Le bluff du bœuf

Les accords de libre-échange du Mercosur, signés le 28 juin entre l’Europe et Amérique du Sud, ont conduit les trois syndicats agricoles français à crier leur colère de concert. Rejoints dans ce mouvement d’exaspération par des organisations environnementales. Les premiers dénonçant une distorsion de concurrence ; les seconds un fourvoiement écologique. Peut-on leur donner tort ?

Quelques jours après l’annonce de cet accord commercial, les éleveurs laitiers français découvraient que
16 indicateurs bien-être animal allaient être contrôlés chez eux à partir du 1er janvier 2020. Quand on connaît les conditions d’élevage en Amérique du Sud et aux États-Unis, voire en Espagne, noter les pratiques bretonnes d’élevage, et donc les éleveurs, apparaît inique. D’abord parce que le moral des éleveurs n’est déjà pas au mieux et que ce « flicage » supplémentaire pourrait encourager un certain nombre d’éleveurs désabusés à jeter l’éponge. Ensuite, parce que la marge que peut espérer gagner l’éleveur sur le lait grâce aux normes bien-être n’est pas assurée. Elle risque désormais d’être perdue sur le produit viande compte tenu des latitudes commerciales accordées au Mercosur et au Canada.

De leur côté, les écologistes savent trop bien que les bonnes intentions en matière de climat inscrites dans ce type d’accord ne s’accompagnent d’aucun engagement contraignant. Fidèle à son habitude et pressée par les lobbies, la Commission européenne négocie d’abord des accords commerciaux et, ensuite, essaie de mettre quelques clauses sur le climat comme on décore un gâteau d’anniversaire. Sur cet aspect, les agriculteurs bretons sont aussi les grands perdants, car en matière de bilan carbone et d’environnement, ils sont loin d’être les plus mauvais.


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