui, tout se vend. »

Agriculture et forêt savent cohabiter

Dans un environnement où l’enjeu du foncier est majeur, « il y a potentiellement de la concurrence entre agriculture et forêt », concède Laurent Le Mercier. « Mais sur le plan macro, la forêt fait peu d’ombre à l’agriculture. La principale menace vient avant tout de l’artificialisation des sols. D’autant que le boisement n’a pas vocation à aller partout. » Le spécialiste estime que, pour les projets importants de plantation, le propriétaire doit être « intelligent » et laisser les meilleures terres agronomiques aux cultures et à l’élevage. « Les deux mondes doivent savoir se parler. »   


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