- Illustration Adeptes du bio et du sans labour, ils interpellent les politiques
Patrice Le Callonnec, avec Paul Molac, député du Morbihan (à gauche) et Olivier Allain, dans un mélange de seigle et de trèfles, est associé à son épouse Claudine et ses fils Valentin et Émilien.

Adeptes du bio et du sans labour, ils interpellent les politiques

Le Gaec Bio Yvel pratique l’agriculture de conservation depuis plus de 20 ans. Les associés ont fait part de leurs doléances aux élus de la Région, en visite sur leur ferme.

« Il n’y a pas d’antinomie entre l’économie et l’écologie », assure Olivier Allain, vice-président de la Région. « C’est même souvent le contraire ; les agriculteurs qui maîtrisent leurs intrants s’en sortent souvent mieux ». Le Gaec Bio Yvel, à Mauron, le démontre chaque saison, sur sa structure de 220 hectares, et ses ateliers lait (120 vaches) et volaille (6 000 pondeuses). Les quatre associés sont dans une logique d’agro-écologie performante. Ils font partie d’un groupe expérimental AEP (Agriculture écologiquement performante) soutenu par la Région Bretagne et sont sans cesse à la recherche d’évolutions et d’adaptations pour améliorer leurs pratiques. « Nous sommes souvent passés à côté des soutiens financiers », déplore Patrice Le Callonnec. « Nous n’avons pas eu d’aides à la conversion (la ferme d’origine est en bio depuis 1968). Les primes Pac, centrées sur les cultures, étaient dérisoires. Nous demandons simplement à ce que l’on ne nous oublie pas, à l’avenir ». Le Gaec bénéficie simplement des aides au maintien de l’agriculture biologique qui encourage les producteurs à conserver leur système.

Stockage de carbone

Les associés acceptent beaucoup de visites de groupe pour expliquer leur système et y consacrent du temps. Gratuitement, précise l’éleveur, qui souhaiterait la création d’un groupe de fermes de référence, rémunérées pour le service de conseil rendu. Il craint l’instauration d’un « crédit carbone », qui serait attribué aux agriculteurs qui s’engagent à améliorer le stock de matière organique dans leur sol. « En agriculture de conservation, en bio ou conventionnel, nous avons déjà un bon niveau dans nos terres. Comment serons-nous rémunérés si nous ne pouvons progresser ? Je crains, qu’encore une fois, les plus mauvais soient récompensés ».

Olivier Allain tente de le rassurer : « Les Maec permettent d’aider ceux qui sont déjà performants à poursuivre leurs efforts. Nous veillerons à ce qu’il en soit de même si le stockage du carbone devait être rémunéré ». Valentin Le Callonnec prend le relais de son père pour titiller les politiques. « La Région subventionne les petites stations de méthanisation. Cela incite les éleveurs à garder les vaches à l’étable ce qui semble contradictoire avec l’agro-écologie qu’elle encourage par ailleurs ». Le vice-président de la Région lui a rappelé que la Bretagne est la région française qui soutient le plus les efforts vers une agriculture durable avec 262 millions d’euros consacrés ces cinq dernières années (contre 180 millions prévus). Essentiellement via les mesures agroenvironnementales. 25 % des fermes bretonnes sont engagées.

Autonomie protéique

Le Gaec fait figure de pionnier au niveau cultural et n’est pas en reste au niveau de l’élevage. Le croisement trois voies est en cours, à base de normandes et de Holstein rouges. L’un de ses objectifs futurs est d’atteindre l’autonomie protéique pour se passer totalement de l’apport extérieur de soja. Actuellement 20 tonnes sont encore achetées chaque année pour équilibrer la ration hivernale, à base de maïs et d’ensilage d’herbe. La meilleure gestion du pâturage (tournant dynamique) a permis d’accroître la production laitière qui se situe autour de 7 500 litres par vache. Le Gaec produit quelques hectares de culture de vente comme l’orge brassicole et le blé panifiable.


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