La salle de traite est de retour

En s’installant, Romain Guégan, de l'EARL de Coatillou à Louragat (22), a revendu le robot et scié des murs pour installer à nouveau une salle de traite. Un projet à coût maîtrisé pour pâturer au maximum. « En m’installant, je voulais privilégier le système pâturant. À la fois pour des questions d’aspiration personnelle et de charge de travail », commence Romain Guégan. Au 1er octobre 2018, il a pourtant repris une ferme en traite robotisée à Louargat (22). Les cédants, Anne-Marie et André Brochen, sortaient leurs 70 vaches à l’herbe. « Mais avec une stalle automatisée saturée, les animaux étaient toutes les nuits en bâtiment. C’était incompatible avec mon désir de favoriser le pâturage au maximum. » Il a donc fallu remettre tout à plat. « Il faut se donner du temps pour réussir une bonne transmission, c’est tellement impactant. Pendant deux ans, nous avons préparé tous les détails de mon arrivée ensemble, en discutant. Le jour de mon installation, les grands travaux ont aussitôt pu démarrer. » À peine installé, déjà en chantier La création immédiate d’un boviduc a permis de monter la surface accessible à 50 ha (sur 80 ha de SAU) sans avoir besoin de traverser une route. Quant à la traite, le choix technique d’un retour à un équipement classique avait été pris bien en amont. « En retirant le robot, je ne voulais surtout pas regretter au bout d’un an. Je souhaitais donc une installation lumineuse et confortable, réfléchie pour une traite rapide, détaille Romain Guégan. Tout en intégrant une forte contrainte économique : que la reprise de l’ancien automate et la subvention de mon dossier PCAEA couvrent l’investissement de la nouvelle salle de traite… » Le robot d’occasion a été repris par le concessionnaire (« Je ne voulais pas prendre le risque de me retrouver avec un outil à forte valeur sur les bras parce que je n’arrivais pas à le vendre par petite annonce »). Par chance, la fosse de l’ancienne 2 x 5 en épi 30° avait été conservée en l’état. Cependant, l’idée du jeune producteur de lait était d’avoir le maximum de vaches sur les quais en même temps. « Je voulais éviter les temps morts entre les lots, limiter le nombre de fois à aller chercher des animaux dans le parc d’attente et que ça dépote quand je suis occupé à poser les faisceaux dans la fosse… Les conseilleurs ne sont pas les trayeurs : je ne suis pas du tout d’accord avec les gens qui disent que ce n’est pas grave qu’une traite dure 2 heures », explique-t-il. Pas question donc de repartir en 2 x 5. Des murs ouverts pour que passe la lumière Pour loger le maximum de postes de traite dans la même enceinte sans se lancer dans un gros chantier de maçonnerie et tout en évitant d’empiéter sur la largeur de la fosse, l’option du sciage des murs latéraux a été retenue. Romain Guégan avait déjà observé ce système dans le Finistère. Après l’intervention de l’entreprise spécialisée Sols et sciage de l’Ouest, de Cavan (22), une 2 x 8 épi 50° en traite par l’arrière a pu être placée. L’un des côtés a été ouvert sur l’étable, l’autre sur l’extérieur du bâtiment. Une structure en bois portant un grand pan de translucides a été aménagée. « Donnant au sud, cela laisse rentrer énormément de lumière et l’ambiance est très agréable pour traire. La surface d’ouverture est si large que l’étable a gagné en clarté alors que les translucides en toiture sont usés. » Adaptée pour un ou deux trayeurs « J’ai hésité entre un 2 x 10 simple-équipement et cette 2 x 8 double-équipement. J’ai opté pour la deuxième solution qui est adaptée à un seul trayeur mais dont la polyvalence peut permettre de gagner 15 minutes en opérant à deux à l’occasion. » Le matin, la traite des 70 vaches dure 1 h 20, lavage compris, avec une préparation complète de la mamelle (premiers jets, gobelet mousseur, lavette sèche…). Depuis deux mois, quand les vaches reviennent du pâturage et que les trayons sont parfaitement propres, le Costarmoricain teste la traite du soir sans préparation. « Je gagne 20 minutes… », confie-t-il. L’installation des équipements de traite, le sciage des murs, la pose de la charpente, des IPN et du mur de translucides… Au total, ce projet de réhabilitation du bloc traite a coûté environ 75 000 €. « Au final, je suis satisfait de l’opération. Pour faire baisser les coûts, comme en sciant les murs, il ne faut pas avoir peur d’avoir de l’imagination », termine Romain Guégan, tout sourire. Barrières de guidage dans le parc d’attente « On dit que la mise en route d’un robot est délicate. Mais à l’inverse, passer de l’automate à la salle de traite est également compliqué », rapporte Romain Guégan. Beaucoup de questions se sont posées au démarrage. Comment caler les animaux sur des quais sans lice avant pour les guider dans un espace où ils peuvent faire demi-tour ? « Au départ, les vaches ne comprenaient rien, elles étaient perdues. Cela a été sportif, avoue le jeune homme. Il fallait aller les chercher une par une, les bloquer sur le quai… Les deux premiers jours, quel combat, nous avons trait à trois accompagnés par le monteur. » C’est seulement au bout de 10 jours difficiles que l’éleveur a pu traire seul. Au bout d’un mois, elles étaient enfin toutes habituées. Au démarrage, pour guider les animaux plus facilement et pour ne pas les laisser privilégier un quai plutôt que l’autre (côté translucide ou côté étable), deux barrières ont été aménagées de part et d’autre du parc d’attente pour les canaliser. « Aujourd’hui, en fin de traite, si besoin, pour faciliter la montée du dernier lot ou pour montrer le chemin à une primipare, je peux en refermer une », précise Romain Guégan.

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